« Eh, je suis un film italien, tu verras : on y rit, on y pleure, ça parle fort, il y a même des cardinaux et des vielles décapotables (de la même couleur). »
L’affiche nous le murmure, la bande annonce le crie haut et fort, comme une mamma à son balcon.
Gabriele Muccino, après avoir gagné trois sous à Hollywood revient en Italie sur la pointe des pieds, vingt ans après son Ultimo Bacio. Et encore une fois c’est du temps dont il est question, du temps qui passe…
On est en 1982, à Rome. Giulio, Riccardo et Paolo (ça fait rêver, non ?) ont 16 ans et la vie devant eux. Ils sortent presque indemnes des années de plomb prêts à en découdre avec la vie, ses lots de bonheurs et de malheurs, d’amours, d’amitiés et de trahisons, de combats et de capitulations. Et tout cela s’entremêle, sinon à quoi bon, pendant quarante années et deux heures quinze à l’écran.
Alors certes ça a du mal à commencer, ça hurle, la BO est de la bonne vieille soupe italienne et alors ? C’était écrit sur l’affiche on a dit !
Muccino n’est pas Scola mais il sait tenir une caméra et derrière une apparente légèreté, tout en humilité, nous dévoile des scènes d’une tendresse infinie (clin d’œil à Fellini et sa Dolce Vita) et d’une immense émotion (l’escalier). Il nous confronte à nos contradictions d’Homme et nous pose quelques questions existentielles : Au panneau STOP de tes 50 piges, quand tu jetteras un coup d’œil dans le rétroviseur de ton SUV allemand gris boîte auto, RMC en fond sonore, Radio Classique si tu veux te donner un genre, et que tu y apercevras l’ado de 18 ans de la décapotable rouge cardinalice, lui qui préfère lâcher le volant plutôt que la cuisse de son amoureuse pour passer les vitesses, serait-il fier de toi ?
As-tu été fidèle, si ce n’est aux tiens, à tes idéaux et à toi-même ?
Quelles ont été tes plus belles années ? Le film y apporte une réponse : elles sont devant nous, toujours ! Alors on va voir ce film, on va en week-end à Rome, on traverse le ponte Sisto et on va trinquer « aux choses qui nous rendent heureux ».