Le film a fait partie de la Sélection Officielle de Cannes 2020.
La Mort du cinéma et de mon père aussi s’inspire directement de l’expérience de Dani Rosenberg. Adolescent, il tournait des courts-métrages dans lesquels jouait son père, qui était alors sans emploi et passait son temps à regarder des films en VHS. « En fait, notre seul moyen de communication à l’époque s’incarnait à tous les niveaux dans le cinéma. Quand on lui a découvert un cancer des poumons, j’ai écrit pour lui un scénario, un récit de voyage tragi-comique, où il luttait pour sauver notre famille d’une attaque imminente de missiles. » Rosenberg décide alors d’acheter une caméra professionnelle et de s’entourer d’une petite équipe de techniciens pour entreprendre le tournage de son film avec son père et d’autres membres de sa famille. Mais il est contraint d’arrêter au bout de deux jours car son père souffre trop. Il décédera quelques mois plus tard. « Quelques mois après sa mort, j’ai commencé à chercher un acteur pour le remplacer afin de continuer le film sans lui, mais cependant pour lui, en gardant ainsi vivant sur la pellicule. »
Si La Mort du cinéma et de mon père aussi repose sur de réels événements, Dani Rosenberg y a injecté des événements imaginaires « auxquels j’aurai voulu assister – et, notamment, à partir de situations imaginées telles que j’aurais voulu qu’elles se produisent dans la réalité, des moments de catharsis surtout, situations impossibles dans la vie à cause du caractère de mon père. Et peut-être en effet, ce genre de catharsis est-il uniquement possible sur un écran du cinéma. »
Le film mêle des images disparates issues de la fiction et du documentaire, notamment des extraits des courts-métrages réalisés par Dani Rosenberg à l’adolescence et même des images de sa cérémonie de mariage. Après avoir essayé, en vain, de travailler ces images de manière très logique et structurée, le réalisateur et la monteuse Nili Feller ont élaboré le montage « à partir d’enchaînement rythmiques et musicaux, une approche plus intuitive donc qui favorisait aussi un rapprochement plus émotionnel et sensuel entre les plans. D’une façon systématique, nous avons essayé de nouvelles combinaisons et travaillé comme des jongleurs qui s’efforcent de garder leurs balles suspendues en l’air. »
La Mort du cinéma et de mon père aussi s’ouvre sur une scène documentaire où le réalisateur se confronte à son père, qui lui demande d’arrêter de filmer. Dani Rosenberg revient sur ce choix : « C’était une décision très difficile. J’avoue que j’ai toujours beaucoup de mal avec cette scène, mais elle représente à la fois mon engagement vis-à-vis du spectateur et la « dette » que mon père évoque plus loin dans le film, la dette que j’avais contractée malgré tout à son égard. [...] j’ai considéré, moi, que j’avais une dette envers lui : la nécessité de lui prouver que les images tournées de lui avaient de la valeur et qu’elles n’allaient pas disparaître de la carte-mémoire de la caméra digitale, pas plus que, lui, n’allait disparaître de ma mémoire, ni de celle de notre famille, ni de celle du public – que tout cela avait un sens depuis le départ ».