A l'origine de Flee, il y a une histoire d'amitié, celle qui lie depuis longtemps le réalisateur danois Jonas Poher Rasmussen à un homme d'origine afghane qui n'avait jamais raconté son véritable passé. Si Flee est un documentaire, sous la forme d'un film d'animation, sa complexité et sa non linéarité ne nuisent pas à sa force, bien au contraire, dans le sens où il ne s'agit pas seulement de l'histoire d'un réfugié, de l'Afghanistan de la fin des années 80 au Danemark, en passant par la Russie qui avait tout juste cessé d'être soviétique. Flee parle surtout du besoin de trouver sa place dans le monde, un endroit où on peut enfin être soi-même, c'est à dire aussi, dans le cas d'Amin, son héros, de pouvoir assumer son homosexualité. Une épopée humaine donc, familiale également, qui ne cède jamais au mélodrame, Rasmussen mettant l'accent, au gré du récit, sur l'aventure intérieure d'Amin, autant que sur les péripéties et les embûches de son périple vers la liberté. Où l'on comprend que cette histoire personnelle a toujours été comme un fardeau et qu'elle a amené son protagoniste à mentir, une grande partie de sa vie, pour assurer sa sécurité et celle des siens. Flee n'est pas un film banal dans sa structure (quelques images d'époque complètent l'animation) et dans son propos, ne pouvant que toucher par ce portrait d'un déraciné, qui fait écho à tous les exodes d'aujourd'hui, de femmes, d'hommes et d'enfants, n'ayant que leur volonté pour viatique, dans l'espoir d'une vie digne et sans danger à leur porte.