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    Limbo
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Limbo" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Pour Ben Sharrock, l’idée de raconter une histoire qui montre la complexité du quotidien de réfugiés en tant qu’individus ne date pas d’hier. Le scénariste-réalisateur écossais confie : "Après avoir étudié l’arabe et les sciences politiques en premier cycle à l’Université d’Édimbourg, j’ai passé un an en Syrie."

    "C’était en 2009, juste avant que tout ne dérape. Puis, alors que je faisais une école de cinéma en 2013, j’ai tourné un court-métrage dans les camps de réfugiés du sud algérien. J’ai vécu dans les camps en travaillant pour une ONG, et c’est là que j’ai été fasciné par l’impact du statut de réfugié sur l’identité d’une personne."

    "On se rendait dans les écoles des camps et on demandait aux enfants déplacés de se dessiner eux-mêmes. Les dessins produits ne reflétaient aucunement le fait qu’ils étaient réfugiés."

    "Il était difficile d’aborder un sujet aussi complexe et aux facettes si multiples, car on craint toujours de ne pas lui rendre justice. En réalité, il est impossible d’exprimer tout ce qu’il y a à dire et d’explorer l’ampleur de la « crise migratoire ».

    "C’est pourquoi je ne souhaitais pas faire un film sur la « crise migratoire », mais plutôt sur l’identité d’un jeune homme et la difficulté de ce dernier à en faire le deuil. C’est un sujet universel : chacun d’entre nous, à un moment de sa vie, perd des éléments de son identité, et ce quel que soit l’endroit d’où l’on vient."

    Angle intéressant

    Ben Sharrock voulait raconter une histoire dont le sujet serait le quotidien d’un réfugié, sans pour autant faire une croix sur son mon style cinématographique. On retrouve donc, dans Limbo, des éléments absurdes qui viennent contrecarrer la représentation habituelle des réfugiés des médias et films dramatiques. Le metteur en scène explique :

    "Je pensais à mes amis en Syrie, à tout ce que nous avons en commun. Quand je vivais là-bas, je jouais dans l’équipe de rugby de Damas. On rencontrait des équipes du Liban et, après les matchs, on sortait boire et discuter dans les bars. Ici, on se retrouve coincés entre les médias de gauche qui s’apitoient sur le sort des réfugiés, et les médias de droite qui jouent sur la peur en les diabolisant."

    "Je souhaitais raconter l’histoire d’une personne qui n’avait pas fait le choix délibéré de devenir un réfugié, dont la personnalité ne se résumait pas à son statut de réfugié. Je voulais également montrer à quel point l’étiquette de 'réfugié' peut être destructrice de l’identité individuelle."

    Un réfugié masculin

    Ben Sharrock explique pourquoi il a décidé de focaliser Limbo sur un réfugié masculin : "C’est ‘l’homme seul réfugié’ qui se trouve le plus largement diabolisé et pointé du doigt par les médias de droite, comme le plus grand danger envers la société."

    "Mon mémoire universitaire traitait de la représentation du musulman dans le cinéma et la télévision américains. La notion de la menace du réfugié solitaire, quelqu’un qui incarne ‘l’autre’, est omniprésente dans notre société. Il semble malheureusement qu’il y ait actuellement une résurgence de la haine raciale, nourrie par des personnes comme Trump et les éléments les plus sensationnalistes du Brexit."

    Qui pour le rôle principal ?

    Amir El-Masry, une star montante britannico-égyptienne, interprète le rôle principal d’un jeune demandeur d’asile syrien prénommé Omar. L'acteur se rappelle : "C’est mon agent, Ollie, qui m’a transmis le scénario. Pour être honnête, quand j’ai lu le résumé, j’ai tout de suite imaginé un énième film de ‘réfugié’ qui raconte une sempiternelle histoire désespérée."

    "Mais quand j’ai lu Limbo... Sincèrement, je n’avais jamais pleuré et ri en lisant un scénario auparavant. On ne m’avait jamais raconté la crise migratoire de cette manière : chaleureuse, drôle et accessible à tous. Limbo rend la crise des réfugiés plus proche de nous et humanise les personnages."

    Apprendre une langue

    Le tournage de Limbo présentait une difficulté particulière pour Amir El-Masry, comme il le confie : "Ben tenait absolument à ce que j’apprenne à jouer du oud. Je n’en avais jamais tenu un de toute ma vie, mais j’étais prêt à apprendre. J’ai pris des cours pendant plusieurs mois, mais tout joueur de oud qui se respecte vous dira qu’il faut 7 ans pour maîtriser l’instrument. J’ai eu deux professeurs fabuleux qui m’ont sauvé la mise, et je me suis entraîné tous les jours."

    Côté casting

    Les autres demandeurs d’asile de l’île de Limbo sont Wasef et Abedi (interprétés par les jeunes acteurs londoniens Ola Orebiyi et Kwabena Ansah) et l’Afghan Farhad (joué par Vikash Bhai). Ben Sharrock indique :

    "Vikash a passé du temps au sein de la Afghan Society de Londres et pris des cours de dari afin de s’imprégner de la culture afghane. Les acteurs doivent trouver un certain équilibre de jeu. Le public doit comprendre ce que les personnages ont vécu en tant que réfugiés, mais aussi les considérer comme des personnes à part entière. On doit comprendre qui ils sont au-delà de leur statut de réfugié. Un réfugié, c’est avant tout une personne."

    Cannes 2020

    Limbo a fait partie de la Sélection Officielle au Festival de Cannes 2020.

    Direction les îles Uists !

    Même si l’île où Omar débarque dans Limbo n’est jamais nommée, Ben Sharrock a tourné le film dans les îles Uists, du 15 octobre au 18 novembre 2018. La production a établi ses quartiers dans le centre culturel de Lochmaddy, sur l’île nord. Le réalisateur se rappelle :

    "Dans mon idée de scénario, l’histoire devait se dérouler sur une île écossaise reculée. Je suis originaire d’Édimbourg, autrement dit un vrai citadin. J’avais en tête une île écossaise loin de tout, qui ne ressemblerait pas à une carte postale, comme Skye, par exemple."

    "Il fallait que je m’y rende pour écrire le scénario, en ressentant ce que mes personnages pourraient ressentir au quotidien dans cet environnement. En regardant une carte, j’ai opté pour les îles Uists, que je ne connaissais pas du tout."

    "Les images de Google Street View montraient des paysages différents des autres îles. Les Uists étaient plus rugueuses, moins pittoresques. J’ai loué une maison de vacances sur l’île sud, sans internet ni réseau de téléphone et avec une vue grandiose."

    "J’écrivais le matin et je consacrais mes après- midis à la recherche de lieux pour le tournage, soit en voiture, soit à pied en pleine nature. Les Uists sont un chapelet d’îles basses des Hébrides extérieures. Elles se trouvent à plus de 40 km au large des côtes de l’Écosse et abritent une population de 5000 habitants."

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