Le film est adapté du roman Tom petit Tom tout petit homme Tom de Barbara Constantine. Rhamsa Productions venait d’en acquérir les droits et la productrice Maya Hariri était à la recherche d’un(e) réalisateur(trice). Elle a alors pensé à Fabienne Berthaud après avoir vu Pieds nus sur les limaces. Cette dernière se rappelle :
"Le roman de Barbara a résonné en moi. Raconter une histoire par le prisme de l’enfance est un désir que j’ai depuis longtemps. Le monde de l’enfance est un trésor oublié dont je veux sans cesse me souvenir. C’est un monde de sensations, sans a priori, sans jugement, sans conditionnement. Il est libre."
"Intuitif et plein de mystère. On se raconte des histoires quand on est enfant. Notre imagination n’est pas encore bridée. Et la relation mère/fils est un thème qui m’est cher et qui m’a longtemps hanté, possédé... Dans Mal partout, mon deuxième roman, la voix du livre était celle d’un petit garçon de l’âge de Tom."
Fabienne Berthaud a imaginé le film comme un conte moderne dont Tom est le fil rouge. Ce petit garçon fait face à de nombreux problèmes, il est souvent seul mais son monde est enchanté. Tom trouve réconfort dans la nature qui le couve et le protège, entouré d’animaux :
"Mais aussi dans le grand château de Madeleine, décor que j ai trouvé pendant les repérages qui nourrit la partie conte. J'ai été fasciné par le lieu en le visitant, il était dans son jus, d'un autre temps, remplit de mystère", confie la réalisatrice, en poursuivant :
"La rencontre de Tom avec Madeleine sera déterminante. Des sujets parfois âpres comme la précarité, les familles décomposées, la solitude, la vieillesse et la mort sont abordés... Mais les protagonistes sont courageux et ne renoncent jamais. Cette jeunesse splendide, fougueuse et digne fait du bien."
"C’est effectivement une chronique sociale de personnages que la vie n’a pas épargnés sans misérabilisme. Tout n'est pas gangrené dans la vie et même les situations les plus dures peuvent révéler des torrents de bonté et de beauté d'âme. Le danger se révèle au final salvateur."
La nature joue un rôle important dans tous les films de Fabienne Berthaud. Elle explique : "Notre petit héros est un chasseur cueilleur du 21ème siècle. Je me suis souvent demandé quel genre d’homme il sera plus tard. Quel métier l’occupera. Je l’ai imaginé garde forestier, il protégera celle qui l’a protégé."
"Peut-être est-ce un futur activiste écologiste. Mais certainement pas un banquier ni un industriel. La nature apaise l’enfant, l’indicible pouvoir des éléments sur un état de vie...Pour moi le bonheur n’existe pas sans la nature. C’est à la campagne que je me ressource, que je me rééquilibre, que je puise la force."
"Tom fait de même. Il va à la rivière et s’allonge dans sa barque, pour s’apaiser, il regarde passer les écrevisses pour éclaircir ses pensées ou va s’asseoir sous un gros chêne pour écouter ses conseils."
Fabienne Berthaud a tourné entre les deux confinements. Une chance dans la mesure où Tom était, selon la cinéaste, le film "idéal" ou "possible" à tourner en temps de Covid. "Il m’a évité l’isolement et l’enfermement. Il m’a permis de continuer à faire du cinéma, de sortir ma tête hors de l’eau. Je le surnomme mon film sauveur."
"Il a entièrement été tourné dans la Baie de Somme dans des décors naturels. Il demandait peu ou pas de figuration. Avec l’équipe nous étions dans une bulle. Nous restions en circuit fermé afin d’éviter le virus. On n’allait pas voir nos familles. C‘était très étrange."
"Nous étions logés à Berck, au bord de la mer dans une Résidence pour touristes complètement vide. Il y avait quelque chose de surréaliste. Nous avions conscience qu’il fallait redoubler de précaution étant donné le grand âge de Claudine Acs qui interprète Madeleine. Tous les jours il y avait le risque que le film s’arrête."
Avec Tom, Fabienne Berthaud collabore pour la quatrième fois avec la directrice de la photographie Nathalie Durand : "Nous avons tourné à deux caméras comme nous le faisons toujours. Sur le plateau nous n’avons plus besoin de nous parler pour savoir où l’une se place par rapport à l’autre. Elle est ma sœur de caméra. Sur sa proposition nous avons tourné le film en scope. Le scope apporte une immersion forte dans le monde de Tom. Il aide à la révélation de son merveilleux. Il rend les décors amples et profonds, permet d’être davantage avec les éléments."
Tanguy Mercier a été le quatrième enfant que Fabienne Berthaud a rencontré avant d’arrêter le casting du film. La réalisatrice se rappelle : "C’est son regard qui m’a accroché. Sa peau pâle et ses yeux si bleus. Quand il est rentré dans la pièce je me suis tout de suite dit : C’est lui. C’était une évidence. J’avais envie de le filmer, de l’avoir dans l’œil de ma caméra. Il avait 10 ans, l’air sérieux et le caractère timide."
"Il a fait des essais avec Nadia, il parlait juste, il était sur l’instant, dans le non jeu, à l’écoute. Il m’a étonné par sa maturité. Cette compréhension qu’il avait de son rôle. Je les ai regardés tous les deux, Nadia et lui et j’y croyais. C’est toujours très émouvant de trouver la chair du film que l’on porte."