On y est, à ce moment où l’Allemagne ose non seulement regarder son passé en face mais tente aussi de l’exorciser en le transformant en objet pop. C’est au cinéma de Tarantino que ‘Blood & gold’ s’efforce de ressembler même si on est très loin de la qualité d’un ‘Inglorious bastards’. Plus simple, moins méta, ‘Blood & gold’ déplace simplement les archétypes du western, par exemple le butin à déterrer, la jeune fermière intrépide, les villageois cupides sans oublier les bandits, dans l’Allemagne dévastée du printemps 1945. Dans un village isolé, un déserteur et une jeune femme cherchent de l’or juif planqué dans un villaget, tout en assouvissant une vengeance vis-à-vis des SS qui sont aussi sur la piste du magot. Musiques morricconiennes, volonté d’iconisation de certaines scènes, bastonnades bien méchantes et humour noir, ‘Blood & gold’ ne manque pas d’atouts mais, peut-être en raison du choix du contexte, peut-être parce que les Allemands sont malgré tout toujours un peu psychorigides, peut-être parce que Netflix tout simplement, il n’ose jamais vraiment transgresser les limites, dépasser les bornes, pulvériser les conventions (alors qu’il y avait clairement moyen). Il s’agit donc, encore une fois, d’un produit relativement divertissant, faiblement scénarisé mais sans défauts majeurs, qui n’a comme seule faiblesse que d’avoir peur de faire la moindre vague. On n’aura pas besoin de se forcer pour le regarder jusqu’au bout (il est quand même plus réussi que, dans le même genre, le piteux ‘Braquer Mussolini’)...mais il s’agit malgré tout de quelque chose qu’on est tenté de considérer comme du “contenu”’, c’est à dire la version fast-food d’un film de cinéma…