« Soprano ou alto ? » Telle est la question. Mais… est-ce si important ? De toute façon, Deloris Van Cartier a elle-même répondu « ça m’est égal » (rires !). Deloris Van Cartier : un rôle taillé sur mesure pour l’infatigable Whoopi Goldberg pour un film IN-DE-MO-DA-BLE !!! "Sister act" est une comédie qui a fait swinguer et rire une génération entière, voire deux. Et ce n’est pas fini. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, saviez-vous que ce film s’est vaguement inspiré de Dolorès Hart ? Vous savez, c’est cette fille, la première qu’Elvis lui-même a embrassé au grand écran. C’était en 1957, lors de "Elvis Presley : loving you". Cependant l’histoire n’est pas la même. Dolorès Hart a choisi d’arrêter sa carrière au cinéma pour devenir religieuse par pure conviction. Ici tout est très différent. Cependant quand on connait l’origine de ce film, il n’est pas étonnant de découvrir cette allusion à Elvis lors de la scène d’ouverture quand on découvre la future héroïne encore petite fille à l’école. Certes le scénario est maigre. D’accord le scénario tourne autour des facéties de cette chanteuse de cabaret. J’admets en prime que ce film est peu probable en bien des points. C’est vrai qu’un peu plus de crédibilité aurait été bienvenu. Mais que voulez-vous ? "Sister act" fait partie de ces films typiques des années 90, pour la plupart tournés ostensiblement vers le divertissement et rien que le divertissement. Et pourtant on ne s’en lasse pas tellement il est bon comme du bon pain. Et si on prend toujours autant de plaisir à regarder ce long métrage, c’est parce qu’il y a chez tous les acteurs, en fait principalement les actrices, un plaisir évident de jouer. En plus, ce plaisir est des plus communicatifs. Mais même si on revoit ce film pour la énième fois, on remarquera l’excellence de l’expression scénique et tous ses menus petits détails comme les changements d’expression. Chez Whoopi Goldberg bien sûr, mais aussi chez Kathy Najimy en sœur Mary-Patrick, Wendy Makkena en Mary-Robert, ainsi que chez Maggie Smith en Mère Supérieure, sans oublier quelques autres. A vrai dire, le plus simple serait de dire qu’elles s’en donnent à cœur joie. Il faut dire que l’idée est séduisante. Mettre à l’abri dans un couvent une chanteuse de cabaret un peu bling-bling dans une procédure de protection des témoins suite à une affaire de meurtre a de quoi séduire par le contraste. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le contraste est saisissant, au grand dam de la Mère Supérieure. Le ton est donné par la scène entre Deloris et le flic (Bill Nunn) aux portes du couvent, ponctuée par la rencontre de choc entre la malheureuse dont la tête est mise à prix et… la Mère Supérieure qui, tout au long du film, passe par tous les états possibles et imaginables. Ce qui est remarquable, c’est le grand nombre de répliques importantes. Du genre « vous ne devez en aucun cas attirer l’attention sur vous ». Euhhh quand on voit le personnage, c’est pas gagné ! Il y a aussi « elle va mettre le couvent sens dessus dessous ». Mon Dieu… si la Mère Supérieure savait… nous on s’en doute, à voir l’énergumène. Une troisième pour terminer ? Allez soyons fous : « ce n’est pas en chantant des psaumes qu’on devient une vedette ». Mouahaha ! Rien n’est moins sûr quand on sait plus ou moins chanter et qu’on se voit intégré de force dans une chorale désastreuse. Et puis c’est oublier l’avènement d’Enigma groupe qui s’est rendu célèbre avec ses chants de type grégorien revisité. Et en effet, Deloris Van Cartier va devenir Sœur Mary-Clarence, avant de devenir la nonne la plus funky de tout le territoire américain, au point de faire déplacer Sa Sainteté en personne et de réléguer la Mère Supérieure à l’état de relique ! Vous l’avez compris, "Sister act" est un festival Whoopi Goldberg. Munie de sa démarche unique au monde, cette démarche fermement décidée devant lequel il vaut mieux s’écarter de son chemin si on ne veut pas se faire envoyer valser, elle emmène tout le monde dans son sillage vers une joie et bonne humeur de tous les instants, au point de faire ressentir au spectateur la bonne ambiance qui devait régner sur le plateau. Perso, je ne m’en lasse pas. Le divertissement est selon moi plus que réussi, et je pardonne volontiers ce manque de crédibilité. Et tant pis si Harvey Keitel fait un peu cliché en gros bonnet de la mafia, mais au moins il nous amène des hommes de main désopilants à leur manière. Si à l’époque on m’avait annoncé une suite, j’aurai signé de suite. Ma prière a été exaucée… deux ans plus tard. Amen.