Francis Veber clôt ici sa trilogie Depardieu-Pierre Richard par une comédie conçue selon les mêmes principes que les deux premières aventures de Perrin-Pignon et Campana-Lucas.
Si "Les fugitifs" ne sont pas une suite des "Compères", pas plus que "Les compères" n'étaient une suite de "La chèvre", puisque les personnges de Richard et de Depardieu font connaissance au début de chaque histoire, le film perpétue le modèle d'un duo disparate. Les caractères sont pour l'essentiel les mêmes, c'est-à-dire, d'une part, un hyper-sensible, d'autre part, une brute épaisse dont la carapace se lézarde insensiblement. Et si Veber, lors des deux premiers épisodes, n'a jamais privé les personnages d'une attachante, bien que superficielle, humanité, ses fugitifs témoignent ici de caractères plus affinés et rigoureux, voire plus sérieux.
Car, sans porter jusqu'au drame, loin de là, l'intrigue se ressent nécessairement de la détresse du personnage de Pierre Richard, prêt à tout pour préserver de l'Assistance Publique sa petite fille, laquelle, par son adorable fragilité, introduit une poignante dimension affective à laquelle même le repris de justice Lucas n'est pas insensible. Toutefois, les maladresses de Pignon et les bougonneries de Lucas entretiennent l'esprit de la comédie.