Troisième film de Clint Eastwood. Il vient juste après « L’homme des hautes plaines » que j’ai a-do-ré. Après un thriller de bonne facture, un western revenge hautement maîtrisé, l’acteur-réalisateur nous pond une douce romance avec un monstre hollywoodien : William Holden. Celui-ci interprète un architecte, la cinquantaine élégante, préférant la solitude ponctuée d’aventures féminines sans lendemain. Seulement, une jeune fille débarque chez lui, une hippie loquace, souriante, débrouillarde, ayant toujours le dernier mot et avec l’art de désamorcer une éventuelle mauvaise humeur, interprétée par une actrice qui m’est complètement inconnue Kay Lenz, adorable minois. Un film dans lequel elle se déshabille « volontiers », presque trop diront certains. En regardant sa filmographie, j’ose espérer que cette nudité audacieuse n’a pas joué contre elle pour la suite de sa carrière comme ce fut le cas pour un certain nombre d’actrices. En tout cas, le couple fonctionne bien et le film également. Clint Eastwood pose évidemment les questions liées à la différence d’âge. Mais ce qui est plus ou moins original, l’architecte Frank n’est pas un prédateur de jeunes filles. Ça lui est tombé dessus. On ne parle pas de démon de midi. Ce n’est pas le thème du film. La notion de culpabilité ou la notion du malaise et des regards extérieurs est discrètement évoqué. L’ami de Frank parle même de pédophilie. Ce qui questionne Frank. Nous sommes dans les années 70, il ne faut pas l’oublier. On ne se formalisait pas comme aujourd’hui. On n’employait pas de grands mots effrayants synonymes de honte, de prison. Je prends 3 exemples : « Les proies », le personnage de Clint Eastwood dépose un baiser sur la bouche d’une fillette ; Serge Lama évoque dans sa chanson « Chez moi » un homme d’un âge mûr qui invite une jeune fille à laisser tomber ses cahiers car la vraie vie s’apprend «au dehors» et Bertrand Blier nous pond un film surprenant avec « Beau père » , fin des années 70 où une jeune fille de 14 ans est attirée par son beau-père (Patrick Dewaere). « Breezy » peut être considéré comme un film décomplexé, sans qu’il génère de mauvaises pensées. Puis Clint Eastwood ne s’encombre pas de scrupules et les balaie avec une réflexion qui pourrait être jugée pour d’aucuns trop facile : vivre intensément le peu qui nous est donné à vivre. Aimer ne doit pas être négligé. Peu importe le temps que cela durera. Parfois, « le peu » devient un souvenir magnifiquement inoubliable. Cette romance mineure préfigurera une autre bien plus intense et dont le thème d'un amour inoubliable sera abordé avec « Sur la route de Madison ». Clint Eastwood sait conter une histoire simple que d’aucuns pourraient qualifier de film mineur dans sa filmographie. Sans doute. En tout cas, je ne me suis pas ennuyé, j’ai découvert le film comme un curieux cinéphile, ravi de compléter le parcours du réalisateur dont je crois avoir vu tous ses films à présent à l’exception de « La Mule ». Eh oui, là où je réside en Province, « La mule » n’est pas en V.O, il me faut patienter. Pour la petite histoire, le phénomène hippie vu par Clint Eastwood est nettement plus sympathique que celle proposée par Tarantino dans son dernier film « Once Upon A Time… in Hollywood ». Mais ça c’est une autre critique…