L'histoire d'un vieux plein d'oseille qui tombe amoureux d'une hippie.
Ce genre de résumé a le mérite d'être clair sur la grande originalité du scénario !
Mais ce serait méchant de réduire ce film d'Eastwood à la caricature du démon de minuit. Surtout qu'à cette époque, il était plutôt jeune.
Le ressenti est plus mitigé, tout est très sympathique, on y voit une certaine amérique à la fois immonde, machiste, sexiste et avide de fric, paumée, droguée et complètement à la masse, loin de l'idéal écologique d'aujourd'hui ou politique du socialisme radical.
Et c'est au milieu de ces personnes à la fois peu agréables et très superficielles que l'on suit le cheminement de deux laissés pour compte, à leur manière. Qui vont évidement se trouver, même si, face à la « normalité » ambiante, ils auront quelques problèmes à résoudre, avant tout avec eux-mêmes.
Ce qui fait la beauté du film, c'est le personnage de Kay Lenz, Clint lui a écrit des répliques d'un angélisme poétique, d'une tournure d'esprit ciselée au fer de la liberté de vivre et de penser. Il n'y a pas de poncifs, ce petit bout de fille est simplement original, pur, agréable à vivre, loin des habituels travers donnés aux marginaux.
Holden lui, est parfait, dans le rôle du vieux beau passant son temps à éviter les attachements de toutes sortes, jusqu'au moment où il se rend compte que sa vanité et son orgueil lui coûte cher. Au moins psychologiquement. Heureusement, le goût du plaisir de la vie n'a pas disparu avec le désenchantement de l'agent immobilier de luxe. Et il va le redécouvrir avec Breezy. Voilà pour les fleurs bleues, une petite histoire d'amour sans grosses épines.
Le scénario tient en deux lignes, l'action en une, la photo est du niveau normal de l'époque, seul les lieux sont Californiens en diable, et les voitures de 1970 sont extraordinaires. Dépaysement garanti, le film est tourné juste avant le choc pétrolier de 1973, les américains ne savent pas encore que l'American Way of Life va prendre du plomb dans l'aile à cause de l'entente des trusts pétroliers avec les Saoudiens pour faire monter les prix. Bref, de l'oisiveté choisie, on passera bientôt au SMIC subi.
Le problème, c'est que si ce film était un peu sulfureux en 1970, surtout pour Clint qui n'a jamais été un hippie, aujourd'hui il ne fait que sourire devant si peu de folie.
Il reste un beau personnage de lolita qui heureusement est mille fois plus intelligente. Le charme d'Holden opére ainsi de plus belle. Le côté comédie gentille est aussi intéressant. Un long métrage pour meubler, mais des choses plus prenantes ont été filmées depuis.