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    Paula
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Paula" et de son tournage !

    Une réalisatrice issue des sciences-sociales

    Après des études de philosophie et d’ethnologie, Angela Ottobah réalise au Mozambique son premier court métrage. Elle tourne ensuite un documentaire, un moyen métrage et deux courts métrages avant de se consacrer à Paula, son premier long métrage, pour lequel elle reçoit le prix Beaumarchais et le Prix Spécial du prix des scénarios : "Disons qu’il m’a fallu du temps pour m’autoriser la fiction."

    "J’ai fait des études de philosophie et d’ethnologie. Ce parcours m’a amenée vers une observation précise de la réalité. Mes parents sont enseignants et chercheur, ils m’ont transmis un rapport au réel assez rigoureux, mais qui n’est pas en soi l’endroit de ma liberté ni de mon expression. Je dirai que mes études ont été une préparation pour rencontrer le monde", explique-t-elle, en poursuivant :

    "La fiction, je l’ai longtemps pratiquée cachée, dans la marge. Dès l’enfance, j’avais des cahiers d’histoires et de poèmes où je mêlais textes et images. Pour moi la fiction ça a été une façon presque plus intime de parler de l’intime, en le détournant. Ça permet des focus, comme lorsqu’on travaille l’étalonnage : le réel est gris, on va accentuer les contrastes, faire ressortir une couleur, en atténuer une autre..."

    Le choix Aline Helan-Boudon

    Le casting a été long. Angela Ottobah a rencontré au moins une centaine de petites filles. La cinéaste se rappelle pourquoi elle a choisi Aline Helan-Boudon dans la peau du rôle-titre : "On nous élève en nous demandant d’être mignonnes, et beaucoup de celles qui veulent faire du cinéma reproduisent ce rapport de séduction devant la caméra. Ce qui m’a plu chez Aline c’est sa méconnaissance de cette logique."

    "Pour créer une proximité avec Finnegan, je leur ai demandé de prendre des cours de cirque pendant deux mois ensemble, au bois de Vincennes. Ils apprenaient des tours, il la portait... Je n’ai pas fait trop de répétitions, il fallait limiter cette complicité mais elle s’est presque cassée d’elle-même quand Aline a vu Finnegan maquillé ! On a fait des essais en fonction de l’évolution de son état, on l’a blanchi, cerné..."

    "Aline est aussi tombé sur un extrait du scénario avec des didascalies qui le décrivaient comme menaçant. Elle a projeté tout ça et s’est mise à distance, presque trop ! Ça a beaucoup servi le film, même si c’était dur pour lui."

    Un prédateur séduisant

    Jeune acteur chevronné, Finnegan Oldfield apporte une juvénilité inattendue à son personnage. Il était en effet très important pour Angela Ottobah qu'il apparaîsse de manière sympathique (au début). Elle précise : "Qu’il soit beau aussi, pas dans le cliché du 'vieux pédophile' : c’est tellement important de rappeler qu’il y a parmi les prédateurs des hommes beaux et séduisants..."

    "Finnegan avait une simplicité, une sympathie que je trouvais intéressante à casser et sur laquelle nous avons basé le travail : partir de ce qu’il dégage naturellement pour le défaire, le salir, faire saillir une toxicité."

    Des images et des tableaux

    Chaque projet de Angela Ottobah commence avec des images, à la manière de tableaux dans lesquels elle déploie des personnages. Très tôt, elle a vu la maison, la forêt et l’appartement : "Les visions sont si nettes dans mon esprit que je ne suis jamais inquiète de les fabriquer. Je trouve toujours une façon de plier le réel pour que l’image y entre. C’est aussi pour cela que le film ne s’ancre jamais dans un lieu précis : il vient d’un territoire imaginaire, des contes."

    "La maison est un piège comme celle de Hansel et Gretel (les personnages l’appellent d’ailleurs la “mai- son Kinder”). Le Joueur de flûte de Hamelin, avec cette idée de charmer jusqu’à la mort, était aussi une de mes références d’écriture. Ces marqueurs imaginaires donnent au récit la forme de souvenirs reconstitués : quand un enfant se souvient d’un lieu, les proportions, les couleurs ne sont pas les mêmes, la temporalité non plus", raconte la réalisatrice, en poursuivant :

    "On ne sait pas combien de temps ils restent dans cette maison, quelques semaines, six mois ? Dans la réalité, nous avons tourné sur quatre semaines en Corrèze mais dans différentes forêts, des feuillues très vertes, des forêts de sapins très sèches et sans sous-bois, pour suggérer l’hiver, un mouvement vers le glacé, l’épure."

    Evolution d'atmosphère

    Avec Josefina Rodriguez, la monteuse son, Angela Ottobah a cherché à suggérer au mieux la présence des insectes et des oiseaux. Puis, elles ont vidé la forêt de ses animaux : "Quant à la maison, on l’a rendue complètement hermétique au bruit - complètement isolée. On lui a attribué une fréquence, comme celle d’un appareil électrique, un néon par exemple, qui ne fait qu’augmenter. Ce n’est pas forcément clairement perçu mais ça crée une gêne, d’autant qu’on n’entend aucun bruit extérieur. Le père ferme la porte et les voilà dans une chambre froide."

    Couleurs froides

    Angela Ottobah et la directrice de la photographie Lucie Baudinaud ont opté pour des couleurs froides : "Au cours du film, on passe du vert au bleu en enlevant le jaune progressivement. Je voulais quelque chose d’un peu phosphorescent au début, l’idée d’une nature luxuriante. Toutes mes références de forêt étaient des images de jungles amazoniennes. On est allé chercher cet effet dans les couleurs et au cadre. Pendant les repérages, un des producteurs a remarqué que je ne cadrais jamais le ciel. J’ai gardé ça : c’était inconscient mais ça faisait sens", confie la cinéaste.

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