On est fait pour s’entendre : les secrets du tournage

On est fait pour s'entendre est le troisième long métrage réalisé par Pascal Elbé après le drame se déroulant en banlieue Tête de turc (2010) et le polar/thriller Je compte sur vous (2015). Ce projet est né de son envie de faire une comédie romantique, mais aussi de parler d'un handicap qu'il a réellement connu : un début de surdité. Le metteur en scène explique :

"Ce sont mes enfants qui m’ont dit qu’il était sous mon nez : la malentendance, ma malentendance. Je n’avais jamais pensé qu’un élément de ma vie pourrait un jour donner un film. J’ai été d’abord hésitant. C’est la lecture du livre de David Lodge – La vie en sourdine – qui a fini par me convaincre que cela avait du sens : j’étais impressionné de voir comment Lodge avait réussi à bien faire comprendre ce que l’on peut ressentir quand on est malentendant."

Pascal Elbé a cherché à écrire une histoire qui ne soit pas un état des lieux clinique de la vie d’un malentendant. Il précise : "Là est la force de La vie en sourdine : c’est un roman qui rend compte de cette situation que je connais bien, mais qui parvient, à partir d’elle, à construire un récit universel. Mon histoire a pris la tournure d’une comédie romantique. Quoique... "Romantique", je ne sais pas trop ce que ça veut dire à nos âges. C’est l’histoire d’une rencontre. Mon film est une comédie de rencontres..."

La plupart des personnages principaux sont marqués par un manque. Sandrine Kiberlain est veuve, la petite fille a perdu son père (et s'enferme dans le mutisme), la mère souffre de la maladie d’Alzheimer et la sœur ressasse le fait qu’elle soit célibataire. Pascal Elbé raconte : "Il s’agit d’amener tous ces gens-là à se réconcilier avec eux-mêmes et avec les autres. En fait, je me suis dit que la malentendance était un prétexte ou un point de départ formidable pour montrer ces gens-là qui vivent les uns à côté des autres, mais qui finissent par se rencontrer, s’adopter et, en effet, bricoler ensemble une famille."

A l'origine, le personnage d'Antoine était acteur et non professeur. Pascal Elbé a toutefois fini par douter de ce choix et s’est demandé s’il ne lui fallait pas un métier plus proche des gens. Le cinéaste explique : "Le métier d’acteur collait à ma propre vie, bien sûr, mais justement le film devenait plus introspectif. J’avais le sentiment que j’aurais plus de difficulté à construire l’évolution narrative du personnage si je restais dans cette zone autobiographique. Un film, on est toujours en train de le chercher, à chaque étape de sa fabrication..."

"J’adore les pestes qu’on finit par prendre en affection, les filles qui apparaissent d’abord comme colériques, voire hystériques, mais qui ont de l’esprit et de l’humour : le genre de femmes qui ne se laissent pas faire, qui claquent les portes et qui en même temps sont fragiles, émouvantes et dont on perçoit vite la profondeur."

Pascal Elbé et Emmanuelle Devos se connaissent bien, puisqu'ils ont joué ensemble dans Vive nous ! (2000) et Le Fils de l'autre (2012). Cette dernière retrouve quant à elle François Berléand après L'Adversaire (2002) et le téléfilm Tailleur pour dames (2008). Enfin, Berléand et Valérie Donzelli ont collaboré sur La Reine des pommes (2009), Le Plus beau jour de ma vie (2004) et Les Ames câlines (2001).

Dans le rôle de la mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, Pascal Elbé a choisi Marthe Villalonga. Il précise : "J’aurais pu imaginer une mère avec un regard bleu délavé un peu évanescente et qui parle loin. D’ailleurs, dans une des premières versions du scénario, elle me regardait tendrement, me prenait la main, et me disait tranquillement : "Toi, tu vas rencontrer la femme qu’il te faut, elle est juste à côté de toi, mais tu ne la vois pas"."

"Une mère fantasmée, très douce, avec le regard qui s’éloigne. Je me suis dit : mais ce n’est pas ma mère, ce n’est pas ma grand-mère, ce n’est pas ma vie, Pascal revient à ce que tu es. Et j’ai pensé que ma grand-mère ressemblait beaucoup à Marthe Villalonga, qui est une actrice que j’adore."