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norman06
347 abonnés
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4,0
Publiée le 10 février 2022
Un remarquable film carcéral d'une réelle intensité dramatique et d'un montage subtil, sur trois périodes. Et aussi un rappel historique sur une loi ahurissante à l'âge d'or de la RFA.
Décrété en 1872, le paragraphe 175 du Code civil allemand a criminalisé les homosexuels pendant 123 ans. Pour tous ceux qui étaient en camp de concentration à la fin de la deuxième guerre mondiale, il n'y eut qu'une seule sortie :la prison, sans autre forme de procès. L'histoire que raconte Great Freedom est celle de Hans et de ses incarcérations successives, sans que rien ne soit montré de ses moments de liberté, de toutes manières soumis à une épée de Damoclès. C'est un film carcéral mais sans les clichés inhérents au genre, qui montre l'élan vital d'un homme qui, malgré les barreaux, cherche toujours l'amour et établit, malgré lui, une amitié avec un autre détenu qui perdure dans le temps. Great Freedom est austère et confiné mais réussit à transcender l'humanité de Hans, qui ne perd jamais son libre arbitre. Le long-métrage se concentre sur 3 périodes principales, à partir de 1945, et avec une distance d'environ une décennie pour chacune. Mais comme le vieillissement de son héros n'est pas flagrant, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver, comme si la notion de temps était abolie et n'avait qu'une importance relative. Au centre de toutes les scènes, Franz Rogowski montre une fois de plus qu'il est sans doute l'acteur le plus doué de sa génération, tous pays confondus. Ceux qui ont déjà pu voir Freaks out de Gabriele Mainetti, où il est extraordinaire, ne pourront qu'acquiescer.
" Great Freedom" récompensé lors des derniers European Film Awards est un fort plaidoyer contre l'homophobie. En effet cette histoire inspirée de faits réels peut révolter et indigné, le réalisateur racontant sur trois décennies comment l'homosexualité était pénalisé en RFA et les conditions de détentions des homosexuels en prison, à noter la remarquable prestation de Franz Rogowski , même si l'ensemble est austère et le dénouement laisse perplexe, le film impressionne par moment par son réalisme et son esthétisme.
Austère et puissant, " Great Freedom" dénonce le paragraphe 175 destiné à punir les homosexuels allemands d'une peine de prison. Ici, les incarcérations multiples de Hans, interprété par le magnétique charismatique Franz Rogowski, acteur primé touche-à-tout de la danse au théâtre, rythment ce drame dont le parti-pris est d'être entièrement tourné en prison, occultant volontairement les moments de liberté du protagoniste afin de rendre l'aspect anxiogène plus fort encore. Seules quelques notes de saxophone résonnent de temps en temps. Malgré les presque deux heures de métrage, pas une image de trop finit d'assécher ce film fort et révoltant, sans pathos ni facilité, tranchant et poignant, comme les allemands savent si bien le faire.
Franz Rogowski, acteur fétiche de Christian Petzold, qu'on a également vu chez Malick comme chez Haneke, est sûrement un des meilleurs acteurs actuel en Europe.
Dans cette histoire bouleversante, qui raconte la vie d'un homosexuel allemand de l'après-guerre jusqu'en 1970, Rogowski est absolument formidable. Il parvient à donner une profondeur étonnante à son personnage, jamais vraiment abattu, toujours luttant et aimant.
Si la mise en scène de Sebastian Meise est très sage, sa façon de conduire un récit au long cours est remarquable. La construction du film (une première partie sous forme d'un long flash-back, et une seconde partie qui du coup semble aspirer l'avenir) est extrêmement prenante. L'utilisation du milieu carcéral à rebours des habitudes (ici, les prisonniers sont loin d'essayer de s'évader) est aussi brillante : la prison apparaît comme une métaphore de la vie à l'extérieur.
Great freedom est un film captivant, qui nous prend la main et nous émeut progressivement. La belle histoire d'amour qu'il raconte nourrit progressivement l'ampleur mélodramatique du film comme le vent gonfle une voile : on est emporté par cette série de huis clos parfaitement reconstitués.
Le meilleur d'un cinéma classique, apaisé et sensible, sonnant comme un Douglas Sirk germanique.
Tout est radical dans ce film. Le personnage, la mise en scène d'une puissance inouie. Ou comment faire un film extraordinaire en osant la poisse et le malheur assumé. Un chef d'oeuvre sur la liberté malgré tout. Pasolinien
"Great Freedom", Prix du Jury de la sélection Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, s'avère être un film inégal dont le mérite principal est de nous faire connaitre la façon dont les homosexuels ont été traités en Allemagne pendant près de 100 ans : depuis janvier 1872 jusqu'en 1969, l'article 175 du code pénal criminalisait l'homosexualité et envoyait en prison pour plusieurs mois ceux (et sans doute celles, mais cela, le film n'en parle pas) qui avaient été pris en train de commettre un acte de nature homosexuelle. Le film raconte 3 périodes de la vie de Hans Hoffmann, directement transféré d'un camp de concentration vers une prison en 1945, qu'on retrouve en 1957 puis en 1968. Hans se refuse à ne prendre aucun risque dans sa vie sexuelle d'où ces incarcérations à répétition. Lors de ses 3 séjours en prison, il va lui arriver de tomber amoureux et il va, les 3 fois, retrouver Viktor, un criminel homophobe avec qui il va créer des liens très forts. Très bien interprété par Franz Rogowski (Hans), un des grands comédiens allemands du moment, et Georg Friedrich (Viktor), un comédien autrichien qui a commencé sa carrière cinématographique chez Michael Haneke, ce film très sombre et très lent présente des qualités indéniables mais, à côté, souffre d'être à la fois trop démonstratif au niveau des actes et pas assez au niveau des idées.
C'est dur, âcre, brut, sans démonstration mais aussi bourré d'émotion. Cette fiction offre enfin une réalité représentative post-guerre au documentaire Paragraphe 175 (et sur la période des camps, il y a eu BENT). C'est joué impeccablement, avec un protagoniste principal un peu trop sexy tout le long puisqu’il conserve sa musculature sèche alors qu'on parcourt tout de même deux décennies en allers-retours, un choix de montage original. Ce film donne à réaliser à quel point l'Allemagne (ici, la RFA) n'a pas su voir son histoire en face ni la représenter : BENT est un film anglais, Paragraphe 175 un documentaire de nationalité américaine (bien que les réalisateurs soient allemands) et GREAT FREEDOM est un film autrichien. Décidément, ou l'Allemagne a loupé quelque chose ou y a un problème ! La dénazification ne s'est pas faite réellement après guerre (on imagine même que les gardiens de prison aient pu être d'anciens gardiens de camps de concentration) et seuls les homosexuels masculins ont continué à être emprisonnés pour ce qu'ils sont et pour leurs actes pris sur le fait, avec des peines lourdes, comme celles aujourd'hui encore pratiquées par de nombreux Etats africains, sans parler des Etats du golfe persique, etc., où cette réalité effrayante n'a toujours pas été représentée au cinéma, comme s'il s'agissait d'un véritable tabou : dire qu'il a fallu attendre 50 ans après l'abrogation pratique de cette loi infecte pour que ce film se fasse (et la loi elle-même n'a disparu du code pénal allemand qu'en 1994, au moment où la France commençait seulement à engager sa "révolution" gay). Quel long chemin...
Ce film relate l’histoire d’un homme homosexuel allemand en Allemagne qui se retrouve comme beaucoup emprisonné en application d’une loi qui considére leur situation comme illégale jusqu’en 1997 dans ce pays. Cette loi est d’ailleurs encore en vigueur dans un pays sur trois au niveau mondial. Le film assez apre, violent et parfois carrément glauque nous décrit les conditions terribles de détention de ces hommes. C'est dingue cet Allemagne qui a commencé a tuer sauvagement les juifs sous Hitler et qui ont continué en mettant des homosexuels en prison !
Ce n'est ni vraiment un film sur l'univers carcéral, ni un film sur les romances homosexuelles, bien que ce curieux long métrage empoigne quand même des éléments de ces deux registres ultra-balisés. Ce film trouve plutôt son propre sillon, qu'il suit sur trois époques différentes (1945, 1957, 1968) et dessine in fine un mélo sec et sans pathos. Vraiment émouvant.
Une belle surprise que ce film qui dénonce une loi aberrante qui a eu cours des décennies entières outre Rhin. Quel dommage que de telles pépites ne puissent se faire une place au soleil. L'univers carcéral et le milieu gay étouffé d'après guerre est ici bien dépeint et les acteurs sont excellents.
Bouleversant ! Ce film raconte une une réalité ignorée sur le sort des homosexuels à la fin de la seconde guerre mondiale, mais c'est aussi une histoire d'amour et de liberté qui vous chamboule. Le tout porté par une excellente interprétation des deux acteurs principaux. La réalisation et la mise en scène vous plonge dans littéralement l'univers carcéral, sans effets spéciaux. Le genre d'émotion qui vous rappelle que pourquoi vous aimez le cinéma.
Comment, sur un tel sujet, peut-on faire un récit aussi austère, éteint, morne? A aucun moment, le film ne nous parvient à nous emporter. Quelle déception.
Le sujet aurait pu être traité de manière poignante (par exemple) mais il laisse la place à une mise en scène lente faisant la part belle au glauque et au sombre. Certes, ça restitue l’univers, l’ambiance et même la violence de la prison. Outre celle des gardiens, celle des autres détenus contre ces condamnés dans le cadre de l’article 175 du Code pénal allemand (de l’époque puisque abrogé depuis). Mais cette noirceur, au sens figuré comme au sens propre, devient lassante pour le spectateur faute de réel contenu narratif avec rebonds, messages ou autre chose pour vibrer avec le personnage principal, taciturne au possible. A l’évidence, il manque une quelconque exploitation scénaristique sur le registre de la sensibilité ou du plaidoyer. La construction du récit par séquences correspondant à des périodes n'est pas du tout démonstrative faute d'explications sur le contexte. Les voies de la mise en scène sont parfois impénétrables. C'est vraiment "un certain regard" (cf. Festival de Cannes).