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NomdeZeus
88 abonnés
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2,5
Publiée le 10 décembre 2014
Le premier long-métrage de Jean-Pierre Melville traite d'un sujet éminemment personnel pour cet ancien résistant: l'occupation allemande. En choisissant d'adapter le roman éponyme de Vercors quelques années seulement après la guerre, ce jeune réalisateur démontre son besoin de témoigner d'une période à la fois douloureuse et charnière dans son existence. Tourné sans autorisation et avec un budget dérisoire, Le Silence De La Mer peut se targuer d'être un lointain ancêtre des films de la Nouvelle Vague. Cette œuvre humaniste traitant de la naissance des sentiments dans un contexte aussi déshumanisant que la guerre démontre déjà la grande maitrise technique de Melville qui arrive à un résultat satisfaisant malgré le manque évident de moyen. Néanmoins, l'aspect austère de l'intrigue et l'omniprésence de la voix-off rendent le visionnage un peu ennuyeux par moments.
Un film qui prouve que l’urgence, le drame historique peuvent générer les œuvres les plus singulières. Dès son premier long métrage Melville démontre sa maîtrise, en faisant de la pauvreté de ses moyens un style, tout en dépouillement et intensité, et en adaptant une œuvre littéraire hantée par la littérature, sans être écrasé par la littérature, en artiste de cinéma. « Le silence de la mer » fait partie de ces quelques films d’autant plus grands qu’ils sont non spectaculaires, avec le minimum d‘effets. Pour incarner le rôle le plus marquant, celui de l’officier allemand cultivé et artiste, prenant conscience qu’il sert la barbarie sans pouvoir se révolter, Melville dispose du comédien le plus hors norme qui soit, ayant joué pour les plus reconnus (Guitry, Fritz Lang, Godard…), comme pour les artisans de la série B (Borderie) et ayant accompagné toute la carrière de la plus emblématique figure du cinéma bis, Jesus Franco, dans le pire comme dans le meilleur. Howard Vernon soit même, étonnant personnage qui a refusé le vedettariat par esprit d’indépendance et qui montre dans ce film un magnifique talent tragique. Vercors, Melville montrent que l’esprit de résistance n’est pas spontanément une volonté de prendre les armes, mais plutôt un refus de se compromettre, de collaborer. Idéalement c’est le refus d’obéissance au pire (idéal que le très estimable officier allemand n’arrive pas à réaliser, c’est toute la tragédie de l’histoire). La Résistance, forme supérieure de désobéissance civique.
Premier long métrage de Melville, Le silence de la mer est un film intelligent, un chef-d'oeuvre du cinéma français. Fidèle au roman de Jean Bruller diffusé en 1941 sous le pseudonyme "Vercors". Un film sur la résistance calme, posé, magistral et beau. Un film qui vous lavera le cerveau.
Le court roman éponyme de Vercors, oeuvre phare de la "Résistance intérieure" et chef-d'oeuvre littéraire, donne une matière magnifique au premier long-métrage de Jean-Pierre Melville (qui avait seulement réalisé auparavant un court-métrage : 24 h de la vie d'un clown). On retrouve à l'écran, fidèlement rendue, la beauté immensément amère du roman : ce mélange d'illusion et de désillusion, d'espoir idéaliste et de lucidité déchirante, ce grand quelque chose de digne et de brisé qui reste longtemps en soi après la lecture du livre. Melville donne du corps et de l'âme à des scènes d'intérieur qui se répètent quasi immuablement : deux personnes muettes, assises près d'un feu de cheminée ; le bruit d'un balancier d'horloge ; un officier allemand, habillé en civil, debout, qui monologue posément sur une fraternité rêvée entre l'Allemagne et la France, sur les arts de ces deux pays, et conclut chaque soirée par la même phrase : "Je vous souhaite une bonne nuit." Sans réponse. Howard Vernon trouve ici le rôle de sa vie, tout en classe froide et noblesse d'âme. Il est poignant. Et les liens tacites qui se créent entre les trois personnages principaux (respect, admiration, amour...) transcendent par leur subtilité et leur intensité l'austérité du contexte. Le seul point faible du film, c'est sa réalisation. Melville a tourné en moins de trente jours, avec un petit budget, en zappant le CNC. Des conditions qui seront proches de celles de la Nouvelle Vague, mais au final sans la liberté et l'inventivité stylistiques qui lui seront liées. La réalisation est hélas un peu raide, très classique (avec flash back et narration en voix off), et manifeste parfois une théâtralité appuyée dans ses effets (visuels et sonores). Melville ne s'est probablement pas assez dégagé de l'oeuvre littéraire pour faire pleinement du cinéma. La facture formelle du film a vieilli. Mais le fond de cette tragédie intime et silencieuse reste très fort.
Un film impossible sur le papier car basé sur un monologue auquel est opposé un silence de fer. Mais Melville n'en a cure et déjà maître de l'épure il restitue parfaitement l'interaction mystérieuse qui existe entre ses personnages. Un film profondément humaniste et exigeant, dur et porteur d'espoir tout à la fois.
Un film hallucinant, d'une audace incroyable au regard du challenge que s'impose Melville : bâtir un film sur un long monologue en banissant toute idée d'un quelconque dialogue ! Un pari périlleux que Melville, véritablement transcendé par son sujet, réussit à merveille en prenant le parti pris de la simplicité et de l'épure. Un coup d'essai qui ressemble à s'y méprendre à un coup de génie. L'un des premiers films de Melville et sans doute le meilleur. Il y a quelque chose de "bressonien" dans cette oeuvre que l'on peut aisément comparer à l'exceptionnel "Jeanne d'Arc", quelque chose dans la pureté, dans l'expression des corps, le minimalisme intelligent, quelque chose qui ressemble à ces monuments cisterciens qui laissent pénétrer la lumière en même temps que le divin. Le "Silence de la mer" est à l'esprit ce que le "Jeanne d'Arc est à Dieu. Une digue inébranlable qui se dresse au-devant de ceux qui voudraient tordre l'esprit humain. Un chef-d'oeuvre tout simplement.
Le premier film de Jean Pierre Melville a été tourné en 1947 dans des conditions difficiles, et avec des moyens quasi dérisoires. Malgré cela, le film reste gravé dans les mémoires. D'une grande austérité, quasi bressonienne (il y a d'ailleurs eu polémique à ce sujet) , Le silence de la mer est sans doute le film qui en dit le plus sur la résistance à l'occupant nazi. Un oncle d'une soixante d'années et sa nièce sont obligés d"accueillir" un officier allemand dans leur demeure, durant l'occupation. Ils ne lui adresseront jamais la parole, et finiront par le regretter, car l'officier était un francophile, en fait anti-nazi. Tout le futur cinéma de Melville est dans ce premier film: dialogues au minimum, peu de mouvements, gros plans sur les visages. .... Tiré d'un roman a priori inadaptable, Le silence de la mer demeure une oeuvre complexe et novatrice, que tout cinéphile se doit d'avoir vu. Ne pas hésiter à lire l'excellent article sur Wikipédia.
Un film beau, touchant et relaxant.En effet, il porte bien son titre: c'est le silence du début à la fin.C'est pourquoi on aurait pu s'attendre à un navet lent et sans saveur,mais absolument pas ! Même moi qui aime les films avec de l'action d'habitude, je l'ai trouvé formidable ! Tout n'est que sensation, regards, émotion, poésie et non dénué de philosophie !
Le Silence De La Mer est un film de Jean Pierre Melville adapté du roman de Vercors. En 1941 sous l'occupation, un homme âgé et sa nièce sont contraints de loger un officier Allemand. L'homme s'avère délicat et cultivé et croit en son for intérieur qu'un rapprochement entre la France et l'Allemagne grandirait les 2 nations. Il véhicule sa pensée de manière détournée mais habile. Pourtant les habitants opposent à leur locataire un silence déterminé...Jusqu'à ce que ses illusions soient détruites par une réalité tragique... Le film de Melville est très narratif, en un sens le vieil oncle coopère plus avec les spectateurs qu'avec son hôte. Ainsi malgré son absence de parole ou presque on partage ses pensées et ses sentiments. Mais une question se pose toujours : pourquoi un tel silence ? Ce silence est en vérité une certaine forme de résistance des habitants. Là où d'autres prennent les armes, leur façon à eux de résister réside dans le refus de toute forme de collaboration. C'est un film assez lent dans lequel chaque parole, chaque instant semble avoir son importance. Il dure 1h24 et pourtant il parait plus long. Le style, comme on n'en fait plus, est très dépouillé et intimiste. Ainsi il ne reste seulement que les réflexions des protagonistes, mises en relief, et les personnages sont à vrai dire tous très travaillés. Il est aussi question de savoir où s'arrête le devoir d'un soldat (cette coupure de presse d'Anatole France énonçant qu'« il est beau qu'un soldat désobéisse à des ordres criminels.»). Torturé par ce dilemme, le soldat Allemand s'en ira finalement résigné sur le front de l'Est, ultime tragédie du film. Personnellement je me suis un peu ennuyé tout de même, trop de films dit à "atmosphère" tombent dans ce piège avec le temps (en 1948 tout ce qui existait du cinéma était bien plus lent qu aujourd'hui, je veux bien comprendre que pour paraître lent à l époque...), donc je sais c est fait exprès mais un poil plus de rythme n aurait fait aucun mal en 2012. Ce qu on désignait en 1940 comme une atmosphère apaisante passe aujourd'hui pour de l ennui, question de contexte. Voilà, le film a donc pris un sacré coup de vieux (1948), on sent clairement que c'est d'une autre époque...
Ce film lent tourné par Melville dans des conditions rudimentaires ne doit pas être sacralisé pour autant par son message ou son interprétation. Certes c'est une métaphore de l'occupation et un appel à la non-violence, mais l'extrême sobriété du film à tous niveaux (peu de personnages, peu de dialogues, peu de décors…) et son côté huit clos, ont du mal à sortir le spectateur d'un sentiment profond de lenteur et d'ennui.
L'histoire se déroule en France vers 1940 pendant l'occupation allemande. Les principaux personnages sont l'oncle,la niéce et un officier allemand nommé Werner. Le film est en noir et blanc avec des scénes un peu ennuyantes, mais le film est plus interessant que le texte. L'inconvénient dans le film c'est qu'il n'y a pas assez de paroles, pas assez d'action. Les scénes les plus marquantes sont quand l'oncle et la niéce gardent le silence, n'adressent pas de parole à l'officier allemand, sauf à la fin quand la niéce dit "adieu" à Werner. Donc le film n'était pas très intéressant, il y a pas assez de paroles, trop de scenes ennuyeuses, pas assez d'action.
J'ai lutté contre le sommeil, comme ce nazis lutte contre le silence. Melville interroge les composants de son film pour nous les communiquer sous une forme littéraire. Le rythme, le cadrage, le mouvement, le silence, le texte et le jeu d'acteur ne sont plus au service d'effets cinématographiques, mais du langage littéraire. L'on peut ainsi communiquer différemment que par l'émotion, au spectateur, au moyen de l'intellect. C'est effectivement tout le propos que la nouvelle vague va reprendre et faire évoluer à leur sauce.. Melville partage son amour pour la France et la honte de l'occupation par un ennemi lui-même amoureux de la France. Il faut reconnaître à Melville qu'il fut très avant-gardiste sur ce film, tant sur le point formel que sur le contenu.
je me demande bien pourquoi une critique ecrit que c'est une oeuvre impossible a poser sur le papier alors que ce film est une adaptation du livre de Vercors! Il faut reconnaitre que ce film part d'une idée originale surtout lorsqu'on le replace dans son contexte, d'ailleurs le livre a du sortir clandestinement quelques années plus tot, et qu'il est relativement bien fait au regard du manque de moyen dont a du faire face Melville. Pour autant , aussi bien que le livre que ce film ne m'a touché, je me suis clairement ennuyée. Par contre le remake de 2004 de Boutron qui a eu une recompense d'ailleurs est d'une simplicité deconcertante mais degage une emotion absolument phenomenale... j'ai du le voir dix fois et je pleure a chaque fois... absolument magnifique.