Inutile de vendre cet Anti-Life comme autre chose que ce qu'il est. C'est vrai qu'on a coutume de dire qu'il ne faut pas juger un livre d'après sa couverture. Mais pour un film, il faut reconnaître que c'est souvent un bon indicateur de son éventuelle radioactivité. À la fois un bon résumé et un signal qui coche toutes les cases de la torture sur pellicule : acteur(s) grillé(s), montage photo qui pique et un titre qui annonce la couleur ou l'odeur. Dans les deux cas, le message est le même : prière de ne pas approcher. Le masochisme étant une tare fréquemment répandue, il y en a toujours quelques-uns pour s'y risquer quand même. C'est mon cas, je plaide coupable.
On va la faire rapide, on tient ici une série Z qui reprend des bouts de Alien, The Thing, 28 jours plus tard ou Life- Origine Inconnue sans peur et sans talent évidemment. Le seuil de médiocrité maximale est atteint dès les premières minutes : contextualisation incompréhensible, pauvreté cinégénique alarmante, et effets spéciaux qui sentent bon le périmé depuis 25 ans. Il y a fort à parier que les décors entiers de Anti-Life se limitent à deux couloirs, un garage et une cafétéria. Faire croire à son postulat S.F, je ne vous raconte pas l'épreuve, rendue d'autant plus impossible avec les quelques incrustations abominables et les panneaux en carton pour indiquer les zones d'un vaisseau spatial (!). Le futur, c'est vraiment plus ce que c'était.
Pour ce qui est de la mise en scène, on établit un cap dans l'ignominie. Le montage est tellement misérable qu'on ne distingue presque jamais qui fait quoi ou qui parle à qui. La séquence d'introduction de la troupe armée est irregardable, et on parle d'un simple dialogue presque sans mouvement. Imaginez quand ça s'excite un peu...Vous ne voulez pas ? Allez, un petit exemple. La séquence d'affrontement à la morgue est tellement tronçonnée qu'on a le sentiment qu'il y a deux chauves qui participent : Bruce Willis et sa doublure. Le premier reste droit comme un i tandis que l'autre castagne. Oui, le même personnage est intégré à deux endroits différents dans la même pièce.
J'ai dû faire un retour en arrière avant de comprendre qu'il n'y avait pas d'autre boule à zéro au casting. Ce type de perturbations va heureusement continuer avec l'hologramme de notre Bruce adoré. Petite mention spéciale pour la photographie, dont l'utilisation de filtres verts et bleus relève du délit. Quant à ses effets visuels sur les armes à feu (notamment le lance-flammes), ils rappellent les bonnes heures de la première Playstation. Enfin, une pensée à la créature du jour, sorte de mix entre un Xénomorphe boulimique et une choucroute garnie, le tout assemblé à la pâte à modeler.
Est-il utile d'en rajouter ? Non, ça devrait suffire. Anti-Life ne trompe pas sur la marchandise, mieux il en fait toujours plus pour s'imposer parmi les pires visionnages de 2021. Nonobstant, je dois tout même lui accorder un minimum de bienveillance. Un, parce que ça reste quand même diablement drôle à regarder. Et deux, le je-m'en-foutisme intégral de Bruce Willis le rend agréable dans son rôle, contre toute attente. Pas de quoi en faire une bonne performance non plus mais ce petit effort est à signaler. Voilà qui explique cette note. Il y a largement de quoi satisfaire l'appétit du cinéphage déviant, Pour peu qu'on soit dans les bonnes dispositions, ces 90 minutes de pure horreur technique ont de quoi laisser hilare.