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traversay1
3 645 abonnés
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2,5
Publiée le 29 mars 2023
Ils ont respectivement la vingtaine, la quarantaine et la soixantaine. Ils sont incarcérés depuis des durées diverses et bénéficient d'un week-end de permission. Que vont-ils faire à l'air libre ? C'est toute la question de Temps mort d'Eve Duchemin, qui alterne les trois histoires, sans les faire se croiser. Comme dans un film à sketches, le danger d'un tel dispositif est de ne pas donner une matière égale à chaque récit. Ici, c'est celui du personnage le plus âgé qui retient le plus l'attention, parce qu'il est intrinsèquement le plus touchant et le mieux traité, avec une pudeur parfaite. Chacune des histoires a à voir principalement avec la famille et la manière dont les détenus tentent de répondre à des rapports de force et de sympathie qui concernent forcément la faute qu'ils ont commise. spoiler: Sauf que la réalisatrice n'a pas jugé bon d'énoncer précisément quelles étaient les raisons de leur emprisonnement . C'est évidemment volontaire mais il y a là une frustration qui dessert les portraits psychologiques des permissionnaires. Pour le reste, Temps mort bénéficie de l'expérience d'Eve Duchemin dans le domaine du documentaire et l'aspect le plus intéressant du long-métrage réside sans aucun doute dans sa sincérité et sa volonté d'authenticité, marquées par un réalisme constant, y compris dans les scènes les plus dures. Côté interprétation, il n'y a strictement rien à reprocher à Karim Leklou ou à Jarod Cousyns mais c'est bien le plus âgé des trois, Isaka Sawadogo, qui impressionne le plus.
Trois détenus bénéficient d’une permission le temps d’un week-end. La soixantaine, Hamousin est sur le point d’achever une longue peine. Il cherche un emploi pour se réinsérer et hésite à revoir sa femme et ses enfants avec lesquels il n’a eu aucun contact pendant les vingt années qu’il vient de passer en prison. La quarantaine, Bonnard souffre de graves troubles psychiques et d’une dépendance à l’alcool qui se marie mal avec son traitement médical. Son état l’empêche de renouer avec sa famille et avec son fils des liens normaux. La vingtaine, Colin est tombé pour un sombre trafic sans dénoncer ses complices. Sa mère ne le lui a pas pardonné.
La prison, Eve Duchemin l’a d’abord filmée avec l’oeil du documentariste avant d’avoir l’idée d’en faire l’objet d’une fiction. Cette familiarité avec son sujet se sent dans un film qui, comme le récent Je verrai toujours vos visages, mais avec moins de bonheur que lui, flirte avec les frontières de ces deux genres. Avec une grande sensibilité est exploré le défi de la réinsertion, un angle mort des films sur la prison (ils sont pourtant pléthore) qui filment à foison des détenus entre quatre murs sans envisager un jour leur élargissement (je suis injuste en ne pas mentionnant l’avant-dernier film de Robert Guédiguian "Gloria Mundi"). Que devient un ancien détenu après sa sortie de prison ? Comment ses proches l’accueillent-ils ? Retrouve-t-il sa place ? Retrouve-t-il une place ?
À ces questions, "Temps mort" apporte une réponse bien pessimiste à travers les cas presqu’archétypaux d’un vieux détenu dont la vie gâchée est désormais derrière lui sans espoir de nouvelle chance, d’un malade qui aurait plus sa place dans un hôpital psychiatrique que dans un centre de détention et d’un jeune dealer (dont je n’ai pas compris ce qu’il advenait à la dernière image) sevré d’amour maternel.
On reprochera au film son montage qui, un peu trop systématiquement, passe d’une histoire à l’autre sans établir de ponts entre elles. Le scénario et le montage de Je verrai toujours vos visages étaient, de ce point de vue, mieux réussis. Temps mort devient inéluctablement un film à sketches où fatalement on s’attache à une histoire plus qu’à une autre. Celle de Colin est, selon moi, la plus faible ; celle de Bonnard m’a plus marqué. La responsabilité en revient à Karim Leklou, grenade dégoupillée prête à exploser à chaque instant. Cet acteur est décidément incroyable. À chacune de ses apparitions, mes critiques lui consacrent un long paragraphe dithyrambique. Qu’y a-t-il dans son jeu, dans sa présence qui m’impressionne autant ? Sa corpulence qui rappelle Gérard Depardieu ou Raimu ? Son regard halluciné ? Sa voix ? Son rire dément ?
Un vrai coup de coeur pour la sensibilité de la réalisatrice ! La réalisation est subtile et bien menée, chacun des personnages a son histoire, sa manière de vivre et ses craintes. Il y a aussi cette très grande phrase sur le temps qui passe et que ne pouvons jamais rattraper : «La parole est comme l'eau, une fois versée, on ne la ramasse pas.» (Proverbe Sahariens). Qui montre combien ce temps précieux qui est parti ne reviendra jamais. Il faut donc apprendre à recomposer avec ce monde qui évolue et avance dehors. La réalisatrice aime rappeler l'idée qu'entrer en prison demande un processus très précis où l'on doit franchir plusieurs portes qui ne s'ouvrent qu'au bon vouloir des gardiens. Cette permission de 48h est en quelque sorte ce moment intimes de liberté que l'on va partager avec autrui. Ces mêmes personnes qui vont essayer d'être présents tout en montrant une certaine colère sur nos actions qui nous ont menés en prison.
On saluera la performance de Karim Leklou dans le rôle de Bonnard, ainsi que Issaka Sawadogo dans le rôle du sortant Hamousin en pleine réinsertion. Un film touchant sur le temps que l'on ne rattrapera jamais, mais aussi sur la notion du pardon.
Bénéficiant d'une permission de sortie, ce film retrace le temps d'un week-end la vie de trois prisonniers avec des profils différents. La cinéaste belge, Eve Duchemin, dresse le portrait de détenus brisés par l'amour perdu de leurs proches. Karim Leklou est une nouvelle fois énorme dans son rôle d'alcoolique psychotique spoiler: retombant dans ses travers . Les deux autres acteurs sont un ton en dessous, l'un muré dans le silence, et l'autre cherchant à renouer avec sa mère. L'ensemble donne un résultat très sombre qui aurait gagné à se faire croiser les trois personnages ou à ne se focaliser que sur un seul. Le résultat est quand même correct.
Après avoir rencontré Marie Lafont, directrice d'une prison pour hommes, Eve Duchemin réalise deux documentaires avant de réaliser qu'elle veut aller plus loin : " La prison est un endroit bouleversant : il y a une histoire de vie cruelle tous les mètres carrés ; on y trouve beaucoup de gens pauvres et malades, beaucoup de jeunes issus des quartiers populaires. On y prend une claque, car on réalise que notre société n’a pas su quoi faire de ces gens et qu’ils se sont retrouvés dans cet endroit qui ressemble à une cité, mais hors du monde." Elle écrit donc le scénario d'un premier film de fiction qu'elle va porter pendant cinq ans. Temps morts retrace le week-end de permission que trois détenus qui ne se connaissent pas vont vivre, auprès de leur famille après des mois ou des années de réclusion. Chacun va vivre cette parenthèse douloureusement, avec le handicap engendré par ce passage en milieu carcéral qui rejaillira sur leur entourage. Le film entremêle chacune des trois histoires, resserrées sur un compte à rebours stressant et impitoyable, selon une implacable logique bien orchestrée. Les trois acteurs principaux sont très convaincants, à commencer par Karim Leklou qui effectue un parcours dense et sans fautes depuis quelques mois. Un regard attentif et sensible sur trois hommes à la marge.
La galerie de personnage, leurs histoires et leurs interprètes sont poignants et l’émotion est bien transférée aux spectateurs par la réalisation, notamment par l’utilisation de gros plans sur les visages. Cependant l’alternance un peu mécanique entre les 3 histoires et la prévisibilité nuance ce beau tableau en instaurant une certaine monotonie.
Ce film belge qui raconte le déroulement d’une permission de trois prisonniers est bien réalisé par cette réalisatrice dont c’est le premier long métrage. Elle a su parfaitement imbriquer ces trois destins communs mais aux personnalités complètement différentes. On suit ainsi avec intérêt la manière dont ces trois prisonniers vont vivre cette permission, sorte de temps mort dans leur univers carcéral. Ils vont donc affronter chacun d’entre eux, en un week-end, leur environnement familial qu’ils retrouvent après une longue absence. Le scénario et le montage sont bien maitrisés et c’est bouleversant d’émotions et de vérité. Ce film permet également des réflexions sur les conditions de l’incarcération. J’ai trouvé ce film réussi avec un casting de qualité qui accompagne bien ces itinéraires.
Bonnard, Hamousin et Colin sont trois détenus qui obtiennent une permission de sortie. Chacuns retrouvent ceux qui les attendent à l’extérieur et découvrent comment le temps qu’ils ont passé derrière les barreaux a été vécu aussi par leurs proches. Trois histoires parallèles fortes et touchante. Mais un film un peu long et lent.
3 prisonniers en permission de week-end, découvrant la désespérance face à leur passé, se confrontant à la dure réalité de la vie hors les murs. LEKLOU halluciné, violent, psychotique, tendre, insaisissable, est admirable... SAWADOGO résigné, triste, sage, est attendrissant... COUSYNS rebelle, consterné, frustré, sevré d'amour, est étonnant de naturel... Rarement la dramaturgie des libertés éphémères n'avait été aussi bien montrée : 3 claques magistrales!
Ces trois portraits quasi documentaires laissent de marbre: aucun des personnages, que ce soient les permissionnaires ou leur entourage, n'est suffisamment développé pour emporter l'adhésion. On a toujours l'impression de rester en surface et à distance, sentiment exacerbé par des dialogues souvent laconiques. Le choix narratif d'un cloisonnement total entre les trois parties accentue un peu plus l'indigestion induite par ce récit finalement peu inspiré.
Cette réalisation belge traite à travers trois personnes différentes au comportement différents le retour à la vie normale lors d'une permission de sortie de prison, ce qui lie les trois protagonistes est la précarité. Ils vont se retrouver face à la leur familles respectives et au regard de ceux ci , mais aussi face à leur propre regard sur eux mêmes. Trois histoires ou l'on passe de l'une à l'autre durant deux heures. Ce film est réussi, on plonge vraiment dans cet univers pas très rose, la mise en scène d' Eve Duchemin donne une impression d'immersion, et les acteurs sont vraiment au top. un 7/10 mérité.
Un film qui sonne juste, qui suit la trajectoire de trois détenus en permission pour un week-end. D'âge, d'origine et de milieux différents, ils purgent tous trois une peine plus ou moins longue pour un motif dont on ne saura quasiment rien. Ce film dit la difficulté de se réinsérer, pas seulement socialement et professionnellement, mais aussi et surtout dans le cadre familial et l'impossibilité de "rattraper" ce qui a été mal fait ou qui est perdu. Un très bon film, qui hélas ne se jouera que dans une poignée de salles durant quelques semaines alors que pendant ce temps-là les blockbusters et les navets monopolisent toutes les autres ....
Temps mort est le premier long-métrage dans lequel Eve Duchemin est créditée à la réalisation et à l’écriture du scénario. Sac de nœuds sorti en 2012 constitue à ce jour l’unique précédent pour cette réalisatrice-scénariste mais au format court-métrage. Le récit porté par Temps mort s’articule autour de trois personnages principaux condamnés à une peine de prison. Ils bénéficient d’une permission le temps d’un week-end, possiblement le Temps mort évoqué par le titre du métrage. Ce sont ainsi trois trajectoires distinctes qui sont portées à l’écran à travers ces trois protagonistes interprétés par, du plus âgé au plus jeune, Issaka Sawadogo, Karim Leklou et Jarod Cousyns. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/2023/05/07/temps-mort/
Ce portrait croisé de trois détenus ramenés, le temps d’une permission de deux jours, à la vie civile fait le choix judicieux de filmer les corps au plus près de leurs expressions, de leurs cicatrices pour compenser les non-dits et les silences qui sinon entourent leur retour. La présence de motifs, qu’il s’agisse de la table autour de laquelle se réunit la famille temporairement réunie, du lit où l’intimé des amants s’esquisse, de l’opposition entre l’extérieur et l’intérieur, interroge la pertinence des rituels dans la structuration de nos existences : à la façon de Jean-Luc Lagarce, Ève Duchemin révèle la violence des protocoles qui, rassurants lorsque tout va bien, broient l’individu en le raccordant encore et encore à l’événement unique qui détermine depuis l’entièreté de son passé. Ce dernier se dévoile par petites touches, à la manière d’un peintre dont les impressions se retranscrivent par coups de pinceau successifs : il apparaît dès le départ comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus des personnages, menaçant à chaque instant de leur transpercer l’âme, que désamorcent les tentatives de vivre le temps présent – pensons à la volonté exprimée par Hamousin de quitter le bus de ligne pour poursuivre son voyage à pied, le long de la forêt. Le paradoxe tient alors à ce que l’échec de toute réinsertion au sein de la famille découle des efforts entrepris par de chacun de ses membres pour la rendre possible : qu’il s’agisse de l’épouse, de la sœur ou de la mère, tripartition hautement symbolique, les trois hommes disposent d’une figure tutélaire au contact de laquelle ils éprouveront réconfort, détresse et solitude. C’est cette thématique de la réintégration périlleuse qu’investit courageusement un film interprété à la perfection, sujet rare qui en justifie à lui seul le visionnage.
Trois prisonniers bénéficient d'un week-end de permission et ce qui pour eux devrait être un moment de respiration ressemble plus à une asphyxie. Quelque soit la durée de leurs peines ceux qui sont dehors ne les attendent plus vraiment ou alors avec de la rancoeur. Ève Duchemin est documentariste, pour sa première fiction elle filme ces trois hommes à l'épaule en gros plan, on ne sait rien de ce qui les a amené derrière les barreaux mais leur double peine nous éclabousse, leur rédemption semble inaccessible et une seconde chance impossible. Les trois acteurs sont tout simplement exceptionnels.