https://leschroniquesdecliffhanger.com/2023/01/09/grand-marin-critique/
Grand Marin, c’est beaucoup comme le culte de l’ellipse. Cette absence de connaissances de son passé, de son passif même, vient aussi nous démontrer que Lili, c’est en fait toutes les femmes. Le spectateur ne la jaugera ni ne la jugera car elle était ceci, ou avait fait ça. Comme les marins qu’elle va croiser sur son chemin, on prend Lili comme elle est, comme elle vient. Le sac à dos, être eu milieu de nulle part, ne connaître personne, le sandwich pain de mie, les pièces de monnaie qu’elle décompte, comme on irait sur son appli bancaire… On devine tout de suite une habitude à la galère, choisie ou pas, une vie rude en tous les cas, qui ne peut se faire autrement que dans l’absence de projections, une forme d’immédiateté, une errance affective.
Le film est tout sauf une carte postale, il existe dans Grand Marin, comme une authenticité, une émotion, une envie de toucher à travers des images et des décors, qui viennent comme une démarche artistique et parfois quasi documentaire. La torpeur que l’on y trouve peut paraître comme des longueurs pour les non-initiés, mais c’est surtout une affaire de vérité du rythme, et d’un contemplatif jamais lassant.
Lili est sans attaches, « les murs la rendent folles« , dit-elle à un moment. La mer liberté, c’est l’infini et le contraire de l’enfermement, seule à cet endroit et dans ce moment, elle se sent terriblement vivante. Elle préfère encore prendre le risque de se noyer, de mourir libre, plutôt que de vivre entre 4 murs dans une résidence pavillonnaire.
Grand Marin, c’est comme une douce caresse, il faut se laisser porter, bercer, et face à la mer, on partagera alors avec Lili presque corporellement nous aussi cette universelle aspiration de liberté.