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    Le Diable n'existe pas
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Diable n'existe pas" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Le Diable n’existe pas se décline en quatre histoires s’apparentant à quatre contes abordant différemment un sujet commun (le totalitarisme en Iran). Mohammad Rasoulof explique pourquoi il a opté pour ce dispositif : "A mon retour en Iran après la présentation dans les festivals étrangers de mon film précédent, Un homme intègre, j’ai été assailli par tant de difficultés que je n’ai pas pu me projeter dans un autre film. Cette situation très déstabilisante a duré deux années pendant lesquelles j’ai tenté de trouver une solution pour tourner à nouveau. Je me suis aperçu que le meilleur moyen d’échapper à la censure serait de réaliser officiellement des « courts-métrages »."

    "En effet, plus un tournage est court, moins la censure s’y intéresse donc moins le risque est grand de se faire prendre. J’ai donc commencé à réfléchir à plusieurs histoires. Leur thématique commune s’est vite imposée à moi : la façon dont on assume la responsabilité de ses actes dans un contexte totalitaire. Résister aux injonctions totalitaires est une idée séduisante, mais elle a un coût. Cela entraîne le renoncement à de nombreux aspects de la vie et parfois la réprobation de vos semblables. J’ai voulu créer des personnages fiers d’avoir eu la force de désobéir, qui en assument les conséquences. Malgré tout ce qu’ils ont perdu, ils restent conformes à leur propre exigence morale."

    Régime totalitaire

    Les deux premiers épisodes du Diable n'existe pas se déroulent dans des espaces clos qui semblent être ceux de l’obéissance. Le deuxième s’achève sur une échappée de la ville et les deux suivants nous révèlent des individus qui, ayant fait le choix de la résistance, vivent à l’écart de la vie citadine, dans la nature lumineuse. Le metteur en scène Mohammad Rasoulof confie :

    "C’est un des modes opératoires d’un régime totalitaire que d’entraîner une uniformisation de la société en privant les individus de leur libre arbitre, de leur droit de questionnement, en définissant et en imposant une loi unique. Aller à l’encontre de cette hégémonie entraîne une levée de boucliers suscitée par la peur. La prudence devient alors un critère d’intelligence. Celui qui fait le choix de surmonter sa peur pour s’opposer à la loi dominante est donc automatiquement marginalisé."

    Tournage à haut risque

    Au-delà des risques encourus liés au régime iranien, Mohammad Rasoulof et son équipe ont dû composer avec les conditions extrêmes de tournage. Le réalisateur avait, pour chaque épisode, un assistant réalisateur différent qui le secondait sur le plan artistique et le remplaçait sur les lieux de tournage où il ne pouvait pas être présent. Mohammad Rasoulof se rappelle :

    "Dans ce cas-là, les repérages étaient faits au préalable dans la plus grande discrétion, le découpage des plans était préparé, les acteurs avaient répété. Mon directeur de photographie, Ashkan Ashkani, étant mon complice de longue date, il pouvait compenser mon absence aux côtés de mon assistant. Nous avons pu travailler assez sereinement pour les scènes en intérieur et celles à la campagne.

    "Ce sont les scènes à l’aéroport et en ville qui étaient plus problématiques. Les documents qui circulaient sur le plateau, comme les scénarios ou les plans de travail, étaient des faux et je me rendais méconnaissable pour pouvoir être présent. Je dois dire qu’à plusieurs reprises, nous avons eu la surprise de bénéficier de l’aide de membres de l’appareil de censure..."

    "Comme ce policier qui un jour de tournage s’est approché de moi... J’ai compris qu’il m’avait reconnu et j’ai pris peur. Il a posé son doigt sur sa bouche pour me faire comprendre qu’il ne dirait rien. Voilà la preuve que même des individus entièrement possédés par le système totalitaire souhaitent pouvoir contribuer à le faire changer."

    La question du voile

    Mohammad Rasoulof a dû prévoir, vis-à-vis de ses acteurs, ce que travailler avec lui peut leur coûter et de quoi ils peuvent être accusés. Il précise : "Le voile obligatoire est un des piliers idéologiques de ce régime. Son non-respect peut aisément détruire la carrière d’une actrice. Nous avons travaillé avec de jeunes acteurs très talentueux et il n’était pas question de mettre en péril leur avenir. De plus, il me semble que le port systématique du voile est aujourd’hui bien identifié par le public, y compris étranger, comme une contrainte du cinéma iranien. Je n’ai donc pas de raison de l’enfreindre."

    "Nous avons pris toutes les précautions dans la scène de la teinture. Ce n’est pas l’actrice qui expose sa chevelure, mais une doublure. Elle pourrait ainsi se défendre si cette scène lui était reprochée. Il ne faut pas donner de prétexte à l’appareil de censure pour qu’il puisse attaquer un film sur la forme, alors que c’est le fond qui lui pose problème. Le fait que le film ne soit pas montré en Iran ne suffit pas à rassurer les censeurs. Ce qui leur est insupportable, c’est l’audace de faire un tel film."

    Ecriture et mise en scène

    Le scénario de chaque épisode a été dicté à Mohammad Rasoulof par sa mise en scène. Dans le premier, le cinéaste devait donner à voir la dimension rigide et bureaucratique de la vie quotidienne du personnage. Dans le deuxième, il y avait une énergie contenue, un rythme sous-jacent qui a nourri la mise en scène. Dans le troisième, le spectateur suit un personnage qui s’immisce dans un environnement harmonieux. Enfin, le dernier épisode ouvre une perspective sur une nature qui devient refuge.

    "Chaque plan témoigne de cette délivrance. Le passage d’un épisode à l’autre se fait de façon graduelle. Je dois ici saluer le travail de mes monteurs, Mohammadreza et Meysam Muini qui, en m’accompagnant dès la phase d’écriture, ont réussi à rendre cette articulation entre les épisodes à la fois forte et fluide", précise Mohammad Rasoulof.

    Côté casting

    Pour les acteurs, travailler avec Mohammad Rasoulof constituait un risque pour la suite de leur carrière. Le casting du Diable n'existe pas a été fait par les assistants du réalisateur, qui raconte : "Nous avons cherché à explorer l’impressionnant vivier de talents constitué par la scène théâtrale iranienne et par la télévision, pour faire incarner nos personnages par de nouveaux visages."

    "Une fois que des acteurs étaient retenus pour jouer dans un court-métrage, les assistants ou le producteur exécutif leur annonçaient qu’il s’agissait en fait d’un long-métrage dont j’étais le réalisateur. Il y a peu de cas de désistements dictés par la peur... Pour le dernier, il m’a paru évident de demander à ma fille Baran d’interpréter ce personnage inspiré par elle. Sa personnalité et ses apports personnels m’ont permis d’enrichir le personnage."

    Des décors variés

    Le chef décorateur Saeed Asadi travaille avec Mohammad Rasoulof depuis 2005 et son deuxième long métrage La Vie sur l'eau. Sur Le Diable n'existe pas, la difficulté principale était liée à la diversité des décors d’un épisode à l’autre. Ce sont les assistants qui se sont chargés de faire les repérages pour leurs épisodes respectifs, puis le directeur de la photographie Ashkan Ashkani et le metteur en scène validaient les décors. Mohammad Rasoulof se remémore :

    "Pour le premier épisode, il s’agissait avant tout de localiser le périmètre de circulation du personnage dans la ville. Dès lors que sa catégorie sociale était définie, il a été assez simple de choisir les différents décors où il évolue. Ce processus a été beaucoup plus complexe pour les autres épisodes. Nous avons dû investir une école abandonnée pour reconstituer l’intérieur d’une prison pour le deuxième épisode. Mais les extérieurs ont été tournés à des dizaines de kilomètres de distance."

    "Les contraintes étaient très nombreuses et ont exigé une collaboration étroite entre l’équipe de décoration et celle de l’image. Pour le troisième épisode, nous avons dû restaurer entièrement une maison abandonnée avec des contraintes temporelles et budgétaires considérables. Dans le dernier épisode, hormis la scène de l’aéroport, les décors étaient plus concentrés, la maison existait déjà et nous l’avons peu modifiée."

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