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    Pacifiction - Tourment sur les îles
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    Tumtumtree
    Tumtumtree

    175 abonnés 534 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 novembre 2022
    Il est bien normal que Pacifiction clive à ce point les avis sur ce site. La durée du film, son rythme, la ténuité de son récit, l'anachronisme de son thème (des essais nucléaires en 2022) lui attirent les foudres, sans doute légitimes, des spectateurs allergiques à ce type d'expériences. Pour compenser, la production ou le distributeur fait écrire des fausses critiques (probablement) avec 5 étoiles à la clé. On ne peut que recommander de bien se renseigner avant de payer sa place et d'entrer dans la salle, car oui, il s'agit d'une expérience de cinéma aussi exigeante qu'un Apichatpong Weerasethacul, un Andreï Tarkovski, un Bela Tarr. Certains souffriront... et c'est bien désagréable de se sentir piégé dans une salle de cinéma face à un film qui ne plaît pas.
    Mais bon, pour ceux qui aiment Apichatpong Weerasethacul, Andreï Tarkovski ou Bela Tarr, Pacifiction est une expérience rare et profonde. Rare car il sera peut-être le plus grand film montrant la Polynésie française et ses ambiances si particulières. Lors des avant-premières, Albert Serra raconte comment le tournage sur place a donné lieu à toute une exploration de l'archipel, quitte à ajouter des scènes absolument pas prévues dans le scénario initial, telle la scène de surf, très impressionnante. Profonde car, même s'il s'en défend, Albert Serra réalise un film éminemment politique, et politique comme rarement. En suivant un représentant local de l'État qui cherche à la fois à satisfaire les intérêts de ses interlocuteurs et à répondre aux attentes de la population, le cinéaste affronte les deux aspects de la politique comme pratique politicienne (stratégie, arrangements, combines, etc.) et comme recherche du bien pour la cité. Le personnage joué par Benoît Magimel dialogue avec tous, circule partout : les hôtels, les boîtes de nuit, les compétitions sportives, les bases de l'armée, les villes, les campagnes, diverses îles, etc. comme pour dire que la politique et le politique innervent toute la société. Et cette figure locale se retrouve confronter à des enjeux géo-politiques internationaux, portant le politique à une autre échelle et montrant comment dans notre monde actuel, les grandes puissances s'affrontent partout, jusqu'au fin-fond de l'océan pacifique.
    En cela, Pacifiction restera sans doute comme un témoignage monumental du monde comme il va en 2020-2022. Monumental car la forme choisie l'est. La mise en scène, ample, décrit les paysages polynésiens, au travers d'un trajet en avion ou d'une compétition de surf dont les rouleaux furent parmi les plus puissants de la décennie. Elle traque aussi les ambiances des hôtels actifs ou abandonnés, des bars, des résidences de commis de l'État, des soirées graveleuses, en des jeux de couleurs et de lumière presque iréels. Monumental aussi par le mystère qui entoure certaines scènes, comme ce dialogue avec des Tahitiens dont la moitié seulement est traduite en un protocole complètement incohérent (et assumé comme tel) et spoiler: comme la fin aux propos tout aussi énigmatiques
    . Benoît Magimel participe de cette étrangeté en un jeu décalé qui, comme l'explique le cinéaste lors des avant-premières, tient au fait qu'il ne disposait pas vraiment d'un scénario, ne savait rien du sens des scènes, était dirigé phrase après phrase par des directives évanescentes qu'on lui soufflait via une oreillette. Ici, on est clairement dans le registre de l'art contemporain ou du théâtre contemporain, pas si fréquents en salles grand public. Accompagné de seconds rôles parfaitement castés, Magimel signe là l'une de ses plus grandes performances, en une seconde partie de carrière toujours aussi convaincante.

    Bref, il est normal, légitime et attendu qu'un tel opus cinématographique heurte les attentes de spectateurs loin d'un tel cinéma. Pour d'autres, ce film est la preuve vivante que le cinéma le plus ambitieux, le plus exigeant n'a pas disparu et que l'art sert aussi à traduire, en des formes parfois ouvertes et énigmatiques, l'état du monde.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 115 abonnés 3 974 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 janvier 2023
    Albert Serra offre un film merveilleux. Entre le côté thriller paranoïaque, où le héros doit enquêter pour savoir si sa hiérarchie lui ment, le fait que ça se passe en Polynésie avec un spectre colonial et Benoît Magimel qui a sans doute hérité de son meilleur rôle, c'est un régal de chaque instant. Parce qu'on va suivre ce mec pendant quasiment trois heures dire qu'il représente l’État français, tout en s'apercevant bien qu'il est totalement inutile. On suit un mec qui ne sert à rien. Il n'arrête rien, il n'arrive à rien, il ne peut rien, il est juste là à se prendre au sérieux dans son costume blanc.
    C'est ce qui fait que le film n'est pas dénué d'humour, on voit bien que ce type est ridicule au possible à se prendre au sérieux alors qu'il raconte n'importe quoi. Et quelle bonne idée d'avoir fait improviser les acteurs, la conversation a un air plus naturel, mais surtout on voit bien que les déclarations sont vides, que c'est maladroit. Il y a un sentiment unique en écoutant les dialogues du film. On sent vraiment le mec, un peu fier de lui-même, qui essaye d'habiller le vide avec des belles paroles. L'hommage à l'auteur en visite sur l'île est génial pour ça. Le type est en roue libre et en plein discours d'hommage il se met à parler de ce qu'il écrit lui.

    Et en même temps, ce type est placé dans un contexte qu'il ne maîtrise pas, qu'il ne comprend pas, il n'a aucune utilité, ce qui rend toute sa vanité d'autant plus grotesque et ce qui le rend intéressant, parce que qu'est-ce-qu'il se passe lorsqu'il se rend compte de sa propre impuissance ?

    Il devient parano. Il ne sait plus en qui il peut faire confiance, il scrute l'horizon un peu au hasard dans l'espoir d'apercevoir le fameux sous-marin qui serait le signe de la reprise de l'activité nucléaire de la France en Polynésie. Et ce mec qui est censé être un peu le chef sur cette île, il n'a rien à disposition, pas vraiment d'hommes ou de matériel, il mène son enquête en parfait amateur, ce qui ne fait que renforcer son impuissance. Factuellement de ce qu'on voit à l'écran, ses signes de puissance c'est sa bagnole, son costume et c'est un peu tout. C'est quelqu'un qui ne peut pas grand chose.

    Il y a donc un côté totalement fascinant à suivre ce type en train de sombrer dans la paranoïa, tout en répandant la rumeur du retour des essais nucléaires en en parle à tout le monde. Il n'y a rien qui va dans son attitude.

    Serra se fait également plaisir avec les personnages secondaires, notamment l'Amiral qui est fabuleux, je retiendrai deux scènes avec lui, celle où il explique à un militant indépendantiste que lorsqu'ils tireront la bombe, les ennemis de la France se diront : regardez ce qu'ils peuvent faire à leur propre population, imaginez ce qu'ils peuvent nous faire à nous. Le mec est bourré, il ne tient presque pas debout. Et l'autre c'est lorsque Magimel essaye de lui tirer les vers du nez et que l'Amiral ne dit rien, il a l’œil vitreux, défoncé à je ne sais quoi, et il sourit, comme s'il se réjouissait. Totalement délirant !
    Et de manière générale tous les acteurs sont formidables et on peut quand même citer Pahoa Mahagafanau qui est clairement la révélation du film.

    L'impression d'étrangeté du film est renforcée par le côté microcosme, il rencontre et voit toujours les mêmes personnes, il est toujours dans les mêmes lieux, quasiment toujours dans la même boîte de nuit. ça renforce l'idée de cloisonnement sur l'île. Le seul moment où il semble y avoir un peu de vie en dehors des gens gravitant autour de Magimel c'est lors de la séquence de surf où on voit des gens participer à un rassemblement sportif au large. Séquence hallucinante, je ne sais pas si c'est moi qui suis facilement impressionnable où si ça l'est vraiment... Mais voir les vagues fondre sur les bateaux, ça fait quelque chose...

    L'autre truc impressionnant, c'est bien entendu la photographie du film, ces couleurs, le côté un peu brumeux, je ne sais pas si j'ai vu beaucoup de gens avoir un rendu similaire à part peut-être Mandico ou Terayama. Il y a un rendu rêve éveillé qui me plait beaucoup et ça rend chaque plan sur la jungle absolument surréaliste.

    Forcément ça participe totalement au côté paranoïaque du film... Qu'est-ce-qui est vraiment réel ? Mais en même temps on s'en fout un peu, savoir s'il y en a vraiment ou non n'a aucune espèce d'importance... Serra choisit d'y répondre (séquence assez délirante elle aussi), il aurait pu ne pas le faire, ça aurait été pareil. J'aurais bien repris 2h de Magimel errant sur l'île, essayant de se convaincre de son importance...

    J'adore ce côté totalement hors du temps... Et Serra n'est pas à son coup d'essai, il aime les films lents et contemplatifs, où le temps s'étire. Réussir à faire perdre la notion du temps au spectateur, qu'il ne sache pas s'il a vu 1h ou 3h de film, qu'il ne sache pas s'il est au début ou à la fin, parce que de toutes façons cette intrigue n'aura pas réellement de résolution, c'est fascinant.

    Bref c'est un film admirable, qui propose réellement quelque chose de neuf et d'inédit et qui le fait magnifiquement bien.
    saile
    saile

    3 abonnés 1 critique Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2022
    On a parfois tendance à l’oublier dans cette ère de films produits à la chaîne, mais le cinéma se peut souvent expérience transcendantale. Se satisfaisant souvent à une compréhension de surface, du petit clin d’œil au twist, de l’étonnement à la prise à la gorge, le spectateur est une proie facile capable d’arrêter réflexion et de donner pleine acceptation à des œuvres sans unicité pour peu qu’elles lui offrent un instant de répit dans une longue vie trop complexe au bord d’un gouffre semblant infini. Il faut tout comprendre, tout ressentir, ne pas laisser place à la confusion et à l’hésitation mais suivre une ligne directrice et rassurante.

    C’est en ce sens que Pacifiction semble sauveur d’un cinéma de sorcier dont son réalisateur Albert Serra est avec Apichatpong Weerasethakul le plus grand des représentants actuels. « Rien ne m’intéresse sauf l’image » dit-il en entretien et l’image est ici mouvement, texture, sensualité et sensorialité. Car Pacificition est l’inverse d’un film lointain et stérile, qui imposerait sa virtuosité sans impliquer, fier de soi égoïste dans ses envies. C’est un film cœur, un film coton dans la plus grande tradition d’un cinéma souvent asiatique de Tsai Ming-Liang à Mamoru Oshii. Un cinéma injectant ses vibrations, sa mélancolie et sa force directement dans les os de son public pour les amener dans une transe à la fois abrasive et ouateuse, qui n’esquive pas le gouffre mais le regarde et y hurle. Pacifiction en est de ceux-là et sa beauté presque anachronique en est le premier épanchement.

    Anachronie déjà des décors, plongés dans une Tahiti fantasmée et morcelée dont il ne reste qu’une image (encore) et dont toute la substance se retrouve polluée par les altérations extérieures à son essence. Si le film embrasse cette texture tiki sortie des années soixante, c’est pour mieux révéler l’absurdité de ces lieux de paradis vidés de leur substance par leur érotisation des mains mêmes de ceux qui sont censés la diriger et la maîtriser (incroyable Pahoa Mahagafanau). Anachronie ensuite des situations et des problématiques, Serra ressuscitant un imaginaire politique désuet, entre préfets de blanc vêtus et paranoïa du nucléaire. « On va pas revenir en 95 » dit Matahi dans ce qui est l’un des pics de tension du film, et pourtant le film se plaît à explorer ce passé fantasmé, digne d’un film de James Bond, avec son exotisme primaire, ses séductions faciles et ses méchants mystérieux à l’accent indescriptible. Il en désosse la tangibilité pour se farder de cette esthétique, de ces images (!) et de ces particularités, transposant à la menace un mirage et à la quête du personnage un éveil psychédélique dans une dernière heure à la puissance d’évocation digne des meilleures séquences des meilleurs films de David Lynch. Anachronie enfin de sa lumière, ce coucher de soleil permanent, qui ne faiblit que pour faire tomber les ténèbres sur les personnages et leurs désirs. On se croirait parfois dans un film de l’ancien Terrence Malick, cette golden hour rappelant l’or des Moissons du Ciel, dans un jusqu’au boutisme visuel aux bords du kitch qui ne saurait jamais pourtant y plonger sans son plein consentement.

    Pacifiction ne peut cependant pas être un film rétrograde et plongé dans la nostalgie confortable d’une époque fantasmée où le cinéma aurait été plus art qu’industrie – la référence aux films d’espionnage allant à l’opposé de ce snobisme. S’il s’incarne autant dans une vision passéiste c’est avant tout pour rappeler que c’est une fiction du temps réel, et que ces questionnements sociaux, esthétiques et artistiques sont aussi ceux d’aujourd’hui, loin des yeux et des critiques. Serait-ce si absurde que de telles magouilles se passent dans ces territoires éloignés ? Serait-ce si absurde que la France s’épanche si cruellement dans ses territoires post-coloniaux ? Ne méritons pas du beau en réponse à la cruauté des fonds verts et des cinéastes modernes que la porosité de l’image n’intéresse plus ? Rien n’incarne autant cette tension que Benoît Magimel, qui livre sans aucun doute une des performances les plus fortes de sa longue et méritante carrière. Il y a-t-il corps plus formidable dans le cinéma français d’aujourd’hui ? Gueule cassée au charme irrésistible d’ancien modèle sur le retour, ancré dans le sol, puissant et d’une sûreté de soi en perpétuel combat avec sa fragilité indépassable. Ce rôle de maire de dessin animé, à la fois surpuissant et incapable de comprendre son entourage, sur-présent et fantomatique, habité et vide est ce qu’un acteur français a campé de mieux depuis des années.

    Comme son titre en fusion nouvelle de deux mots, Pacifiction crée un cinéma inédit devant nous en mêlant ce que l’on connait déjà. Il ne s’agit pas de simplement remanier des thèmes connus, mais de les transmuter par leurs différences et leurs points de rapprochement. On pourrait qualifier Pacifiction de rencontre entre le Weerasethekul psychédélique de Tropical Malady et le De Palma paranoïaque de Blow Out, mais ce serait affadir sa puissance novatrice et alchimique.

    Il y a une scène vers la fin du film qui réunit l’essence de cet entre-deux. Dans une boîte de nuit inquiétante, remplie de soldats à demi-nus prêts à faire exploser des torpilles nucléaires, leur chef est au comptoir, ivre. La musique y est lourde, puissante, angoissante, la lumière bleutée donne au tout une puissance de cauchemar dans une dernière heure ou la logique scénaristique a disparue pour laisser place une sensorialité pure. Sans prévenir le spectateur ou les personnages, la musique change, laissant place à une sortie de variété des années 50. Le colonel se met alors à danser seul, puissance éthérée par l’alcool, dans une parenthèse mi-comique mi-horrifique. Une minute plus tard, la musique s’arrête et le martèlement électronique reprend, sans plus de raison scénaristique ou métaphorique. Cette rupture choque, questionne, martèle, crispe ou perturbe, le film se rend alors autre à lui-même, dans une confusion poétique, créant des étincelles par son propre illogisme. Par la comparaison avec ce qui la précède et lui suit, cette séquence impose un malaise qu’elle n’aurait jamais pu amener seule tout comme elle renforce l’oppression sensorielle qui suit.

    Pacifiction est un film aussi maîtrisé qu’imprévisible, sa réalisation modèle ne puisant que plus de puissance dans la surprise perpétuelle de son déroulé. Quelque part entre l’artifice et le sauvage, entre le cinéma vérité et la (paci)fiction la plus opaque et écrite, entre le signe et son signifiant. En sublimant ainsi l’absurdité et la fausseté de l’image et en l’habitant par l’incarnation si forte de ses acteurs, Albert Serra lui redonne une mystique. C’est un film rare qui croit autant dans le médium cinéma que dans ses spectateurs, qui croit en lui comme en nous, qui croit que le cinéma n’est ni mort ni malade et cherche encore et encore à le réinventer. Pacifiction est à la fois miracle et sidération, créateur d'une nouvelle forme d’expression et de sensations que la salle de cinéma (et donc la vie) n’avait encore jamais porté.
    Casper2020
    Casper2020

    7 abonnés 3 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2022
    Je n'ai jamais rien vu de tel, ça paraîtra un peu long à certain mais le film imprime le cerveau comme rarement. Des moments d'un esthétisme impressionnant, magimel et les autres acteurs sont exceptionnels, l'histoire est totalement tripée (pas sûr qu'il y ait un scénario à la base), mais c'est à mon sens un film à ne louper sous aucun prétexte.
    fragacha
    fragacha

    7 abonnés 8 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 novembre 2022
    Je ne vais pas essayer d'écrire quelque chose d'intelligent, juste un mot d'avertissement pour les éventuels spectateurs qui trainent ici.

    Radicalement déroutant, le film contrarie souvent, mais surtout impressionne.

    Ça me parait 10 000 pieds au dessus du reste du cinéma actuel (ou même passé -je regarde tout genre de tout pays et toutes époques depuis une trentaine d'année- par exemple j'aime bien John Gianvito et Henri Pouctal, mais reste insensible à Lav Diaz, pour dire que j'ai des éléments de comparaison). Depuis Histoire de ma mort je considérais Serra comme le plus important des cinéastes à mes yeux, le principal à faire avancer le cinéma qui m'intéresse.

    Attention, le noyau dur du film est un petit peu sombre. Ce n'est pas une pure comédie de divertissement, plutôt une pièce retorse et bien murie, extrêmement élégante. J'attends de me remettre de la première séance pour y retourner.
    Iamcarloupette
    Iamcarloupette

    2 abonnés 2 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2022
    PACIFICTION - TOURMENT SUR LES ÎLES - Un film sublime et audacieux ! A ne pas rater en salles de cinéma, donne envie de se balader en chemise à fleurs et lunettes de soleil dans les rues de Paris.
    Régine
    Régine

    1 abonné 1 critique Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2022
    C'est un film envoûtant avec un très beau et très grand geste de cinéma. J'ai adoré ce film, son atmosphère, ses images, ses acteurs et ce climat d'inquiétude et de paranoïa que le metteur en scène installe au fil des plans.
    virgileblacksmann
    virgileblacksmann

    21 abonnés 56 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 février 2023
    Ah tiens je n'avais pas donné mon avis sur Pacifiction quand je l'ai vu... l'année dernière, le 11/11/22 précisément? Non. Bref revenons au film, vu il y a un peu de temps, et surtout à l'acteur, Benoît Magimel. Pacifiction est un film lent, déroutant, beau. Les personnages ne sont pas expliqués, contextualisés, présentés. Le garçon (très) efféminé est un garçon très efféminé, on n'en saura pas plus. Aucune frasque sexuelle ne sera tirée de cette ambivalence. Les acteurs sonnent parfois faux, à la limite de la "gênance". En musique, on dit que "ça frotte", quand deux notes énoncées en même temps n'ont pas la même tonalité. Et pourtant ça passe. Magimel, au milieu de tout ça, l'un des seuls professionnels de l'équipe, plane en "De Niro" local, et c'est bien de De Niro que je parle. On pourrait évoquer aussi Al Pacino, Niels Arestrup, Jack Nicholson. Le type se pose là, avec une espèce de malaisance à bouger, mais potentiellement dangereux. Et de mauvais goût, si l'on en juge par ses costumes clairs qui accentuent l'embonpoint. On ne sait jamais ce qu'il va faire, et ce dont il serait capable. Le scénario veut ça, l'acteur arrive avec son assurance, et fait le film. Film qui, sans Magimel, aurait certainement paru plus long. Ou n'aurait certainement pas été tourné. Alors bravo Magimel Benoît pour ton césar
    juliak
    juliak

    1 critique Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2022
    Éblouissant. Ce film m'a non seulement illuminé l'esprit et le corps mais à révélé des parts de moi-même que je ne connaissais pas encore.

    Benoît Magimel, avec son allure toujours aussi fière et sophistiquée, m'a fait frémir de bonheur. C'est beau, c'est bien filmé, c'est bien écrit, c'est bien joué, bref ça a de la gueule comme un dimanche sous le soleil des tropiques.

    Ma grande tante m'a convaincu d'aller voir ce film dont je n'avais pas entendu parler jusqu'à présent. Le reste est rentré dans l'histoire...
    cinono1
    cinono1

    311 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 juin 2023
    Les qualités du film sont immenses, la photographie magnifie la beauté initiale des lieux, la sensation que les choses arrivent en temps réel, que le réalisateur a une vision profonde d'un monde et d'une organisation qu'il dépeint tantot par un réalisme et un sens du détail , tantot par des métaphores. Enfin l'interprétation de Benoît Magimel en haut fonctionnaire dans un mélange de suavité et d'inquiétude touche au grand art. On peut ergoter sur la longueur du film, le peu de rebondissements narratifs et quelques passages étranges mais ce film sur la fin d'un monde, et même s'il est parfois difficile et a divisé, est incroyablement riche et mérite bien les éloges qu'il a reçu
    JB D
    JB D

    8 abonnés 34 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 février 2023
    Une caméra glisse lentement dans le couchant rose de la Polynésie, en un long travelling sur des containers internationaux. Cette fabuleuse entrée en matière est déjà engourdie d’un rythme de tropiques ensorcelantes, comme si l’image s’abandonnait dans le plaisir de la couleur. Beaucoup à dire sur « Pacifiction », sans trop savoir comment ; peut-être par les couleurs justement, par la lumière. Etrange rencontre de l’île, de la colonie, de la langue, avec un cinéaste européen qui n’a eu de cesse de filmer des états transitoires, entre l’extase et la catatonie. Serra est le filmeur de ce qui s’apprête à mourir, ou à s’évanouir. Ode à la fin de quelque chose, la ballade dans la pampa d’un Don Quichotte réinventé dans « Honor de cavalleria » (son premier film, et certainement l’un des plus beaux du cinéma européen des années 2000), attestait déjà d’un regard éclatant et d’une attention à la matière, au transport des images. Tourné dans un numérique archaïque repassé sur pellicule, « Honor de cavalleria » était cette sorte de rêve de cinéma fait de silence, d’éternelles marches dans les blés, d’assoupissements. Et puis la langue surgissait soudain au bout d’une heure, comme une fonction primitive.

    Cette insouciance à l’oeuvre s’est noircie avec plusieurs films radicaux et plus ou moins aimables ; et « Pacifiction » offre enfin un retour vers les vertiges de l’image, vers la mollesse, la lenteur, l’engourdissement, dont il semble faire l’éloge. Ce qui flamboie dans le plan, ce sont les pièges de la carte postale (ce roman-photo de l’exotisme colonial), les couchers de soleil, le plaisir que l’on ne peut réfréner à tomber dans le cliché, car ce bonheur-là est inévitable : il est une matière naturelle, propagée, environnante. Serra, en alchimiste inspiré, n’en a pas peur. Il s’en sert pour peindre un tableau qui ne cherche pas Gauguin mais tout un mythe sur les planqués de la République, déambulant en roue libre dans les sortilèges des Terres lointaines : en ça le film prend le parti magnifique d’une secrète comédie, d’un cinéma muté outre-mer. Serra créé pour cela un personnage inoubliable, un fantoche divaguant dans le rose et le vert, et lui met en bouche la langue si familière et secrète des gens d’importance. En Haut-Commissaire de la République, Magimel campe une figure invisible au cinéma, à laquelle on dédie enfin le parler : parler mécanique, fait d’arrangements, de courbettes et de flagornerie - une langue qui brasse de l’air, ne disant rien tout en se faisant parfaitement comprendre. Langue belle et triste car elle a contaminé l’île, et ce faisant la langue des hommes, originelle.

    Et pourtant qu’est-ce donc qui nous fait suivre et comprendre, derrière la mascarade, ce personnage de mauvais roman de gare? Qu’est-ce donc qui hypnotise et rend à la langue diplomatique une beauté sauvage, la sonorité presque lumineuse d’un psaume? C’est une langue explorée comme un terrain fictionnel, tout en décalage. Là est la fiction du titre, qui ne ment pas sur son aspect ludique. Mais ce qu’il y a de drôle ici est un rire du « malgré soi », une sorte d’accident ; on se prête à sourire ou à rire face à ce personnage qui échappe aux définitions, parce que nous ne serons jamais lui. C’est en ça un pur personnage de cinéma : il est d’un réel qui n’existe pas, et on ne peut rien projeter en lui, sur lui. Il n’est ni bon ni mal, et sa fonction politique n’a aucune emprise sur les relations entre les hommes, les femmes, et surtout Shana, travestie d’une beauté sculpturale de laquelle il s’entoure comme une alliée platonique - ou bien n’est-elle que son reflet dans l’eau.

    La langue comme outil de communication qui permet de rester en équilibre au-dessus du vide : derrière la grotesque pantomime d’un pouvoir de petit veilleur, se cache l’ombre d’un homme, sa solitude, son besoin de rester éveillé. La sieste est un poison fatal pour l’homme seul. Le sens du parler est déconnecté du réel mais nous l’entendons, comme rarement au cinéma ; beauté du vocable, des façons de dire et de se mouvoir avec les mots, et quelque part, réalité de la langue parce qu’elle est enfin entendue en tant que sujet. La solitude, bien sûr, est le thème qui donne au discours une force si particulière, et au film tout son mystère et son enveloppe de fin du monde - le prétexte paranoïaque d’une possible reprise des essais nucléaires sur l’archipel donnant au récit le contrechamp invisible d’une terreur historique et d’un éternel retour au chaos.

    « Pacifiction » s’offre comme une machine à fantasmes, un miroir aux alouettes jetant des flammes intermittentes ; on se perd à aimer ce personnage impossible que l’on croirait sorti d’un dessin moqueur. Les images du chef opérateur Artur Tort se donnent comme des quêtes d’absolus noyées dans la torpeur d’un alcool à la pause méridienne. Le film a cette beauté secrète des mondes lointains, antiques, témoin désespéré d’un paradis perdu, d’une Nature fourvoyée par la mécanique des hommes. Mais au milieu vit une utopie, qui est la poésie du regard. Le rhum et la sueur ne sont plus qu’un, et le vertige de l’alcool/de l’image une seule et même idée. La longue nuit qui s’impose petit à petit permet de refermer le monde sur ses personnages, pris dans l’hallucination collective d’une éternité tropicale, ahurissante. Génial plan final où, partant du hors-bord en mer, la caméra glisse sur le remou rapide de l’eau, qu’une lampe de signalisation éclaire d’un rouge cru. D’un coup, on croirait voir le Styx s’ouvrir vers les enfers. Coup de génie, le nouveau film d’Albert Serra rappelle que le cinéma est définitivement une affaire de (tristes) tropiques.
    BERNARD GOLDBERG
    BERNARD GOLDBERG

    2 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 novembre 2022
    Magnifique film. Belle mise en scène, Magimel formidable ainsi que les autres acteurs et ceci dans un paysage à couper le souffle.
    ffred
    ffred

    1 745 abonnés 4 028 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 février 2023
    D’Albert Serra j’avais adoré La mort de Louis XIV. Pacification, tourment sur les îles en est bien loin mais les deux films ont quelques points communs. Une lenteur assumée, une ambiance, une fascination. La mise en scène est magnifique, le scénario on ne peut plus mystérieux. Les deux alliés nous offrent quelque chose d’envoutant, de surréaliste et de poétique. A tel point que j’ai pensé parfois à du David Lynch. Tous les personnages sont énigmatiques. Du haut-commissaire de la république, Benoît Magimel magistral, au tenancier du bar glauque du coin, Sergi Lopez, toujours impeccable, en passant par une jeune femme, Pahoa Mahagafanau, dont on ne comprend jamais vraiment qu’elle est sa place dans cette histoire. D’ailleurs, il n’y a pas vraiment d’intrigue. Le récit s’étire mollement dans un environnement aussi moite que nébuleux, sur fond d’espionnage des grandes puissances et de reprise des essais nucléaires. Il ne faut pas essayer de trop comprendre et juste se laisser porter. Techniquement, c’est superbe. Les images sont magnifiques et un soin particulier a été apporté au son. On en ressort aussi hypnotisé que séduit et envouté. Le réalisateur espagnol nous gratifie une fois de plus d’un film difficile d’accès, de ceux qui se méritent. J’ai donc adoré et n’ai pas vu passé les 2h45 vues d’une seule traite. Une expérience sensuelle et sensorielle qui en fait l’un des meilleurs films de l’an passé. Superbe et fascinant.
    Patricia D.
    Patricia D.

    77 abonnés 181 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 13 janvier 2023
    De Roller, interprété par Benoît Magimel, est Haut-Commissaire de la République à Tahiti. Pendant près de trois heures, le film s'étire sur de magnifiques paysages et il ne se passe rien, juste une rumeur de reprise d'essais nucléaires. Et le film est captivant.
    On suit De Roller toujours très à l'aise, avec les populations locales ou un amiral de la marine française, en extérieur ou en discothèque. Benoît Magimel est de toutes les séquences, grandiose et inquiétant, animal et évident, puissant et sensible.
    Ce film est un bijou baroque.
    Juleslapeuf
    Juleslapeuf

    3 abonnés 142 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 mai 2024
    Dans un cadre idyllique, le haut-commissaire De Roller prend la température de la violence latente sur son île. A la rencontre de plusieurs personnalités de l'archipel, il se rend compte qu'il est évincé des projets politiques en cours. En fait, on a le portrait d'un personnage (Benoît Magimel) à contre-courant de son entourage, constamment en costume blanc - rappelant la colonisation - et mocassins/espadrilles, esseulé. Serra arrive à mettre à l'écran la lenteur, à ralentir le temps, à nous donner à voir l'attente, par des moyens différents : des silences, le son de la pluie, des plans longs et épurés. Et finalement, le film ne nous dit rien sur les personnages, il suppose, et on adore ce mystère qui fait toute l’œuvre d'art.
    Du grand jeu d'acteur, un moment génial. Super film
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