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mem94mem
121 abonnés
577 critiques
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4,0
Publiée le 12 novembre 2022
Voilà plusieurs films que j'ai trouvé la clef de lecture des films d'Albert Serra, qui peuvent paraître hermétiques. On comprend qu'il s'agit de luttes afin d'obtenir des informations classées défense, concernant des essais nucléaires. Benoît Magimel arrive à cacher ce qu'il pense et ce qu'il sait éventuellement. Son ambiguïté est extraordinaire. La tension règne souvent, on soupçonne tout le monde et la paranoïa s'installe. C'est très bien filmé y compris les scènes de vagues, avec souvent trois caméras. J'ai trouvé le film puissant, un film que je ne suis pas près d'oublier.
Un film qui impose une temporalité lente pour nous promener dans les magnifiques paysages insulaires en suivant B. Magimel dans le rôle du représentant de l'Etat. Si l'on accepte d'entrer dans la démarche, les 2h45 passent vite. Une remarquable réussite.
Porté par un Benoît Magimel absolument magistral dans son rôle de Haut-commissaire en Polynésie française, Pacifiction est un film incroyable, qui raconte avec une acuité folle et sans être jamais démonstratif quelque chose des territoires marginaux de notre république, mais aussi quelque chose de l’état du monde et des jeux d’influence ayant lieu à des milliers de kilomètres de la métropole, au beau milieu du Pacifique. Superbement mis en scène, nimbé de paysages à la fois sublimes et pleins de mystères, Pacifiction est aussi une fable féroce et souvent drôle sur la fragilité de l’action politique et l’illusion du pouvoir. Des seconds rôles tout à fait remarquables. Seul bémol : 45 minutes de trop sur un film d’une durée… de 2h45.
La bande annonce de ce film m'a tout de suite intéressée. Après, en voyant la durée totale, presque trois heures, et les critiques négatives de certains spectateurs, cela m'a refroidie. J'ai quand même voulu tenter l'expérience et je suis contente de l'avoir fait. Ce film m'a beaucoup plu. L'acteur principal est remarquable dans ce rôle et surtout j'ai énormément apprécié l'ambiance envoûtante du film. Dès le début, j'ai été embarquée et captivée par le récit. Aucun ennui malgré la longueur. Il y a du suspense, du mystère et certaines scènes sont même assez drôles.
Le haut-commissaire avec sa Mercedes hante une Polynésie nonchalante et trouble. Magimel porte son costard blanc imperturbablement dans tous les recoins de l'île. Il est le représentant de l'Etat mais doute de son omnipotence et partage ses doutes avec les polynésiens. L'atmosphère est troublante, avec son amie travestie, l'Amiral alcoolique, ces chippendales si peu sensuels,... Les rumeurs contemporaines de reprise des essais nucléaires créent un malaise indéfinissable qui couve. Impressionnante séquence de ces surfeurs face à ces incroyables vagues géantes! Magnifique survol de ces îles, de ces lagons, de ses barrières de corail! Il est obligé de se perdre en salamalecs, de rappeler qu'il a des passe-droits, qu'il est capable d'aller où le vent soufflera, qu'il a la France derrière lui : mais l'ambiguité est totale.... Magistral!
Régulièrement le jury cannois récompense des bouses et écarte des grands films. Il a fait très fort cette année à cet egard ! Pacifiction est un film immense comme ca faisait bien longtemps que je n’ en avais vu. C’est un film politique qui montre les forces à l’œuvre dans un microcosme polynésien avec toute transposition possible (la tirade du haut-commissaire dans la dernière demi-heure dit tout à ce sujet). La réalisation et la photo sont époustouflantes. Aucun loupé dans l’interprétation. Et surtout du temps. Cette valeur cardinale du cinéma contrairement à la télévision qui n’en a jamais. Le film installe le temps et s’installe dans le temps. Et on est soi-même happé avec bonheur dans cet espace-temps.
C’est un film unique, atypique, singulier, porté par une mise en scène qui s’évanouit comme les ombres qu’affronte un haut dignitaire français dans une île de la Polynésie française. Elle n’a plus rien du paradis d’autrefois. A Tahiti où De Roller doit garder l’emprise coloniale sous bonne garde, malgré la révolte qui sourd dans la population locale, et les messages sibyllins que Paris lui envoie, et qu’il n’arrive pas à décrypter. L’un d’entre eux fait état d’une possible reprise des essais nucléaires sur l’île. Tient-t-il encore les clés du pouvoir quand peu à peu son entourage devient suspect. Emissaire étranger, diplomate en goguette, et cet amiral qui conduit ses hommes au bordel avant de leur rappeler ce pourquoi ils sont là . Une énigme supplémentaire qui renforce la beauté de cette mise en scène qui joue sur des décors idylliques et les rend incertains, inquiétants, dangereux. Des paradis perdus, un pouvoir écorné, un monde qui s’écroule. Un grand film, visionnaire… AVIS BONUS Un bel entretien avec le réalisateur Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Malgré son rythme que je qualifierais de somnambulique car il ne ménage aucun véritable rebondissement ou scène d'action, Pacifiction est resté avec moi longtemps après que je l'ai vu, comme une impression difficile à saisir. Il y a en effet dans cette histoire de tests nucléaires en Polynésie française une atmosphère étrange et entêtante, qui tient aussi à une bande originale très réussie, à une cinématographie du plus bel effet, et à un Benoît Magimel extraordinaire de vérité. Sans certitude, j'aurais tendance à penser que Pacifiction est une fable sur l'aveuglement du pouvoir et l'impasse de la politique quand il s'agit de traiter de problèmes urgents et vitaux ; il peut ainsi très bien être vu comme une allégorie pessimiste sur le réchauffement climatique, ce qui le rend encore plus nécessaire.
Ce film est une expérience, certes très longue mais, si vous avez une appétence particulière pour la Polynésie française, vous y trouverez votre compte. Magimel est magique et colle complètement au personnage joué. La fin laisse à désirer mais il faut prendre ce film pour ce qu'il est, expérimental.
Albert Serra livre un film admirable. La beauté lancinante des îles, peuplées de créatures: hommes politiques, espions étrangers, vahinés ambitieuses, danseurs et capitaines fous.
En sortant, j'ai cru n'avoir aimé le film que moyennement, un peu embarrassé par les postures radical-chic d'Albert Serra. Et puis avec le temps, les images et les sensations persistent comme après un film exceptionnel. La qualité des comédiens, la justesse du découpage, la puissance physique du pays filmé, font émerger un sentiment de l'emprise coloniale et de l'arrogance impériale avec une force d'autant plus inouïe que tout cela avance sans avoir l'air d'y toucher. On est comme englué dans les décors, les lumières, la touffeur pacifique. Benoît Magimel, le costard de travers, en haut-commissaire onctueux et épuisé génère un effroi tranquille, tout comme Marc Susini, en amiral aux danses lascives, distille une détermination toxique, celle d'une puissance nucléaire décadente, vaine et cruelle. Et c'est très fort.
Albert Serra signe avec pacifiction, un film absolument fascinant d'une grande lenteur, esthétiquement remarquable, qui rappelle le cinéma de Wheerasethakul et de Tsai Min-Liang mais aussi les univers lancinants et cauchemardesques de Lynch, notamment dans sa dernière partie. Le propos éminemment politique donne lieu à des scènes de dialogues remarquablement écrites qui finissent par trouver tout leur sens dans une dernière scène d'une grande puissance symbolique. Au milieu de cet eden poisseux et onirique, Benoît Magimel livre une prestation remarquable, incarnant un personnage particulièrement ambigu et fascinant. Sublime et atmosphérique, Pacifiction est sans aucun doute l'un des films majeurs de cette année qui aurait amplement mérite d'être récompensé à Cannes.
D'Albert Serra, je n'avais vu que son film Honor de Cavalleria et en avait gardé un souvenir ennuyé. Rien de tel ici, grâce notamment à l'incroyable interprétation de Magimel, le film nous emporte très vite dans une description aussi réaliste qu'étrange des enjeux de pouvoir et des relations sociales. Tout sonne à la fois juste comme un documentaire et décalé, fascinant, alangui comme un film de Fassbinder ou de Duras. On cherche à percer un secret qui nous échappe en grande partie et le film avance dans une atmosphère d'espionnage moite et pour quelquefois abscons (mais le réel lui même est complexe et obscure). Malgré tout, la fin du film pour moi ne tient pas ses promesses. Le dernier quart tourne un peu en rond et le désintérêt guette. Mais qu'importe, j'en retiens la puissance d'incarnation de Magimel (tellement juste dans cette capacité à parler de tout, à tout le monde...), l'étrangeté queer de toute une galerie de personnages, la magnifique séquence de surf et la menace mystérieuse d'un sous-marin invisible.
Merveilleux film où des lumières étranges viennent surprendre un monde politique glauque. Tant que le film est focalisé sur le personnage de Benoit Magimel (ce qui est généralement, le cas), il confine à la maitrise absolue.
Une véritable masterclass, incomparable à quoi que ce soit d'autre. Un film/docu sur le micmac des colonies françaises et de ses autorités représentantes qui ne plaira clairement pas à tout le monde. Reste uniquement les 10/20% d'audimat qui cherche quelque chose de particulier à vivre en tant que réelle expérience cinématographique. Et c'est ici toute la réussite de ce film. Dans son naturel, ses hésitations, sa lenteur et ses improvisations, il nous transporte dans cette réalité des magouilles politico-judiciaires et ses jeux de faux-semblants outre-Atlantique. Toutes ces belles colonies qui servent encore à assouvir sous drapeau Bleu-Blanc-Rouge les plus bas instincts de nos hauts dignitaires brocardés spoiler: (ici le test d'armes atomiques à proximité des populations malgré les retombés radioactives, cancers et autres problèmes qui y sont liés). Une fin aussi inéluctable que la réalité du système qui nous entoure. Magistralement orchestré, excellement réalisé, et sublimement interprété. D'une extrême subtilité, franchement une partition superbement maîtrisé