La Balance est un petit polar violent, roublard, qui rappelle un peu le cinéma de José Pinheiro à l’époque, avec un peu plus de maturité scénaristique, même si au final, c’est relativement maladroit.
Le métrage se laisse suivre sans déplaisir, bénéficiant d’un rythme soutenu, d’action, et surtout de l’intéressant et original couple formé par Baye et Léotard. S’éloignant des clichés et des facilités, ce couple amène de l’épaisseur au propos, et vient tirer ce film de la simple série B d’action. On notera d’ailleurs que les deux acteurs ont reçu pour leurs rôles chacun un césar, et cela peut se comprendre tant c’est eux qui font l’intérêt premier de La Balance. Pour le reste, le film est très ancré dans son époque, et montre les « facilités » de la police, pas toujours si éloignée dans ses pratiques de celles des bandits. L’ensemble donne quand même souvent le sentiment d’être un peu lourd et caricatural au niveau de l’enquête et de la confrontation policiers-bandits.
Au casting, outre Baye et Léotard, on trouve des têtes connues, notamment dans des seconds rôles, avec pas mal de choses curieuses. Florent Pagny par exemple (méconnaissable), le vétéran Maurice Ronet, un Tchéky Karyo toujours excellent en méchant, et Richard Berry dans la peau de l’inspecteur. Je l’ai trouvé en retrait dans ce film, pas vraiment à l’aise, sans doute un peu éteint par le duo Baye-Léotard. Dommage.
Formellement, Swaim livre un métrage marqué par les eighties à tous les niveaux. Scènes d’action « trashouilles » mais moyennement exécutées (n’est pas Walter Hill qui veut), gros flingues, prostituées à tous les coins de rues, ambiance néons et trottoirs poisseux, tout cela sur un fond musical rétro mais pas déplaisant, La Balance est un polar urbain à l’allure parfois un peu bordélique. Ça tend à s’agiter, à être saccadé niveau mise en scène, tout cela pour faire oublier le « polar de papa » et mettre un pied dans les années 80, mais ce n’est pas forcément ultra bien maitrisé.
Bon, ça reste du polar plaisant, parfois drôle par ses excès mais assez roublard et bien interprété pour séduire le spectateur d’aujourd’hui à l’exigence