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    Le Temps D’Aimer
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Temps D’Aimer" et de son tournage !

    Naissance du projet

    Le point de départ du Temps d'aimer trouve son origine dans l’histoire de la grand-mère de Katell Quillévéré, qui a toujours fait sentir qu'elle avait un secret. La réalisatrice a aussi toujours su, confusément, qu’il fallait ne lui poser aucune question et respecter son silence... Jusqu’à ce que quelqu'un d'extérieur à la famille, en l’occurrence son compagnon, l'a aidée à découvrir la vérité. Elle explique : "Pendant l’occupation, elle a eu une relation avec un soldat allemand dont elle est tombée enceinte. Elle s’est retrouvée mère célibataire à 17 ans."

    "Elle a rencontré mon grand-père quatre ans plus tard, sur une plage en Bretagne. Il était d’un milieu social beaucoup plus aisé que le sien. Il l’a épousée contre l’avis de ses parents et a adopté son enfant. Le secret de la vraie paternité de cet enfant, a été découvert très tard. Ma grand-mère avait plus de quatre-vingts ans et mon grand-père était mort depuis très longtemps. Leur couple et son mystère me questionnera toujours… Il y a donc ce point de départ très personnel, puis l’imagination a totalement pris le relais et le scénario est devenu une fiction…"

    Cannes 2023

    Le film a été présenté à Cannes Première au Festival de Cannes 2023. Katell Quillévéré est familière de la croisette puisque son court métrage À bras le corps (2005) y a été sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs et Suzanne (2013) en ouverture de la Semaine de la critique.

    Le couple et son mystère

    Katell Quillévéré a écrit le scénario avec Gilles Taurand, avec qui elle avait déjà adapté Réparer les vivants, le roman de Maylis de Kerangal. Au cœur de leur désir d’écriture, il y avait la question du couple et son mystère. La cinéaste précise : "Le couple comme une fiction que l'on invente à deux, à laquelle on décide de croire, de se vouer, pour des raisons qui parfois nous échappent, une "folie à deux" comme l'écrit Roland Barthes. Qu’est-ce qui peut aimanter une jeune serveuse de restaurant, une "fille mère" comme on disait avant, et un étudiant de bonne famille, quelque peu mélancolique et désœuvré ?"

    "On a imaginé dans cette rencontre fortuite quelque chose de précipité, comme s’ils étaient l’un et l’autre en cavale. Immédiatement, sans doute inconsciemment, une part d'eux-mêmes se reconnait en l'autre. Sans doute la part blessée, la part inconsolable et honteuse qui doit être cachée pour survivre."

    Le traumatisme de la tonte

    Le traumatisme de la tonte est fondateur dans le parcours de Madeleine. Katell Quillévéré a regardé beaucoup d’archives autour des tontes pour réfléchir à la représentation de ce moment par la fiction. La réalisatrice a très vite réalisé qu'elle ne pourrait jamais être à la hauteur de la puissance qui surgissait de ces images. Elle confie : "D’ailleurs, je n’avais plus aucun désir de les reconstituer. Avec Jean-Baptiste Morin, monteur du film, nous avons donc décidé de construire un récit à partir de toutes les archives de tonte qui pouvaient exister dans les fonds d’archives françaises, américaines, anglaises…"

    "C’était devenu essentiel pour moi d’ancrer ma fiction dans ce réel. Ça me semblait nécessaire pour que le spectateur prenne vraiment la mesure du traumatisme qu’ont représenté ces actes d’une immense violence. Ils n’ont pas du tout été suffisamment pensés, travaillés par notre société. D’ailleurs la plupart des images que je montre n’ont jamais été vues par personne. À partir de là, le sens de mon film est aussi devenu évident. Que devient une femme une fois qu’elle a vécu ça ? Une fois qu’elle rentre chez elle, le crâne rasé, profondément humiliée. C’est dans cet « après » que démarre la fiction."

    "Le Temps d'aimer raconte la vie d’une femme, Madeleine, qui a vécu ce traumatisme. Il imagine son parcours affectif, sexuel et social vers la résilience. Car la pulsion de vie de Madeleine l’emporte toujours."

    Le choix Vincent et Anaïs

    Katell Quillévéré n'a pas écrit Le Temps d'aimer en pensant à des acteurs. Le casting s'est passé après la finalisation du scénario : la cinéaste recherchait des comédiens autour de la jeune trentaine, et Vincent et Anaïs sont parmi les plus talentueux de leur génération. "Je voulais leur proposer des rôles qui soient loin d’eux, de façon à ce qu’ils soient surpris – et avec eux, les spectateurs. Vincent, je lui ai vraiment demandé de se déplacer dans son jeu. Il fait un travail de composition très délicat et parvient à toucher à la vérité intime de son personnage. Il m’a bouleversée dans sa capacité d’abandon."

    "Anaïs a une partition très difficile car le rôle de Madeleine inspire des sentiments ambivalents au spectateur. Elle m’a énormément impressionnée. C’est une actrice d’une précision et d’une profondeur exceptionnelle."

    Se documenter

    Pour la préparation, Katell Quillévéré a mis en place, pour toute l’équipe du film, une plateforme de documentation, avec beaucoup de photos de l’époque. Les comédiens pouvaient par exemple accéder à des images de Châteauroux, des G.I., des dancings... Pour sentir l’atmosphère des lieux et de cette période. Anaïs Demoustier se rappelle : "J’ai également regardé énormément d’images de femmes se faisant tondre. Ce sont des images très fortes, très émouvantes et très dures. Je n’ai pas eu besoin de me documenter davantage."

    "Pour appréhender un personnage, j’essaye toujours de le comprendre le mieux possible, d’analyser tous les mouvements qui constituent son trajet. Je suis rentrée vraiment dans le travail avec le scénario, qui était extrêmement bien écrit."

    Douglas Sirk comme influence

    Le titre évoque Douglas Sirk. Pourtant, Le Temps d'aimer est loin d'être un mélo. Toutefois, pour Katell Quillévéré, son long métrage est une variation autour du genre du mélodrame, et le célèbre réalisateur de Mirage de la vieTout ce que le ciel permet et Le Temps d'aimer et le Temps de mourir a constitué pour la réalisatrice une influence déterminante. Elle explique : "Tout ce qui constitue l’ADN du genre y est présent : des personnages qui s’unissent alors que tout les oppose, un récit romanesque qui oscille entre moments de joie et moments de détresse, la menace constante que la catastrophe arrive…"

    "Et en même temps, de nombreux éléments viennent contredire le genre. Notamment dans la nature très pudique de la relation à l’émotion. Elle n’est pas imposée par la forme du film, dont l’esthétique est souvent à l’opposé de ce que le genre du mélo induirait spontanément. Tout le film est à l’épaule, aucun mouvement de machinerie sophistiqué, des décors naturels plutôt que du studio, bref un dispositif léger et ultra moderne. Le film contient un énorme travail de reconstitution, notamment à travers ses décors et ses costumes, mais tout l’enjeu était de filmer cette histoire comme si elle se passait aujourd’hui."

    Retrouvailles

    Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste se sont déjà donné la réplique dans Fumer fait tousser.

    La scène d’amour à trois

    Pour Katell Quillévéré, les scènes de sexe les plus réussies au cinéma sont celles qui ont un enjeu narratif fort, ou qui parviennent à exprimer quelque chose de l’ordre de l’indicible chez les personnages. Elle explique : "Dans la scène d’amour à trois, la complicité de Madeleine et François s’exprime comme jamais. Ils se risquent ensemble pour tenter de dépasser leurs divergences sexuelles, mais ils échouent."

    "Dans la scène de la pissotière, je voulais que François nous apparaisse pour la seule et unique fois du film, dans un état d’abandon absolu, comme s’il était enfin lui-même dans les bras de ce jeune homme…"

    Anaïs Demoustier poursuit : "On ne peut pas éluder ces questions dans Le Temps D'Aimer. Il y a de la frustration chez ces deux personnages. Le nœud du film est leur épanouissement sexuel. Il faut raconter cela concrètement, physiquement, avec des corps. La charge érotique est importante. Tout en étant assez pudiques, les scènes de sexe se déroulent rarement si longuement au cinéma." Son partenaire de jeu Vincent Lacoste ajoute :

    "Les scènes de sexe étaient très écrites et chorégraphiées. Elles étaient claires sur ce qu’elles racontent. Nous en avons beaucoup parlé en amont. L’important était que tout le monde se sente à l’aise. Elles sont intenses, et en même temps, on ne voit rien."

    Le temps qui passe

    Son personnage évoluant au fil du 20ème siècle, Anaïs Demoustier a porté quelques petites prothèses sur le visage et différentes perruques. Elle se rappelle : "J’ai adoré avoir à travailler cette notion du temps qui passe. Comment évolue le rapport avec son partenaire ? Comment traverse-t-on les difficultés ? J’ai vraiment eu l’impression d’épouser la vie d’une femme. Il s’agit d’un travail assez subtil dans le jeu. Cela a à voir avec le rythme. Plus le film avançait, plus j’essayais de me ralentir un peu, comme si mon énergie était plus lourde."

    Moins 10 kilos pour Vincent Lacoste !

    Vincent Lacoste incarne François, un jeune homme brillant qui tombe amoureux d’une femme, tout en aimant les hommes. Pour se glisser dans la peau de ce personnage vivant dans la peur à une époque où l’homosexualité est un délit en France, l'acteur a perdu 10 kilos : "Katell Quillévéré voulait que je perde du poids. J’ai évité les féculents, le pain, et l’alcool. C’était assez drastique", se rappelle-t-il. Anaïs Demoustier ajoute : "Il a beaucoup maigri pour le rôle. Vincent aime énormément manger du saucisson et boire de l’alcool, donc il a fait beaucoup d’efforts !"

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