Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "The Deep House" et de son tournage !

Genèse

C’est lors d’une promenade que l’idée de The Deep House est née, comme l’explique Alexandre Bustillo : « Avec Julien, on adore se balader et se pitcher des idées […]. C’est donc en marchant tous les deux qu’on s’est rendu compte qu’on aimait les films de maison hantée et les films sous l’eau – et qu’on a eu envie de réunir les deux. Le soir même, on avait le titre avec le pitch : “et si on enfermait deux plongeurs sous l’eau ?”. On a ensuite démarché notre producteur avec cette simple accroche. »

L’eau

The Deep House repose sur l’aspect à la fois réconfortant (car renvoyant au liquide amniotique) et onirique de l’eau mais aussi dangereux et anxiogène. Julien Maury explique : « C’est un élément assez peu exploité au cinéma : les films qui se passent sous l’eau ne sont pas nombreux et ceux qui existent sont souvent réalisés en images de synthèse car c’est très difficile de tourner sous l’eau. »

L'évolution du projet

The Deep House devait à l’origine se dérouler intégralement sous l’eau, sans scène sur la terre ferme et sans dialogue (les personnages devaient communiquer en langue des signes). Mais les réalisateurs se sont rendus compte que ce film au concept radical était trop extrême : « il fallait faire des concessions, parfaitement compréhensibles. C’est à partir de là qu’on a commencé à développer les personnages. Et comment justifier qu’ils soient bardés de caméras et suivis par un drone ? En faisant d’eux des youtubeurs passionnés d’urbex qui filment tout. »

Le storyboard

Les réalisateurs ont en amont du tournage commencé à storyboarder le film, avant de se rendre compte qu’il était difficile d’anticiper un découpage avec des caméras embarquées. Alexandre Bustillo détaille le processus : « on a abandonné notre storyboard quand on a commencé à travailler dans le dur avec le chef opérateur et le chef décorateur. En revanche, on a fait des prévisualisations en 3D : pour chaque pièce de la maison, avec le chef op, on découpait les scènes majeures du film en préviz. Même si c’était encore sous format informatique, on avait une ébauche de décor. On a donc storyboardé de cette façon tout en se gardant une liberté de mise en scène. Car on n’aime pas trop figer les choses en amont. Mais avec un tournage sous l’eau, les préviz étaient plus qu’utiles. »

Tourner sous l’eau

L’équipe s’est installée dans un bassin de tournage d’une profondeur de 9 mètres situé dans le studio de Lites, près de Bruxelles. Doté d’un fond amovible (une grille qui pouvait remonter à la surface), il permettait d’achever les éléments de décor sur place et de les patiner, avant de les déposer sur la grille et de les descendre dans la fosse. Les réalisateurs, eux, étaient hors de l’eau et avaient les retours vidéo en temps réel des images filmées par toutes les caméras : celle du drone, celles des casques de plongée et la caméra manuelle du personnage de Ben.

Les contraintes

Tourner sous l’eau n’a évidemment pas été de tout repos pour l’équipe du film. Il a d’abord fallu trouver une nouvelle méthodologie pour diriger les acteurs qui se trouvaient sous l’eau tandis que les réalisateurs étaient à distance à la surface. Ces derniers communiquaient avec l’équipe grâce à des haut-parleurs sous-marins et à travers les casques pour les acteurs. Julien Maury précise : « tout prend des heures sous l’eau. Quand on veut refaire un plan, par exemple, il faut expliquer au comédien qu’il doit incliner un peu la tête d’un côté, ou la bouger de l’autre … Cela pouvait vite devenir très contraignant de se plier à tout ce qui freinait le processus artistique. […] Si on voulait déplacer un objet dans le décor, il fallait demander à quelqu’un de le faire et le guider alors qu’en général, avec Alex, on est très actifs sur le plateau. » Il a également fallu gérer la densité de l’eau et le niveau de particules.

Un spécialiste des prises de vue sous-marines

Les réalisateurs se sont entourés de Jacques Ballard, chef opérateur spécialiste des prises de vue sous-marines. Il a notamment travaillé sur le clip de Runnin' (Lose It All) de Naughty Boy ft. Beyoncé et Arrow Benjamin, qui met en scène, sans trucage, un couple sous l’eau ; ainsi que sur les séquences sous-marines du Chant du loupAlexandre Bustillo souligne la contribution essentielle de Ballard au projet : « D’abord, Il est d’un professionnalisme hallucinant, il est totalement possédé par ce qu’il fait et par le projet : il nous a proposé des solutions constructives, il nous a apporté sa sensibilité, et on a modifié certains aspects de la mise en scène en fonction de ses recommandations. Il a aussi apporté une touche professionnelle et aguerrie sur le script et le comportement des plongeurs. Et c’est avec lui qu’on a commencé à prévisualiser le film. »

S’affranchir de la gravité

Si tourner sous l’eau a apporté bon nombre de difficultés techniques, cela a toutefois permis aux réalisateurs d’être plus libres sur certains points. Ils ont ainsi pu multiplier les systèmes de prises de vue (quatre au total : le drone, les deux caméras embarquées et une caméra manuelle) et ainsi de multiplier les axes de caméra. Alexandre Bustillo détaille : « Sous l’eau, il n’y a évidemment pas de rail, ni de plans à la Steadicam, mais si on veut un plan en plongée, il suffit de le demander au plongeur. Grâce à l’absence de gravité, la mise en scène devient totalement libre. C’est aussi ce qui nous donnait envie de faire ce film. C’est un peu comme dans l’espace où on s’abolit de la machinerie et de la gravité. »

Le jeu vidéo

Alexandre Bustillo reconnaît l’influence de l’esthétique du jeu vidéo sur The Deep House, conçu comme une œuvre immersive où le spectateur, à l’instar du joueur, appréhende l’action à la première personne. « On est restés des gamers invétérés et le jeu vidéo est sans doute l’art qui nous passionne le plus après le cinéma. D’ailleurs, à nos yeux, les deux sont en étroite connexion. De même que, dans le jeu vidéo, on peut piloter la caméra autour de son avatar, il devenait possible, grâce à l’eau, de faire la même chose autour de nos acteurs. C’est une réflexion tirée de la liberté des caméras du jeu vidéo. »

Doublures

Camille Rowe et James Jagger ont été doublés par des plongeurs qui sont d’ailleurs un vrai couple dans la vie : Thibault Rauby et Justine Charbonnier, qui figurent parmi les dix meilleurs plongeurs au monde. « S’ils n’avaient pas de doutes sur leurs capacités physiques, ils étaient un peu stressés par le jeu. On les a rassurés en leur disant “vivez cette expérience pleinement, amusez-vous, utilisez le langage de votre corps”. Finalement, ils se sont très vite glissés dans la peau des personnages et dans le contexte de l’histoire », se rappelle Alexandre Bustillo.

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