Les Cobayes : les secrets du tournage

« J’espère qu’après avoir vu le film, les gens s’interrogeront sur ce qu’ils ressentent dans leur propre couple. J’espère qu’ils seront séduits par l’idée que pour aimer, il faut le décider. Si cela provoque une toute petite interrogation sur cette notion essentielle à mes yeux, j’en serais très heureux » déclare Emmanuel Poulain-Arnaud.

Pour Emmanuel Poulain-Arnaud, issu d'une famille travaillant dans le médical, faire du cinéma n'était pas une évidence. Il étudie tout d'abord l'histoire de l'art, puis les arts du spectacle avant d’intégrer l’ESEC : « J’ai fait mes débuts dans l’univers du dessin animé en tant que scénariste, et j’ai rapidement eu l’envie de raconter et mettre en scène mes propres histoires ». L'un de ses premiers courts-métrages, La Couille, s'inspire de son cancer des testicules, dont il essaie de rire tout en gardant la vérité de la situation. Il a essayé de faire de même avec Les Cobayes : « j’ai cherché à développer une comédie qui n’est pas forcée, mais qui surgit de la réalité, et dans laquelle je me reconnais ».

Se basant sur ses propres histoires d'amour ou celles de son entourage, le réalisateur a décidé de s'intéresser à cette question : « comment raconter une histoire d’amour moderne, sans parler de coup de foudre, mais d’un amour qui perdure, qui doit se construire, surmonter des épreuves ? » Avec Noé Debré, il a développé l'idée d'une découverte scientifique qui permettait de passer par la fable et d'extrapoler la réalité pour mieux en parler.

Emmanuel Poulain-Arnaud cherche à faire surgir l'humour du quotidien, « ce qui peut être à la fois drôle et porteur de sens ». Lors de l'écriture, il tente de ne pas forcer le trait et de toujours conserver la réalité humaine des personnages, en les emmenant « un poil au-delà du pur naturalisme pour exacerber les sentiments ».

Emmanuel Poulain-Arnaud s'est entretenu avec un directeur de laboratoire qui lui a parlé des recherches sur l’ocytocine et des nombreuses études qui lui sont consacrées dans les universités du monde entier. Le réalisateur lui a fait lire un premier traitement du scénario : « je voulais être dans l’anticipation tout en restant ancré dans ce qui est en train d’arriver actuellement. Ce n’est bien entendu pas un documentaire scientifique, mais plutôt une étude de mœurs un peu acide, tout en restant chaleureuse et bienveillante. Finalement, le médicament n’est qu’un levier, le vrai sujet reste humain ».

Thomas Ngijol est le premier à avoir rejoint l'aventure :  « Il a beaucoup aimé le projet et il apportait d’emblée quelque chose de très personnel, avec un humour qui n’est jamais facile mais qui fonctionne parfaitement » raconte le réalisateur, qui a été bluffé par sa justesse et son sens de l'humour inné. Quant à Judith Chemla, elle « ne joue pas, elle vit » selon Emmanuel Poulain-Arnaud. Celui-ci souligne que la comédienne avait pour défi d'incarner un personnage qui peut être perçu comme assez peu sympathique.

Issus de parcours artistiques opposés, les deux acteurs ont pu nourrir leur relation à l'écran de leurs différences : « Judith et Thomas, c’est aussi la rencontre excitante de deux écoles : celle de Thomas, très stand-up, qui utilise son background pour arriver à cette justesse dans le jeu. Judith, à l’inverse, vient de films très naturalistes, elle a tourné avec Tavernier, Téchiné, dans une variété de registres incroyables [...] ».