Si les personnages d'Aya et Cai incarnent la rencontre sociale, politique et économique entre l'Afrique et la Chine, il s'agissait avant tout pour le réalisateur Abderrahmane Sissako de nourrir son cinéma d'un imaginaire inattendu : "J’aurais très bien pu raconter cette histoire dans un autre contexte géographique. [...] Pour ce qui est de l’identité culturelle, je ne réfléchis jamais à des personnages définis par leur appartenance à un peuple particulier."
Black Tea est un projet qu'Abderrahmane Sissako porte en lui depuis 2007 : "Le succès de Timbuktu aurait pu me permettre de le tourner entre-temps, mais il fallait qu’il murisse..."
L'exil et le départ sont des thèmes qui intéressent particulièrement le réalisateur : "j’explique que quel que soit l’endroit d’où l’on vient, les gens se retrouvent dans l’envie d’une vie harmonieuse, à travers une entente et une compréhension des autres. Ce qui est le cas d’Aya et Cai."
On peut entendre dans Black Tea une reprise de Feeling Good de Nina Simone par Fatoumata Diawara. Une manière pour le réalisateur de marquer un renouveau, "Autant par la force de cette chanson que par la personnalité de Fatoumata, qui est une femme extraordinaire, qui mène un combat pour les femmes. Qu’elle chante Nina Simone en bambara rejoint mon moteur sur ce film : l’envie de raconter la possibilité d’un monde en mouvement vers une harmonie."