9 jours à Raqqa (2021) est une immersion en plein cœur de Raqqa, la capitale syrienne, mise (malgré-elle) sur le devant de la scène lorsqu’elle fut la capitale autoproclamée de l'organisation djihadiste État islamique entre 2014 et 2017. Celle qui fut sous le joug de son ancien califat, devenue ville-martyre suite aux nombreuses exactions commises par Daech, est depuis quelques années (et ça, on le sait moins), co-dirigée par une jeune femme kurde de 30ans, Leila Mustapha, une ingénieure en génie civil.
Le réalisateur Xavier de Lauzanne a suivi durant 9 jours Leila et l’écrivaine Marine de Tilly qui était en train d’écrire un livre sur la jeune femme ("La Femme, la vie, la liberté" chez Stock). Le film met en lumière cette femme courageuse et déterminée, en suivant son parcours au quotidien, en tant que co-présidente du conseil civil de Raqqa (accessoirement, maire de la ville).
Lorsque la coalition internationale, aidée par les forces démocratiques syriennes & kurdes parviennent en 2017, à reprendre le dessus au point de faire plier les djihadistes, les survivants retrouveront Raqqa détruite à plus de 80%, sans eau, ni électricité et criblée de mines ! Pour mener à bien la reconstruction et la réappropriation de la ville, il est décidé de mettre en place un conseil civil constitué d’un homme arabe et d’une femme kurde. La bataille à travers laquelle s’engage Leila, consiste à tout mettre en œuvre pour faciliter la reconstruction de la ville et tenter, je dis bien tenter, d’effacer les horribles souvenirs qui entachent la ville et cela commence par rebaptiser la Place Naïm, qui fut, du temps des djihadistes, le haut lieu de toutes leurs exactions (avec près de 1200 civiles massacrés, avec leurs têtes accrochés sur les grilles du rond-point comme pour rappeler (s’il ne le fallait) à tous les habitants de la ville que c’était eux qui faisaient régner l’ordre, la loi et surtout la terreur).
Il en résulte un documentaire résolument féministe, dans un monde d’hommes et où la femme n’aura cessée d’être déconsidérée. Un documentaire qui aurait sans nul doute mérité plus de 9 jours pour pleinement nous immiscer au cœur de Raqqa aux côtés de Leila. Le manque d’émotion et ou d’empathie ne nous permet pas de pleinement partager avec tous les protagonistes la merveilleuse reconstruction de Raqqa.
A noter enfin que ce film est le premier opus d’une trilogie, à suivre prochainement, "Radio Al-Salam" sur l'unique radio libre du Kurdistan et "Mossoul Campus" à la rencontre d'un groupe d'étudiants de l'université de Mossoul.
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