Un petit mot avant toute chose, sur le court-métrage "Le rendez-vous galant de Carl" qui ouvre la projection : cela faisait longtemps qu'on n'avait plus connu pareille émotion, rire et larme en quelques minutes avant le lancement du "vrai" film. Ce petit court surpasse même le film qui le suit, ayant réussi à nous faire pleurer comme un veau en faisant le lien avec l'une des plus belles et tristes ouvertures de film d'animation...
Pour ce qui est du film : Élémentaire, mon cher Sohn. Ce dernier Pixar n'a pas de quoi rougir comme Flam, ni se liquéfier comme Flack, il reste une très honnête animation, gorgée de bonne humeur, de partage, de gags sympathiques (les mille trouvailles pour utiliser, détourner, étonner avec les éléments naturels de chaque personnage... Il y a plein d'excellentes idées !), d'une découverte d'une ville qui nous donne l'impression d'être des enfants tenus par la main dans une cité fabuleuse... On se prend à juste regarder les images, éblouis par la très belle photo de ce film, qui surpasse allègrement son scénario très anecdotique et niais (la conclusion trop facile ne nous va clairement pas, il y avait une union poétique à caser plutôt que la trop simple pirouette scénaristique
"il suffit de s'aimer pour outrepasser les éléments"
). Aux doublages, on se régale franchement du ton "entier" d'Adèle Exarchopoulos qui va parfaitement au personnage enflammé de Flam (justement), et idem la voix lunaire et drôlatique de Vincent Lacoste pour ce personnages plus maladroit de Flack, pour nous, les deux atouts de cette VF très réussie. Côté musique, on reste dans du "simple et efficace" plutôt moderne et enjoué, ce qui ne dénote pas avec les images pleines de vie. Dommage que le scénario mettent un doigt sur la bouche dès qu'on a une question ("chut, c'est magique.") surtout sur le fonctionnement de ces entités de vie, sur leur environnement, etc... Enfin, évoquons le personnage non-binaire totalement "non-assumé". On le voit cinq secondes, il ne dit pas un mot, on laisse traîner un seul et unique "iel" timide (récité tellement vite qu'on doute d'avoir bien entendu...). Un "engagement" ni fait, ni à faire. Vraiment, dommage que le final cucul soit bien présent, car on s'est rincé l’œil sur la photographie de Sohn, on a vite adhéré à ses personnages attachants (surtout Flam), on a adoré les doublages, et on s'est laissé guider dans cette fabuleuse inventivité qui donne naissance à mille idées originales sur les éléments... On a donné notre main, ayant peur de la brûlure, mais au final on a eu une poignée de mains gentiment chaleureuse, en route pour la poésie.