"Le feu ça brûûûle, et l'eau ça moouuuille."
Il y eu d'abord l'Âge d'Or de Pixar, période durant laquelle le célèbre studio à la lampe enchaînait quasiment réussite sur réussite, nous offrant de petits bijoux visuels, mais aussi et surtout des histoires qui savaient nous toucher droit au cœur et nous restaient durablement en tête.
Et depuis le début des années 2010 (dès «Cars 2» pour être plus précis), cet Âge d'Or est derrière lui, voguant entre œuvres marquantes et originales (Vice Versa, Coco, Les Indestructibles 2, Soul, pour ne citer qu'elles), et suites-préquels plus opportunistes/créations mineures. Une baisse de régime qui se ressent encore plus avec ses dernières productions (Luca, Alerte Rouge, Buzz l'éclair).
Et malheureusement, ce «Élémentaire» ne va pas vraiment changer la donne, malgré des qualités évidentes.
Réalisé par Peter Sohn (déjà à la barre du sympathique mais plutôt oubliable «Le Voyage d'Arlo»), le film nous plonge dans le quotidien de la ville d'Element City et de ses habitants (des êtres d'air, d'eau, de feu et de terre), et se concentre en particulier sur la rencontre entre Flam, être de feu au tempérament instable et explosif, et Flack, être d'eau émotif et plein d'espoir. Deux êtres que tout semblait séparés, mais qui vont peu-à-peu se rapprocher et réaliser qu'ils sont complémentaires l'un.e pour l'autre.
Nouvelle relecture assez évidente de «Roméo et Juliette», située cette fois-ci dans le monde des éléments, ce nouveau Pixar peut à nouveau compter sur une animation de très belle facture, dans ses décors (la ville d'Element City, fortement inspirée dans l'esprit de celle de «Zootopie») comme dans le design de ses personnages, et la spécificité de leurs "pouvoirs" y sont exploités plutôt intelligemment.
À l'intérieur de ce visuel très soigné, l'histoire principale, celle de deux êtres épris l'un de l'autre mais ne pouvant se toucher, reste malheureusement trop conventionnelle, trop attendue pour nous cueillir comme il le faudrait. Rajoutez à cela une histoire de barrage à colmater à tout prix, très secondaire et très fonctionnelle, dont on voit le rôle qu'il va jouer à des kilomètres, ainsi que quelques jeux de mots très forcés, et vous obtenez un Pixar qui remplit son cahier des charges habituel de manière appliquée, mais pas vraiment plus.
La seule vraie surprise vient à mes yeux du côté de Flam et du rapport qu'elle entretient avec son père fatigué, qui va lui confier la boutique qu'il a monté de ses propres mains. Un père qui a tout quitté, tout sacrifié pour se reconstruire une vie ailleurs, à Element City. Pour sa famille, et surtout pour sa fille. Ses quelques scènes avec Flam sont clairement les plus touchantes du film.
Abordant des thématiques très contemporaines comme l'immigration, l'intégration, le communautarisme ou encore la suspicion de l'autre (là aussi, des thématiques déjà traitées, en mieux, dans le très bon «Zootopie»), nous voilà face à un Pixar original pas si original que ça, où l'émotion ne passe qu'occasionnellement.
Un beau film d'animation devant lequel tu passes un plutôt bon moment, mais dont tu ne retiens pas tant que ça au final. Bref, un Pixar à l'image des derniers Pixar. 6,5/10.