Nicolas Cage en tête d’affiche dans une production au budget confortable (mais pas un blockbuster non plus, il ne faut pas exagérer) qui sort dans une combinaison de salles conséquente? On n’avait pas vu cela depuis une décennie! Et pourtant, Dieu sait que l’homme, malgré ses choix parfois hasardeux, est un acteur de talent. A l’instar d’un Bruce Willis, dont on vient d’apprendre que la carrière était terminée suite à une maladie expliquant ses derniers choix douteux, l’immense Nicolas Cage était tombé depuis quelques années dans des productions de série à petit budget et interchangeables qui finissaient bien plus souvent directement sur des plateformes de streaming ou en direct to video plutôt que sur grand écran. Mais il agrémentait cela de temps en temps d’un petit film d’auteur réussi où il nous rappelait au bon souvenir de ses talents d’acteur (de « Pig » à « Mandy » en passant par « Joe ») ou par des films complètement hallucinés où il lâchait tout comme dans « Color out of Space » ou « Bad Lieutenant ». Le retour sur la carrière de cet inénarrable acteur à la renommée sympathique était nécessaire avant de parler de ce film sur lui et avec lui.
Ici, on a donc un réalisateur qui a eu la riche et folle idée de faire un film méta en forme de comédie d’action sur ce comédien unique en son genre. Entre hommage, parodie et introspection, « Un talent en or massif » est unique et on ne voit guère que « Dans la peau de John Malkovich » pour s’en rapprocher sur le papier. Sauf que... Si le film de Spike Jonze était véritablement perché, incroyablement inventif et fou, celui-ci est peut-être bien trop sage. C’était peut-être aussi la condition sine qua none pour financer le film, vu que la carrière de l’acteur est en déclin et qu’on ne finance plus un long-métrage au budget confortable sur son seul nom depuis des lustres. Dans l’ensemble, le long-métrage est plutôt amusant et il fait intelligemment le tour de sa filmographie (ses films célèbres ou ses gros succès, pas ses innombrables nanars bien sûr) entre citations, références, répliques cultes et cadeaux cachés. Mais on aurait adoré un grain de folie supplémentaire et un côté méta bien plus affirmé. L’acteur sait ne pas se prendre au sérieux et être capable de tout et n’importe quoi mais le réalisateur et scénariste, Tom Gormican, n’exploite malheureusement pas assez ces dons qui lui sont offerts sur un plateau par le comédien.
Et cela se retrouve aussi dans l’esthétique du long-métrage, triviale et sans rien de transcendant. On irait presqu’à dire vieillotte et conforme à une ribambelle de comédies d’action sorties vingt ans en arrière. L’intrigue, si l’on enlève le côté introspectif et celui du film dans le film, n’a rien de bien original à proposer, à base de cartel de drogue et de trahisons. Pourtant, on prend un certain plaisir, peut-être masochiste, dans la dernière demi-heure quand l’action prend le pas sur le reste. C’est gentiment divertissant et rythmé au possible. Le début, plus axé sur le comédien lui-même, alterne l’autodérision et une analyse gentille sur Hollywood mais s’avère parfois un peu trop bavarde. A noter aussi un petit ventre mou en milieu de film, qui aurait pu être écourté d’une dizaine de minutes (toute la partie avec les agents de la CIA n’apporte strictement rien à « Un talent en or massif » et accentue même cette banalité non désirée). En somme, c’est sympa mais quelque peu frustrant quand on prend en compte le potentiel d’une idée aussi géniale.
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