Un magnifique opus de Emmanuel Mouret, peut -être le plus dense, le plus dramatique de tous ses films. Il y a ces chassé croisés amoureux machiavéliques, comme souvent dans le cinéma de Mouret, digne héritier du grand Marivaux , et pour ce qui est du cinéma du maître Eric Rohmer .Un scénario très astucieux , très bien construit où plusieurs couples se croisent , se font , se défont , avec toujours un amour partagé, instable , qui attend ,et espère une nouvelle passion soudaine. Il y a deux couples principaux, mais des pièces « rapportées » qui viennent butiner et interférer, soit une dizaine d’individus qui se cherchent, et se trouvent momentanément . Une vision assez sombre au final, car ces marivaudages ne vont pas toujours dans la bonne direction. Comme l’explique très bien le personnage de Schneider , « il y a des croisés de chemin dans les sentiments, de choix qui se font , des décisions qui deviennent irréversibles ». Une profondeur d’analyse et de vision intéressante, un peu désespérée. La direction d’acteur est formidable, ils sont tous au Top, Camilla Jordana tient là son meilleur rôle, une densité de jeu étonnante, Niels Schneider, Macaigne excellents et Emilie Dequenne, que l’on ne voit pas assez souvent, irradie ,et nous émeut . Et même la jeune inconnue, Jeanna Thiam, amante passagère, est formidable, fraîche, douce ingénue libertine, est d’un naturel étonnant, on espère la revoir bien vite. Le « must » est une scène de séduction ente Jordana et Schneider qui découvre leur amour réciproque, qui s’attirent, comme une attraction cosmique, mais ne peuvent passer à l’acte, un plan séquence troublant, probablement une des plus belles scènes d’attirance impossible et interdite du cinéma , une merveille. La bande son est un régal, illustrations de multiples morceaux de musique classique, connus ou moins connus, formidable, parfaitement en symbiose avec l’action. Et bien sûr les inserts d’une émission de TV , interview du philosophe René Girard, brillantissime, et son essai « le Désir mimétique » qui serviront de référence au synopsis de Mouret. Une réalisation, soignée , classieuse, aux plans bien léchés qui confirme Mouret au tout premier plan des réalisateurs français