Bon, j'ai envie de donner comme excuse à "Joker Folie à Deux" que le premier film a mis la barre trop haute...
Todd Phillips nous offre un chef d'œuvre sur le plus grand antagoniste de l'univers de Batman et 5 ans après, alors qu'il n'était pas prévu à la base, "Joker Folie à Deux" arrive avec cette fois Lady Gaga qui va partager l'affiche avec Joaquin Phoenix.
Le film commence par une incompréhension que j'ai eu avec Arthur Fleck qui est en prison. Alors que les dernières images de "Joker" sont le chaos qu'il a engendré dans Gotham où il se tient sur la voiture de police qui vient d'être accidenté pour le libérer.
C'est dans cette prison qu'il va rencontrer Harley Quinn incarné par Lady Gaga.
Le film montre le procès de Arthur Fleck mais en dualité entre la réalité et ce qu'il se passe dans sa tête. Entre Arthur Fleck et Joker. On le voit dès le début avec un plan magnifique avec les parapluies où de face, on a des parapluies gris mais vue du dessus, ils sont colorés et montre déjà le rêve d'Arthur. Et c'est d'ailleurs son motif de culpabilité que son avocate met en avant, il y a deux personnes en lui et c'est la mauvaise qui a pris le dessus.
La partie comédie musicale est elle géniale, les musiques sont cool, entraînantes et l'on a des reprises des musiques du premier film. De plus le duo avec entre Joker et Harley passe vraiment bien.
Mais ce qui fonctionne le plus dans le film est son esthétique, comme le premier film, la direction artistique est extrêmement travaillée. Lawrence Sher qui est à la direction artistique et chef opérateur nous offre un véritable cours de cadre. Tout est millimétré et le charme du film est ultra bien trouvé. L'esthétique rattrape des défauts et certains plans de ce films sont à retenir.
Maintenant pourquoi, selon moi "Joker Folie à Deux" est bien moins réussi... Dans le premier Joker, on assistait à la "création" de l'antagoniste, l'un des seuls films où le personnage principal est le méchant de l'histoire, mais le génie vient de comment ce méchant est arrivé, tout son passé, tout ce qu'il a enduré, tout ces paramètres et ingrédients qui ont fait naître le Joker. On assiste à la descente aux enfers d'un homme. Un homme qui se fait manger par la folie et qui n'y résiste pas. Le jeu d'acteur de Joaquin Phoenix est d'ailleurs parfait dans ce film.
Mais dans celui-ci, à première vue avec le titre, on peut s'attendre à un enchaînement de "folie à deux". Et dans folie j'entends par là, tout ce qui est meurtre, vengeances... Tout ce qui va donner le Joker finalement.
Alors que là, on assiste à son procès et à ses rêves mais il ne se passe rien finalement. Pendant tout le film j'attendais l'élément déclencheur qui allait lancer la folie du duo. Et j'ai cru qu'elle allait arriver quand les deux ont tentés de s'échapper de la prison.
En fait j'ai l'impression qu'on a moins de "Joker" dans ce film, moins de folie justement.
On a de magnifiques scènes de rêves qui racontent la folie entre les deux mais qui ne se réalise jamais, comme si lui en voulait mais ne se lançait jamais. Alors que souvent, les flash Back ou les rêves peuvent être des éléments déclencheur.
Mais ici, on joue pendant tout le film sur la dualité rêve, réalité.
Maintenant, autre chose qui me dérange est l'incohérence avec l'univers de Batman.
Dans le premier film, Arthur va rencontrer Bruce Wayne et on suit l'histoire classique de Batman avec la scène où ses parents se font tuer. Le Joker est censé être l'antagoniste par excellence, celui que la police ne peut attraper ou alors ne peut retenir en prison plus de quelques heures comme on le voit dans The Dark Knight.
Alors qu'ici, le Joker est dans un tribunal et jugé.
De plus, la scène de fin vient compromettre tout l'univers, car il se fait tuer, et même si l'on avait déjà la réponse au milieu du film, comment peut on avoir toutes les péripéties avec Batman sans Joker ?
Bref, j'ai l'impression que Todd Phillips a voulu s'approprier et adapter complètement à sa sauce le Joker, et bien plus que dans le premier. Il veut prendre à contre pied ce qu'on peut imaginer de ce personnage. À cela, on ne peut enlever l'originalité qui en découle.
À chacun son avis, pour moi le premier est à des années lumières du deuxième mais des éléments de ce deuxième film peuvent plaire à beaucoup comme la comédie musicale, ou l'humour qui est bien plus présente.