On a beau avoir été épaté par la performance tragique de Bourvil dans un chef d’oeuvre de l’un des maîtres du film noir français (Le Cercle Rouge, Jean-Pierre Melville, 1970), on sera surpris de le voir ici associé à un autre maître du genre, Henri-Georges Clouzot qui, après quatre films sombres voire durs, s’essaie à la comédie avec cette adaptation, toujours en compagnie de Jean Ferry, d’une pièce de théâtre du début du XXème siècle.
Hélas, il ne fallait pas faire ça. Le jeu des interprètes, pourtant solides, est horriblement exagéré, presque inaudible à certains moments et les apartés qui s’enchaînent sonnent terriblement faux. Henri-Georges Clouzot étant un directeur d’acteur·trices excellent, on ne peut qu’en déduire que c’est fait exprès, d’autant que la distribution est faite de stars, confirmées ou en devenir : Bourvil, comme déjà dit, est au début de sa carrière, Danièle Delorme aussi, Louis Jouvet, Saturnin Fabre et Pauline Carton, eux, comptent, sur la toile ou sur les planches, des centaines de rôles qui les ont rendus illustres. A la caméra, Clouzot a délaissé ses jeux d’ombres et ses plans en ligne de fuite pour le ronron sans âme qui sied à une comédie populaire. Tout sonne faux, c’est du théâtre filmé et surtout très mal joué, comme l’est la scène d’ouverture, du Cid, sauf qu’à ce moment, on pense que c’est du second degré, de l’ironie.
Hélas, c’est la teneur même de l’ensemble. Insupportable. Sans aucun doute l’erreur dans une filmographie pourtant presque irréprochable.