Quand on voit « Dévotion » on se dit qu’Hollywood et certains dirigeants de studio n’ont toujours pas tirer la leçon de certains gros flops des dernières années ni de la crise qu’ont subi les salles. Comment peut-on en effet encore produire décemment un projet pareil coûtant près de cent millions de dollars et surtout valider sa sortie en salles? C’est un mystère entier. Même sans le fond artistique sur lequel on reviendra ensuite, ce blockbuster suranné semblait prédestiné à être mauvais et faire un bide. Jugez plutôt : un casting de têtes peu connues du grand public et aucun second rôle dit de prestige à l’horizon, un film de guerre d’époque portant sur l’une d’entre elles (la Guerre de Corée, très peu racontée dans les livres d’Histoire) avec un déroulement ô combien générique et prévisible sentant bon les années 90, un réalisateur tout aussi inconnu au bataillon et une sortie la même année que « Top Gun, Maverick » et son carton stratosphérique (bon en revanche, cela était totalement imprévisible...) avec lequel ce long-métrage entretient énormément de similitudes. Bref, ce n’était pas forcément très engageant mais lorsqu’on voit le résultat du côté artistique, ça suit la même ligne de conduite. C’est long, c’est déjà-vu, ce n’est pas toujours bien joué, c’est très peu palpitant et encore moins émouvant malgré ce qui se joue et c’est très patriotique en plus de ne pas être très exact niveau historique. En somme, « Dévotion » est un mauvais film dont on se demande comment il a pu être produit avec un budget pareil. Ou en tout cas, être produit de la sorte et ensuite avoir l’aval d’un studio pour sortir en salles. Dillard coche beaucoup de cases de tout ce qu’il ne faut plus faire niveau dramaturgie et narration.
Certes, on ne peut nier que visuellement le film se tient. Les rares scènes en avion sont bien fichues même si elles ne peuvent subir la comparaison avec le carton de Tom Cruise. Cependant, tout cela manque désespérément de séquences d’action et de combats en avion. Et « Dévotion » dure près de deux très longues heures et demie. Le reste du temps on a le droit à un récit maladroit sur l’entraînement, le fait d’être le premier noir de l’aviation militaire américaine à piloter un avion (parce oui c’est une histoire vraie) engageant donc une question raciale très à la mode actuellement mais aussi à une belle histoire d’amitié entre deux pilotes. Mais, malheureusement, tout cela est raconté avec les pieds et jamais très réaliste ni fin. L’exemple parfait du total manque de logique dans la narration et de l’absence de tout sens dramatique dans la tenue du récit et des enjeux émotionnels se présente lorsque l’un des pilotes meurt lors d’un exercice en crashant son avion. Le moment se voudrait tragique, il est presque ridicule et ne nous soutire aucune sorte d’émotion. Ajoutons à cela des seconds rôles inexistants, insignifiants et qui font de la figuration ainsi qu’une interprétation approximative et vous obtiendrez un beau ratage. En effet, Jonathan Majors en fait souvent trop tandis que Glen Powell est effacée au possible et on se demande ce qu’il vient faire là alors qu’il jouait dans... « Top Gun : Maverick »! Bref, même si les images sont plutôt belles, tout le reste est raté et on s’ennuie devant cet hommage gonflant, anodin, terne et qui ne serait qu’un série B de luxe si ce n’est son impensable budget.
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