Le Sens de la famille est né lors d’un rendez-vous entre le réalisateur (Jean-Patrick Benes) et ses producteurs (Antoine Gandaubert, Fabrice Goldstein et Antoine Rein). Ces trois derniers cherchaient des idées pour une sitcom familiale, et le tous les quatre ont alors réfléchi à des concepts fantastiques (une famille d’extraterrestres, de vampires, de super-héros, etc.). Mais tout avait déjà été fait. Le cinéaste a alors proposé un "body swap" (échange de corps) familial. Il se rappelle :
"Le body swap est un genre qui existe au cinéma mais généralement il ne concerne que deux personnages qui permutent leur identité. Là, on s’est dit : 'Et si c’était toute une famille qui échangeait leur corps : enfants, parents, grands-parents...'. Ce concept nous est vite apparu trop compliqué à appliquer en série, nous risquions de perdre les téléspectateurs en chemin avec la nécessité à chaque épisode de rappeler le principe et de remettre la situation en perspective... En revanche, on s’est dit que ça ferait un super film."
Le body swap movie est un sous-genre qui a déjà donné lieu à plusieurs films (principalement des comédies), comme Renaissances (2015), 17 ans encore (2009), Echange standard (2011), Solo pour deux (1984), Didier (1997), L'Un dans l'autre (2017), Volte/Face (1997), Dans la peau d'une blonde (1991), Freaky Friday dans la peau de ma mère (2003) ou encore Toi, c'est moi (2006), pour ne citer qu'eux.
Le Sens de la famille a demandé une énorme préparation. Jean-Patrick Benes a en effet pris beaucoup de temps pour le casting et pour le découpage des scènes, avec un long travail de story-board (réalisé avec les Playmobil de son fils !). Le metteur en scène ajoute : "On a également beaucoup répété en amont du tournage avec les comédiens. Le casting a commencé en septembre 2018. La préparation a duré de mars à août 2019. C’est un temps laborieux qui a été extrêmement profitable au film. Quand le tournage a débuté en septembre, on était prêt, tout le monde savait ce qu’il avait à faire et je n’avais plus qu’à me poser derrière le combo et juger de la comédie. Car c’était ça l’essentiel du film."
Alexandra Lamy et Franck Dubosc avaient déjà joué ensemble dans Bis (2015), L'Embarras du choix (2017) et Tout le monde debout (2018).
La difficulté principale, pour Jean-Patrick Benes et son équipe, a été de faire en sorte qu’à chaque scène, les spectateurs comprennent immédiatement qui est qui. Il explique : "La première idée pour cela, c’était que nos héros s’adressent les uns aux autres en utilisant des termes très qualifiants comme « papa », « maman », « Chacha »... Ensuite, nous avons beaucoup travaillé à définir un vocabulaire identifiant pour chaque personnage."
"Enfin, il restait le principal : leur comportement. Chaque personnage se définit ou se trahit par son comportement. Quand Chacha se retrouve dans le corps d’Alain son père, il met son pouce dans sa bouche car, à ce moment-là, il est une petite fille. Quand Alain est dans le corps de son adolescent de 14 ans, il monte à l’avant et conduit sa voiture. Et quand Sophie, la mère, est dans le corps de Chacha, elle s’allume une cigarette dès qu’elle est en stress. On comprend ainsi tout de suite visuellement à qui l’on a affaire."
Au-delà de l'échange de corps, Jean-Patrick Benes voulait parler de thématiques comme la famille, le couple, l'éducation et de toutes les désillusions et les désenchantements qui peuvent les accompagner. "On a Alain, un père de famille, qui est à un moment de sa vie où il fait le bi-lan de ce qu’il a accompli et raté. Il regarde sa famille, sa situation professionnelle, et ce n’est pas ce dont il avait rêvé... Et puis il y a sa femme – Sophie – qui tente de garder sa famille à flots. C’est elle le capitaine de navire. Et elle doit faire avec un Alain qui est devenu aigri et qui a baissé les bras sur tout. C’est l’histoire d’une famille qui ne s’entend plus, d’un couple qui s’est perdu et d’un homme désenchanté qui va se réenchante", précise le metteur en scène.
Le Sens de la famille a fait partie de la Sélection Officielle du festival de l'Alpe d'Huez 2021.
Christiane Millet incarne mamie Thérèse. Jean-Patrick Benes voulait un personnage de grand-mère ayant 80 ans, or la comédienne est nettement plus jeune. Il se souvient : "Mais elle avait un tel niveau de jeu et de comédie qu’on ne pouvait pas passer à côté. On lui avait demandé de faire des essais sur deux séquences de Les Beaux gosses de Riad Sattouf. Et elle était parfaite en adolescente. Le problème donc, c’était son physique. Christiane n’a pas du tout le look, ni l’âge d’une grand-mère, c’était même l’antithèse de notre mamie. Nous l’avons donc vieillie. A coups de rides, de maquillage et de cheveux blancs... Vous dire que c’est la partie du tournage qu’elle a préféré serait mentir."