Impasse des deux anges est un film qui commence fort, mais qui finalement s’avère moins convaincant que prévu. Maurice Tourneur m’avait déjà déçu avec Les Gaietés de l’escadron, et même si Impasse des deux anges est meilleure, le résultat reste en-deçà de ses promesses.
Pourquoi ? Et bien d’abord car l’histoire ne décolle pas réellement. La première partie est bonne, avec une belle présentation des personnages, des dialogues soignés, et une mise en place convaincante avec une exposition intéressante des relations entre Marcel Herrand avec Simone Signoret. On espère presque un film noir avec l’arrivée de Meurisse, mais c’est là que tout dérape. Le film, dans sa partie centrale se limite essentiellement aux échanges entre Meurisse et Signoret qui se rappelle leurs vieux souvenirs d’amoureux. C’est assez ludique et bien écrit, mais on arrive à la dernière partie, et compte tenu de la conclusion aussi attendue que rapide, on se dit : qu’a-t-on vu ? En clair Impasse des deux anges c’est un film assez plat, qui entre son début et sa fin n’a pas foncièrement évolué, si ce n’est au travers du personnage de Marcel Herrand, mais ce n’est pas réellement lui que l’on suit, ce qui rend son évolution d’autant plus impersonnelle et imprécise au spectateur.
Le casting est bon, mais porté surtout par une excellente Simone Signoret, au personnage réussi, à la modernité évidente, et au charme marquant. Elle livre une prestation très convaincante, impose un jeu peu critiquable, et fait face à un Paul Meurisse élégant mais un peu timide. Disons qu’il parait un poil engoncé dans son rôle, n’arrivant pas à imposer le côté fiévreux, mélancolique de son personnage. En clair, Paul Meurisse n’est pas vraiment l’acteur fait pour camper un romantique torturé. En revanche très bon Marcel Herrand, mais il apparait assez peu, dommage.
Visuellement, Impasse des deux anges profite du savoir-faire d’un réalisateur expérimenté. De beaux plans, avec cette idée intéressante de surimposé en ombre fantomatique les personnages dans les décors pour rappeler la dimension « souvenir ». Le film est beau, recherché, avec un noir et blanc soigné, des décors convaincants, et une réalisation élégante. Reste quelques passages un peu faibles de la part de Tourneur, à l’instar de la fin, avec un moment important du film que j’ai trouvé assez mal amené et filmé avec un dilettantisme regrettable.
En conclusion, impasse des deux anges c’est avant tout un film sur l’amour, traité dans un style élégant et avec de bons interprètes dans l’ensemble, mais qui reste au milieu du gué. Il n’y a rien qui emporte vraiment, à cause d’une histoire traitée sans grand relief, sans grand sentiment. Ça se laisse voir, mais ça manque de la fièvre, de la force espérée. C’est trop académique peut-être. 2.5