Titane : les secrets du tournage

Titane a remporté la Palme d'Or au 74ème Festival de Cannes, présidé par Spike Lee. Pour l'occasion, la réalisatrice Julia Ducournau est devenue la seconde femme à recevoir ce prestigieux prix après Jane Campion et sa Leçon de piano en 1993 (la Néo-Zélandaise l'avait remporté ex-aequo avec Chen Kaige pour Adieu ma concubine).

« J’ai vraiment essayé de faire un film qui décoche une flèche, qui soit avant tout une expérience dont on sorte comme d’une épreuve physique », explique Julia Ducournau. (Extrait d’une interview de Quentin Grosset pour Trois Couleurs, 30/06/2021)

Après le très bon accueil dont a bénéficié son premier long-métrage, Grave, Julia Ducournau a vite écrit un premier jet de Titane de cent quatre-vingt-dix pages. Pourtant, elle a rencontré des difficultés à achever le scénario et a vécu un blocage d'un an. Elle était consciente d’être très attendue mais, plus que ça, elle craignait de se décevoir elle-même : « Je suis passée par le deuil d’une énergie, celle du premier long métrage, que je n’aurai plus jamais. [...] Je n’arrêtais pas de le comparer à Grave, c’était insupportable, je me disais que je n’allais pas réussir à créer autre chose. Cette peur-là m’a amenée à penser que la seule issue, c’était d’en avoir rien à foutre. Quand j’ai pisté ça, j’ai juste fait ce que je voulais. Je suis contente d’avoir ressenti ça, même si ça a été douloureux pendant un an. » (Extrait d’une interview de Quentin Grosset pour Trois Couleurs, 30/06/2021)

Titane joue avec les genres et repose sur un effet de surprise et d’imprévisibilité. « J’aime beaucoup l’idée d’un film évolutif, de la même manière que la protagoniste mue. Jusqu’à la fin, le film perd des couches pour aboutir à son essence : comment l’humanité peut naître d’un monde qui est une terre brûlée stérile, où il n’y a pas d’amour ? » affirme la réalisatrice. (Extrait d’une interview de Quentin Grosset pour Trois Couleurs, 30/06/2021)

« L’idée, c’était de montrer que les contours de la féminité sont beaucoup plus flous et flexibles que ce qu’on voit dans le premier plan-séquence, dans le salon automobile : Alexia [incarnée par Agathe Rousselle, ndlr] est archi sursexualisée, suriconisée et évidemment surstéréotypée », développe Julia Ducournau (extrait d’une interview de Quentin Grosset pour Trois Couleurs, 30/06/2021). Dans Titane, la féminité est une forme d’hybridité qu’on peut modeler à sa façon. La cinéaste précise : « Titane parle d’un personnage féminin, qui se reconnaît en tant que telle, mais qui se dit aussi qu’il est possible de devenir quelqu’un d’autre. En faisant ça, elle devient elle-même ». (Extrait d’une interview de Laurent Duroche pour Mad Movies n°351).

Le plan-séquence où l'on découvre Alexia adulte a été filmé le premier jour de tournage, après une journée de répétitions techniques, sans figurant. 37 prises ont été faites au total, « mais on en a fait beaucoup pour le kif » précise la réalisatrice. Cette séquence « pose un déterminisme, s’inscrit dans des références qu’on ne connaît que trop bien. Ce plan-séquence ne représente pas ma vision d’Alexia, c’est un leurre pour le spectateur, et dès lors, le film va creuser pour découvrir qui est ce personnage [...] » (Extrait d’une interview de Laurent Duroche pour Mad Movies n°351).