Film drôlement surprenant, requérant un certain lâcher prise pour adhérer à la proposition. Une fois la narration - pour le moins particulière - acceptée, c'est vraiment un sacré spectacle. Ça part dans tous les sens scénaristiquement parlant, mais l'ensemble reste étonnamment cohérent. Autour d'une histoire multipliant les thématiques, (amour filial, grossesse "contre nature" etc.) baignée dans un univers halluciné gore et tape à l'oeil le film ne cesse d'être étonnant. Et avec un casting idéal donnant toute sa puissance à ce récit vengeur et torturé ! "Il faut aimer" certes, c'est assez radical mais si vous appréciez, comme moi, Gaspar Noé et Cronenberg, foncez !
Un film comme on en voit rarement parmi les films français ! Dérangeant et perturbant, parce qu'il montre des choses désagréables et qu'il soulève des questionnements auxquels on est peu habitués ; hallucinant par le côté inattendu des évènements ; visuellement très réussi. On peut y voir des touches de Gaspard Noé et de Quentin Dupieux à la fois.
Une satyre sociale choc! Et peu chic... Ce film marque par sa violence, intérieure avec les propos, le rapport familial cru et intense, le mal-être, et extérieur par son image (excellente par ailleurs), la violence physique montrée jusqu'à la démence. Il y a derrière ce film brut une beauté inexpliquable d'une relation perdue, belle et triste à la fois. Mais personnellement Onoda mérite bien plus la Palme.
Adhésion totale pour sa première proposition radicale qu'était Grave, le deuxième film est toujours attendu avec un peu plus de crainte. Julia Ducournau, c'est un genre à part entière désormais : l'émancipation sociale par la profondeur de l'âme humaine. Ce rapport au corps et à la représentation, pousser les limites du politiquement regardable pour fabriquer un cinéma beaucoup plus appuyé qu'un simple film de genre. Après le canibalisme, voici le récit d'un mutant féminin qui, après un ébat avec une Cadillac, se voit partir en conquête d'un père plus aimant. Vous avez dit OVNI ? Assurément oui. Mais une fois la fenêtre du paranormal ouverte, j'ai un désir de plus de fonds qui n'arrive jamais. En admettant que c'est non-conventionnel et donc intéressant, on est en droit d'en attendre déjà plus de la cinéaste.
Le jeu des acteurs et actrices est au top, la photo et la réalisation aussi, la musique. Le reste, en particulier le sujet et l'histoire sont d'un glauque absolu, on passe en fait un moment très désagréable, Julia Ducournau dira peut-être que c'est construit pour cela, mais pourquoi et à quoi bon ? Une œuvre d'art peut en effet être dérangeante, j'en conviens, mais ce film dépasse parfois les bornes du supportable pour un spectateur moyennement sensible. De même que le manque de lyrisme, d'engouement qu'on peut ressentir devant un grand film. Je suis donc en reste sur la finalité et le message ou symbole du film, son allégorie s'il y en a une, bien sûr. Je continue à avoir du mal avec un certain cinéma féminin/féministe, j'y peux rien.
Le cinéma de Julia Ducournau se ressent davantage qu’il ne se comprend. Palme d'Or du dernier festival de Cannes, "Titane" se révèle une expérience cinématographique curieuse et intense, aux limites du malaise. La débutante Agathe Rousselle et Vincent Lindon sont loin de leur zone de confort dans cette œuvre fantastique aux inspirations de Cronenberg et Carpenter, mais au final très personnel et déroutant. Du jamais vu, donc il faut le voir et sur grand écran.
David Cronenberg a délaissé le cinéma du corps alors d’autres prennent la suite. C’est ce que j’ai pensé au début de Titane qui fait forcément penser à Crash, puis le film dévie sur Christine de Carpenter et de manière plus générale vers le cinéma fantastique et le film de Serial Killer dans une première grosse demie heure complètement barrée mais parfaitement maîtrisée qui m’a scotché à mon siège. Oui j’ai adoré cette première partie de Titane qui multiplie les pistes, les genres et les ambiances qui m’a vraiment attrapé tout en me perdant. Quand je dis perdre c’est que ne savais plus du tout ce qui allait se passer dans la scène suivante, tant tout paraissait possible et j’étais prêt à aller loin. C’est pour cela que la deuxième partie du film qui s’épure et se « rationalise »un peu m’a moins intéressé. J’ai trouvé que le film s’assagissait et qu’il était moins fort, ce qui est toujours gênant. Je préfère les montées crescendo et les apothéoses, c’est tout l’inverse dans Titane (même si pour le coup la scène finale le conclut très bien). Ce changement est totalement voulu et même justifié par ce que le film raconte mais voila cette seconde partie m’a moins intéressé. Et puis oui Titane est un film radical, et comme toutes les choses de ce type on n’adhère pas forcément à 100% je suis par moment resté, circonspect, il y a quelques sorties de route, notamment lors de l’arrivée du personnage de Vincent Lindon qui change l’axe du film mais qui est trop mal emmenée et improbable. Mais j’ai tendance à vouloir lui pardonner ses défauts car on est devant un cinéma qui ose et qui propose et qui donc prend des risques. Un mot aussi sur la direction d’acteur de Julia Ducournau qui utilise ses deux comédiens principaux comme une marionnettiste, ceux ci s’abandonnent complètement et livrent des prestations intenses et marquantes. Alors non je ne crierais pas au chef d’œuvre, par moment ça ne me convient pas, je comprend d’ailleurs tout à fait qu’on puisse rester totalement en dehors du film ou qu’on puisse le détester, mais oui Julia Ducournau fait du cinéma intriguant et j’ai hâte de voir ce que donnera si prochain film.
Titane est un film inclassable. Le grand public en prendra d’abord connaissance par un article narrant les malaises et vomissements de spectateurs l’ayant visionné lors de l’avant-première au festival de Cannes, dont il sortira auréolé malgré tout de la palme d’or. Pour ceux pour lesquels le cinéma doit proposer une œuvre plaisante, lisse, agréable à regarder, et pour les rationalistes gênés par tout dérapement imaginaire, fuyez !!!! Titane offre en effet au spectateur une expérience différente de ce que le septième art a pu proposer par le passé, et en cela c’est une réussite totale. La réalisation se joue en permanence du sentiment de confort et de l’état d’esprit du public. Outre l’emploi d’images choc, on est effectivement déstabilisé par la brutalité des passages de l’eros à thanatos spoiler: (comme lorsque l’héroïne se trémoussant dans le pur cliché des « bimbos de clip de rap » procède à une mise à mort violente d’un homme, telle une mante religieuse -la copulation en moins-, comme elle le fera ultérieurement avec une partenaire de danse) . Les corps lisses et limite pornographiques laissent place aux corps décharnés par la souffrance et la vieillesse. La perte de repères se fait également par un glissement intelligent de faits réalistes à des évènements dont on pense longtemps qu’ils relèvent de l’imaginaire de l’héroïne, avant que finalement l’irréel se concrétise par un regard tiers (mais non objectif), et que l’excellent final synthétise les principes de réalité et de fantastique spoiler: (le nouveau-né mi-humain-mi-métallique) . Je ne sais pas si Titane peut être un film dont on ressort en se disant qu’on l’aime, mais très clairement il a pour vertu de ne pas prendre ses spectateurs pour des demeurés. Cela est un fait assez rare et remarquable pour le souligner.
Récompensé de la Palme d'or au festival de Cannes, Titane, réalisé par Julia Ducourneau, est un film qui a beaucoup fait parlé de lui ; autant en bien qu'en mal. Il a donc naturellement attiré mon attention. Au final c'est un film qui m'a marqué, même si je ne sais pas quoi vraiment en penser. Une chose qui est sûr, c'est que Titane est un film beau. Visuellement déjà, avec ses nombreuses couleurs et teintes vives qui donnent un vrai personnalité au film. Cette beauté visuelle vient s'ajouter à des moments musicals envoûtant et qui décolle la rétine et les oreilles. Agatha Roussel et Vincent Lindon sont excellent. La réalisation de Julia Ducourneau est brillante, il y a de nombreux plans et jeux d'ombres qu'ils m'ont beaucoup plu. En ce qui concerne le scénario par contre, là je suis plus perplexe. Alexia, le perso principal n'est vraiment pas attachante : en même temps, difficile de s'attacher à une femme qui tue des gens à coup de tabouret et d'épingle à cheveux et qui aime se reproduire avec des voitures...L'histoire est totalement dérangée, le tout accompagnée d'une violence très cru et percutante qui n'ont rien à envier à un Tarantino. J'ai beaucoup détourné les yeux il faut l'avouer. Le fait que la femme se mutile pour fuir la police, et qu'elle prenne la place d'un autre est assez bizarre je trouve mais passons, car sa relation avec son faux père reste émouvante. Par contre la fin ou elle accouche d'un bébé moisis mi-humain/mi-animal m'a vraiment déranger et je crois pas avoir encore saisi le sens de tout ça (si tant est qu'il y en a un). Un film spécial qui ne plaira pas à tout le monde.
Bien plus dégénéré et onirique que Grave, premier malaise accouché de Julia Ducournau qui traitait déjà de la fascination morbide de la carnation abîmée, Titane pousse les limites de la souffrance des corps et des esprits malades et égoïstes. La réalisatrice parvient à greffer à la relation d'anti-héros déclinants une lueur d'espoir qui se mute en fatalité morbide, inaturelle, qu'on ne peut s'empêcher de renier, d'instinct : le tempérament brutal et antipathique lié au corps frêle et camouflé d'Adrien, dans lequel subsiste à son sommet la rusticité d'un métal bourdonnant tel le moteur d'une cadillac, s'hybride au caractère crédule d'un homme désemparé, ce bolide poussiéreux rongé par la rouille, le deuil de son seul fils. Titane est comme le rêve hideux qu'on s'affole d'avoir fait, il est une fresque enjouée de l'obscurité, de la névrose. L'expérience en salle ne peut que pilloner l'esprit, le désorienter, le questionner; car elle oblige à assister à la souffrance d'une femme vile et détestable, qui s'accapare la sensibilité du spectateur pour lui insuffler une difficulté d'interprêtation éthique et sensorielle. Nier l'implication émotionnelle misée par Ducournau sur les spectateurs est tâche hardue; rester de marbre face à la souffrance de ses personnages qui se consument l'est d'autant plus. C'est pourquoi ce malaise de nouveau omni-présent parvient à s'élever au delà des œuvres dont la réalisatrice s'inspire, de Christine de Carpenter à la Mouche de Cronenberg (bien plus accessibles et concrets dans leur dénouement), et pourquoi son métrage pourrait s'en prétendre digne, à leur côté, comme un bon film de body-horror, car il exulte des thématiques lourdes à l'instar de son style graphique pesant et ennivrant.
J’avoue que, pandémie oblige, j’étais déconnecté de l’univers cinématographique, mais je ne soupçonnais pas que je l’était à ce point….en retournant aux salles obscures pour voir ce film je me suis rendu compte que il y avait une autre galaxie du cinéma. Accroché à mon fauteuil pendant presque tout le film, j’ai réussi quand même à tenir le coup.
Pour prévenir certains que, comme moi, auraient été trop imprudents en pensant qu’ils allaient voir une histoire commune, réaliste, avec un sens et une cohérence, quand la réalité serait bien différente…et heureusement, j’ai envie de dire, car ce qui nous relate ici Julie Ducournau c’est purement et simplement une fantaisie poétique, troublante, certes, mais si l’on arrive à pénétrer son univers cela peut émouvoir profondément. L’on peut voir aussi une parabole de l’évolution de notre société actuelle, de la robotisation, dans le sens literal et philosophique…… spoiler: Le sang qui devient huile de moteur ou l’extase de Alexia avec une voiture, pour ne pas faire trop de spoiler, à titre d’exemple…
En tout cas c’est un film dont on ne sort pas indemne mais que je recommande…
Impossible de décrire ce film tant il est singulier, bizarre et malaisant. Un film d'horreur d'un genre nouveau. Voyez le pour vous faire un avis, une chose est sûre vous ne resterez pas indifférent.
De très bons acteurs et une représentation très réaliste de l'horreur, mais à quelle fin ce talent est-il mis ? Une peinture sans issue du caractère infernal du monde moderne, psychologie dystopique de l'Homme esclave de la machine, du métal dont les conditions d'existence sont peintes comme radicalement immorales. En tant que spectateur, je me pose une question : la raison en art peut-elle servir l'immonde, le mal ? Je crois qu'elle le peut, et même qu'elle le doit, à condition qu'elle assume un dépassement de ce mal. A défaut, la fonction critique du film (qui pourrait être ici une forme d'antimodernité) est rendue impossible. Le dépassement du mal était espéré avec l'arrivée de Vincent, mais ce personnage s'avère en fait lui aussi dépossédé de lui-même, dévirilisé, brisé. Les corps sont humiliés, sans issue possible à cet avilissement. L'absurde est ici le premier et le dernier mot du film, par l'éviction du sens et la confusion délibérée de tous les genres. Une telle absurdité rend toute justification éthique de l'art impossible. C'est indéfendable, je suis navré.