"If you walk through this door now, you're walking into a world of trouble and there's no turning back, do you understand ?
Ça doit faire la cinq ou sixième fois que je vois ce film, une sorte de doudou pour moi, à l'image du Casino de Scorsese (1995), un autre film de gangsters et je pourrais même ajouter que le premier commence un demi-siècle du règne de la Mob, la mafia des Etats-Unis, quand le second le clôture. Entretemps, on compte quelques autres chefs d'oeuvres, de cinéma ou de télé, mais Les Incorruptibles a tout du film parfait.
Dès la première note d'une musique signée Ennio Morricone, entrée au panthéon de ses plus belles compositions, on entre dans le vif du sujet... alors que le générique commence à peine. Les décors et les costumes rendent hommage à une époque et à l'image qu'on s'en fait, ce qui tient du génie.
Le scénario, lui, est de David Mamet, alors dramaturge en vogue et dont Les Incorruptibles est seulement la troisième écriture pour le cinéma, après Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois (Bob Rafelson, 1981) et Le Verdict (Sidney Lumet, 1982), c'est dire si l'auteur sait manier l'équilibre dramatique.
Brian De Palma, en 1987, est alors auréolé de succès critiques et publics qui en font l'un des réalisateurs les plus bankables du Nouvel Hollywood aux côtés de Steven Spielberg et George Lucas. La scène de la rue Racine, en caméra subjective est, à elle seule, un moment à montrer dans les écoles de cinéma, tout comme celle, interminable, de la gare de Chicago. Dans ses scènes d'action ou d'attente, De Palma fait étalage de la palette de ses talents pour générer un insoutenable suspense.
Enfin, l'interprétation. De Niro, qui avait par ailleurs tourné son tout premier film sous la houlette de De Palma, est un Capone impressionnant de maîtrise et de démesure tout à la fois, Kevin Costner est alors au sommet de son art, Sean Connery identique à lui-même, majestueux, Andy Garcia interprète ici, assez discrètement mais de manière convaincante, un de ses tout premiers rôles marquants.
Au final, on obtient l'un des meilleurs films des années '80. Un classique.