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Un visiteur
4,0
Publiée le 5 novembre 2019
Au delà de l'amusant clivage de critiques entre presse de "gauche " et "conservatrice la question - ô combien subjective - reste toujours la même. Le film touche t il le spectateur ? Ceux, toujours vivants, de la génération soixante huitarde auront plaisir à voir et entendre les liens que retisse J.P. Thorn entre les idéaux de 68 et les luttes d'aujourd'hui dans une société qui dilate l'écart entre les riches et les pauvres. Mais le charme du film tient surtout à l'entremêlement des souvenirs d'une belle amour avec les images des luttes passées et celles contemporaines. Quelle liberté de ton dans les lettres de Joëlle, la muse disparue. Par le cinéma résister à l'oubli pour que le beau passé puisse irriguer de ses valeurs un présent qui frémit des luttes à venir.
« Nous voulions changer le monde et c’est le monde qui nous a changé. » Ainsi conclut Nicola Palumbo, l’un des trois héros de Nous nous sommes tant aimés, d'Ettore Scola. C'était en 1974. 35 ans plus tard, Jean-Pierre Thorn nous propose le même constat, sauf qu'il préfère se raccrocher au passé pour croire encore à la révolution. C'est dommage que nous ayons du mal à y croire avec ce film narcissique et finalement bien peu autocritique. Bon, d'accord, Thorn n'a pas eu les moyens de Scola. Mais en a-il le talent ?
J'ai pleuré la moitié du film, au été emporté par les histoires de révolution un petit tiers et ai maudit le real pour sa camera tremblante le reste du temps. Une paire de temps morts quand même :) Le mélange de documents d'archives personnelles, de son amour et de ses combats avec une narration poétique plus que touchante m'a complètement convaincu. Très envie de voir les autres films du réalisateur maintenant.
Jean-Pierre Thorn est un vieux militant gauchiste et ne s’en cache pas. Il a filmé en mai 68 "Oser lutter, Oser vaincre" dans l’usine Renault de Flins occupée. Puis il a travaillé dix ans comme OS chez Alsthom à Saint-Ouen avant de revenir à la réalisation et filmer ses camarades en grève dans "Le Dos au mur".
À 72 ans, il jette sur son passé un regard chargé de mélancolie en se remémorant la grande passion de sa vie avec Juliette, frappée d’un paludisme foudroyant au lendemain de mai 68.
Deux films en un. "L’Âcre parfum des immortelles" – un titre d’une grande poésie dont la signification restera jusqu’au bout obscure – commence et se termine sur des images landaises, apaisées et poétiques. Mélissa Laveaux lit en voix off les lettres que la jeune Juliette écrivait à Jean-Pierre âgé de vingt ans à peine. On comprend qu’un amour naît, grandit, éclate. spoiler: On comprendra plus tard que cet amour immense sera fauché par une maladie brutale et stupide (les deux amoureux partent en vacances à Madagascar et refusent de suivre les prescriptions du docteur, assimilé à une figure patriarcale de l’ordre bourgeois).
Parallèlement, Jean-Pierre Thorn raconte ses engagements politiques en retrouvant les protagonistes de ses documentaires. On voit un chaudronnier d’Alsthom, un sidérurgiste de Longwy, un "graffiti artist", une danseuse de hip hop. Les années ont passé ; les visages ont changé. Mais leur soif d’idéal ne s’est pas tarie.
Révolutionnaire un jour, révolutionnaire toujours. Il n’y a que les imbéciles, dit-on, qui ne changent jamais d’avis. À l’aune de cet adage, Jean-Pierre Thorn est un parfait idiot. Car sa rage révolutionnaire ne s’est jamais apaisée. Aujourd’hui comme hier, il tempête contre l’injustice sociale et les privilèges des possédants. Cette furia peut prêter à sourire, surtout quand elle conduit à une assimilation sans doute fallacieuse entre le mouvement des Gilets jaunes et les grèves de mai 68. Mais cette intransigeance force aussi le respect en ces temps d’inconsistance doctrinale où le « en même temps » macronien tient lieu à beaucoup – y compris à l’auteur de ces lignes – de seule boussole idéologique.