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cylon86
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3,0
Publiée le 24 décembre 2016
Sadako, une femme un peu naïve, est un jour violée par un voleur s'étant introduit dans la maison qu'elle partage avec un homme qui ne l'a pas reconnu comme épouse légitime. Alors que ce violeur revient vers elle pour lui annoncer qu'il est mourant, les deux entament une relation étrange, mordibe et malsaine... Pas de doute, nous sommes bien devant un film de Shohei Imamura à la vue de ce "Désir meurtrier". Le cinéaste japonais livre une histoire de 2h30 où il s'adonne à ce qu'il préfère : filmer l'être humain dans sa bêtise, coincé par des pulsions qui le dominent. C'est d'ailleurs la première fois qu'on montre à l'écran une femme qui trouve un certain épanouissement à entretenir une relation avec son violeur, le film en ayant choqué plus d'un à sa sortie (Imamura engagea même une femme pour travailler avec lui sur le personnage de Sadako mais elle quitta rapidement le projet, outrée par l'ambition du cinéaste) et continuant d'ailleurs de choquer par son étonnant ton cru et acerbe à sa vision aujourd'hui. On lui déplorera malheureusement quelques longueurs venant donner du plomb dans l'aile à un récit qui s'étale sur plusieurs personnages et thématiques alors qu'il aurait gagné en puissance à se concentrer sur Sadako et sa relation avec son violeur. C'est sans compter sur l'ambition d'Imamura qui profite de l'histoire pour étudier les moeurs de ses compatriotes avec un regard toujours aussi juste. Et une mise en scène toujours aussi sublime, jouant magnifiquement sur les détails et sur la lumière.
Shohei Imamura connut sa reconnaissance internationale après la palme d'or qu'il obtint à Cannes avec " la ballade de Narayama" que renforça sa seconde palme " l'anguille".
Signature renommée de la nouvelle vague japonaise quasi contemporaine de la française c'est un cinéaste connu pour son attirance pour la question de la sexualité et des interrogations sur la pertinence de certaines conventions sociales en cours dans l'empire du soleil levant.
Les points forts du film sont d'ordre formel. Magnifique scope noir et blanc et construction de plans exceptionnels et inventifs.
On regrettera par contre le côté un peu trop abracadabrantesque du scénario qui font perdre dans sa dernière demi-heure beaucoup de l'intérêt suscité jusque-là par " desirs...".
Réflexion sur le statut de la femme japonaise, la frustration existentielle et sexuelle, il n'est pas étonnant que Imamura ne se fit pas que des amis avec cet opus.
C'est pourtant un des chapitres indispensables à connaitre du réalisateur qui s'inscrit sans aucun doute parmi ses réussites les plus notables de la première partie de sa carrière (.années 60).
Un sujet fort et personnel, des actrices habitées. Une mise en scène inspirée de bout en bout, avec des vrais choix drastiques. En bref, une pure merveille. Sans doute l'un des plus beaux films d'Imamura avec "La femme insecte".