Avec des petits bijoux comme "Un homme sans femme" et "Tonnerre", Guillaume Brac est un réalisateur français dont on ne parle pas assez. Chez lui, il y a toujours un charme particulier lié à son empathie pour ses personnages et à sa façon de se plonger dans les beautés de la nature. Un charme que l'on retrouve dans "A l'abordage", primé à Berlin 2020, un film diffusé directement sur Arte, sans avoir, précédemment, fréquenté les salles de cinéma. On y retrouve de jeunes personnages interprétés par de jeunes acteurs très prometteurs (comédien.ne.s de la promotion 2020 du Conservatoire National d'Art Dramatique de Paris) : Félix (interprété par Eric Nantchouang), un noir de La Courneuve, le prototype du jeune qui a du bagout, sûr de lui, sympathique mais un peu lourd sur les bords ; Chérif (interprété par Salif Cissé), son meilleur ami, comme quoi, parfois, les contraires s'attirent car ce gros nounours de Chérif est plutôt du genre timide et réservé ; Alma (interprétée par Asma Messaoudene), une jeune femme de 22 ans, un peu versatile, dont Félix s'est entiché lors d'une fête parisienne, au point de décider d'aller la retrouver sur son lieu de vacances, dans la Drôme ; Édouard (interprété par Édouard Sulpice, qu'on retrouvera bientôt dans "Des hommes" de Lucas Belvaux), avec qui Félix et Chérif vont faire le trajet Paris - Die via BlaBlaCar, un jeune blanc, un "fils à maman" de "bonne famille", par ailleurs très sympathique, qui va devenir la tête de turc de Félix et de Chérif ; Héléna (interprétée par Ana Blagojevic), une jeune mère de famille et sa toute petite fille Nina, qui pourrait bien finir par succomber à la gentillesse de Chérif. On est dans un cinéma plein de fraicheur qu'on peut rapprocher d'Eric Rohmer et, surtout, de Jacques Rozier, et Guillaume Brac nous parle avec justesse, sans porter de jugement, de l'incompréhension qui peut exister entre les femmes et les hommes.