En adaptant, avec Anthony Veiller, la pièce de Tennessee Williams « The Night of the Iguana » John Huston garde l’essentiel : une galerie de personnages esseulés, à la recherche d’un destin qui leur échappe, et dont, par conséquence, les doutes ne font que croitre. Huston tente d’y apporter sa touche personnelle avec un humour parfois ironique, parfois balourd. La remarquable photographie en noir et blanc de Gabriel Figueroa, n’évite pas au film un côté par trop théâtral, surtout dans la deuxième moitié. Si le casting est excellent, Ava Gardner et Deborah Kerr en tête, Richard Burton, après un début tonitruant dans une scène grandiose (la meilleure du film avec celle de la mort du grand père) se perd dans un cabotinage trop outré pour le cinéma. Au fur et mesure que les personnages de dévoilent, l’intérêt se dilue dans des dialogues interminables. En dehors du prêche sur la déception des créatures de Dieu, la peinture des caractères est essentiellement misogyne, résumant les femmes en trois catégories : les fanatiques avec Grayson Hall (la tante lesbienne), Deborah Kerr (la peintre vieille fille), les abruties (la collection de rombières-touriste américaines) et les chaudasses avec Sue Lyon (la nièce qui veut se faire dépuceler) et Ava Gardner (la veuve amoureuse-nymphomane, doublement refoulée, mais qui garde une exceptionnelle sensualité). Exposé pessimiste pendant plus d’une heure et demie, le dernier quart d’heure se veut plein d’optimisme, passant de l’ombre à la lumière. Pas mal, un peu long, très surestimé.