Comme dans "Fury", son film précédent, Fritz Lang tire ici à boulets rouges sur le système américain, en particulier judiciaire. On s'intéresse dans "You Only Live Once" à Eddie, un bandit repenti sorti de prison. Eddie aspire à sa ranger et fonder une famille, mais le système ne lui en donnera pas vraiment l'occasion. Entre discrimination et injustices, la fameuse deuxième chance à l'américaine parait bien loin ! Un film assez culotté donc, et surtout très efficace. Car l'intrigue est riche pour un film de moins de 1h30, maniant allègrement les ellipses pour se focaliser sur la relation entre Eddie et sa femme. Henry Fonda, que l'on connait surtout pour ses rôles d'Américain noble et intègre, parait être un choix étonnant pour incarner cet ex-bandit qui reste sur les nerfs. Pour autant, l'acteur est en forme, parvenant à incarner à la fois la détresse et l'agressivité de son personnage. Une annonce de l'un des contre-emplois les plus célèbre du cinéma, qu'il jouera 30 ans plus tard ? La mise en scène de Fritz Lang n'est pas en reste. Inspiré par l'expressionnisme allemand, le réalisateur enchaine les jeux d'ombre, les jolis gros plans sur ses acteurs, et quelques scènes qui en jettent visuellement. Si ce n'est pas l'un des films majeurs de son réalisateur, "You Only Live Once" mérite ainsi le coup d'oeil.
Déjà condamné à trois reprises pour de menus larcins, Eddie Taylor (Henry Fonda) sort de prison désormais bien décidé à rester dans le droit chemin. Son épouse aimante (Sylvia Sidney) va l’y aider. Mais la société refuse à Eddie une seconde chance : les propriétaires de l’hôtel où le couple passe sa lune de miel le mettent à la porte après avoir reconnu Eddie, le patron de l’entreprise où Eddie a réussi à trouver un poste de livreur le licencie sans motif. Plus grave : lorsqu’un braquage tourne mal, tous les soupçons se portent sur Eddie qui risque la chaise électrique s’il est reconnu coupable.
En 1937, Fritz Lang fuit l’Allemagne nazie et arrive aux Etats-Unis, après une courte escale en France. "J’ai le droit de vivre" (dont je me demande si le titre original, "You Only Live Once", a directement inspiré les producteurs de James Bond) est le deuxième film qu’il y tourne. Dix ans avant que le genre acquiert ses lettres de noblesse, c’est l’un des tout premiers films noirs dont il contient déjà tous les ingrédients : l’usage envoûtant du noir et blanc pour des scènes presqu’exclusivement nocturnes, la figure du héros maudit, le couple en cavale, la force inéluctable du destin…
Le scénario est inspiré de la fuite de Bonnie et Clyde qui avait défrayé la chronique quelques années plus tôt. Il est mené à un train d’enfer au point qu’on se demande, au bout d’une heure à peine, si le film ne touche pas déjà à sa fin. Sa dernière demi-heure est moins convaincante.
J’ai le droit de vivre donne à Henry Fonda un de ses premiers grands rôles. Il y incarne déjà la figure héroïque de l’Américain vertueux et courageux, seul contre tous, qui constituera sa marque de fabrique dans "Les Raisins de la colère" ou "Douze Hommes en colère".
Une jeune femme qui travaille dans le cabinet d'un avocat attend la sortie de son compagnon qui va sortir de prison ou il purge une peine pour vol à main armée. Ce dernier est bien décidé à s'amender et à mener une vie honnête. Malheureusement les circonstances, la méfiance et le manque d'empathie de son employeur, ne lui facilite pas le retour à une vie normale. Les complications empirent gravement lorsqu'il est soupçonné d'avoir participé à l'attaque d'un fourgon blindé qui s'est soldé par six morts. Arrete il est jugé et condamné à mort, malgré son innocence. Un événement survient qui devrait le sauver. Deuxième film de la carrière américaine de Fritz Lang " j'ai le droit de vivre" est un film admirable. Monté au cordeau et magnifiquement interprété par Sylvia Sidney et Henry Fonda, ce film est considéré comme un des premiers films noirs de l'histoire du cinéma. Son scénario lorgne sur l'histoire de Bonny and Clyde. Seules certaines incohérences du scénario qui nuisent un peu à sa logique interne ne me conduisent pas à lui donner 5 étoiles ( qu'il mérite peut-être). Un très très grand film qu'aucun aficionado de cinéma d'auteur, de polars, de films de l'âge d'or du cinéma hollywoodien ne doit manquer. J'aime vraiment beaucoup cet opus de Lang.
Sorti en 1937, You Only Live Once offre une réflexion passionnante sur la condition de tout ancien détenu de prison soucieux de se réinsérer dans une société civile qui n’a aucune place à lui accorder, sinon celle du stigmatisé et du bouc émissaire : ses tentatives de rachat se soldent par des revers de fortune cuisants, ses efforts ne sont pas pris en compte, ses entreprises semblent d’entrée de jeu destinées à échouer. Le long métrage prend l’aspect d’une lente agonie tragique rehaussée néanmoins par quelques envolées sublimes qui raccordent l’individu à l’unique liberté possible : la liberté qu’il trouvera, à terme, dans la mort. Le parcours suivi par le couple de protagonistes s’apparente à un martyre religieux à l’envers, les portes du Paradis s’ouvrant aux bandits : leur traque par les forces de police, rappelant celle de Bonnie et Clyde, alors que Joan est enceinte rejoue la naissance du Christ, le spectacle des grenouilles dans la mare où se reflètent les deux amants renverse l’image du fléau biblique puisqu’elle devient sentimentale, romantique. Le long métrage agit à la manière d’un miroir inversé qui convertit l’illégalité en loi divine, les présages de mort en présages de vie éternelle : alors qu’Eddie menace le prêtre un pistolet à la main, des nappes de brouillard enveloppent la cour de la prison et transforment une séquence de polar en fantasme où réalité et surréalité se confondent. You Only Live Once interroge et invalide la possibilité du rachat par la société ; son titre annonce une vie unique qui est celle offerte par le monde des hommes contre la vie éternelle qu’offrent Dieu ou tout autre entité supérieure cristallisant les aspirations du fini à s’engager dans de l’infini. Fritz Lang réalise une œuvre noire efficace et économe dans ses effets de mise en scène qui confronte l’injustice et la fatalité de la société au sublime d’un amour résistant au temps, aux préjugés, aux convenances. Un grand film.
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4,0
Publiée le 18 août 2020
La mythologie du vaincu confère ici quelque chose de romantique! C'est l'excellent Henry Fonda qui s'y colle pour jouer ce type de hèros au destin cruel! Fritz Lang montre vraiment la violence, d'où qu'elle vienne,comme une chose sordide! Aucune èchappatoire pour ce pauvre Eddie Taylor, aucun bonheur n'est possible avec la sensible Jo qui se sacrifie pour sauver l'homme qu'elle aime [...] il est difficile d'oublier la scène finale des deux èvadès pris en embuscade par la police! Cette sèquence n'est point sans rappeler le mythique "Gun Crazy" (1950). Cette très belle oeuvre lyrique d'avant-guerre constitue un virage majeur dans la carrière prestigieuse de Lang, considèrè pour la petite histoire comme l'un des premiers classiques du film noir....
Tout est dans l’étang aux grenouilles du début. Le reflet est une image du bonheur. Il est une illusion. Le film semblait se diriger vers une sorte de « fatalitas » mais en vérité il se dirige vers une vengeance dramatique. Tension et noirceur pour ce très bon film noir.
C'est la version de Bonnie and Clyde, the terrible lovers in America during the Great Depression. Des bandits ces amants passionnels, c'est très bien mis en scène et l'histoire est prenante, les acteurs et actrices sont cool, c'est une charmante réalisation. You only live once plutôt que le droit de vivre comme ce sublime final fatal dans l'âme romance criminelle.
Fritz Lang réalise une œuvre forte au romantisme désespéré, à la mise en scène brillante, mais malgré un sujet sociétal intéressant, pas très captivante. Un film qui a pris un petit coup de vieux même s'il se revoit sans déplaisir.
« J’ai le droit de vivre » est un long-métrage de Fritz Lang réalisé en 1937. Henri Fonda joue un détenu libéré pour la seconde fois. Sa femme qui travaille aux côtés d’un avocat le soutien dans sa réinsertion. Rejeté par la société, il va être victime d’une injustice en étant gratuitement suspecté d’un meurtre qu’il n’a pas commis et condamné à mort. Aidé par sa femme, il va s’évader de prison. Librement adapté de la vie de Bonnie et Clyde, le couple va prendre la fuite. Lang sait diriger ses acteurs qui apportent une charge émotionnelle intense à l’écran. Il nous offre de très belles séquences qui rappellent sa période allemande grâce à l’utilisation d’un éclairage expressionniste. Enfin, le happy-end reste impossible, ce qui est cher au cinéaste et place ainsi « J’ai le droit de vivre » au rang des sublimes tragédies. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Au début du film, un homme sort de prison pour la troisième fois de sa vie et l'on apprend qu'une nouvelle arrestation l'enverrait directement sur la chaise électrique. Visage tendu, Eddie Taylor (Henry Fonda dans le premier grand rôle de sa carrière) en veut aux autorités qui ont détruit sa vie et quitte son lieu d'incarcération en sachant pertinemment que l'avenir qui lui est réservé n'est pas des plus idylliques. Si l'ouverture est quelque peu schématique (on oublierait presque que les précédentes condamnations du personnage sont méritées), elle a le mérite de poser clairement les intentions du film, lequel est construit comme une tragédie qui accompagne un couple dans son irrémédiable chute. Fritz Lang met à nu une liberté illusoire, conscient qu'Eddie est désormais perçu comme un récidiviste qui ne mérite plus qu'on lui donne sa chance. Il faut voir comment son nouveau patron profite de la moindre petite erreur pour le licencier ou comment une foule est prête à le lyncher à la sortie d'un tribunal alors qu'elle ne connaît pas la vérité : ce regard méprisant mais lucide sur une société qui s'attribue un pouvoir qui ne lui appartient pas ou qui en abuse est une constante chez Lang, il ne trouve pas ici la force qu'il pouvait avoir dans "M le Maudit" ou "Furie" mais s'inscrit dans la mécanique d'un destin défavorable. Implacable dans son constat et dense au vu de l'efficacité avec laquelle s'enchaînent les diverses actions, "J'ai le droit de vivre" est un film haletant qui fait preuve d'une ébouriffante capacité de synthèse et d'un attachement profond à des personnages conduits vers un final ambigu, qui sonne à la fois comme une tragédie et comme une libération.
Un polar d'une noirceur absolue qui frôle le mélodrame, (jamais l'expression faire porter le chapeau n'a si bien été illustré) mais le savoir-faire du réalisateur fait que tout cela est parfaitement maîtrisé. Fonda incarne avec brio un type pas trop malin que lequel le destin s'acharne et Silvia Sidney une amoureuse tout à fait crédible. La mise en image est brillante, le scénario intelligent, bref un chef d'œuvre.
Alors qu’il est condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis, un homme aidé de sa femme s’évade de prison et seront évidemment pris en chasse par la police... "J’ai le droit de vivre" est un drame particulièrement prenant et poignant à suivre et s’impose sans conteste comme l’un des chefs-d’œuvre de ce metteur en scène mythique qu’est Fritz Lang. Sylvia Sydney et Henry Fonda forment un couple particulièrement attachants et ils sont magnifiques dans leurs interprétations. La mise en scène de Fritz Lang est également de très grande qualité, la photographie est très belle et l’histoire prenante de bout en bout. Du très grand art que je ne pourrais que conseiller aux amateurs de film noir.
Second film Américain de Fritz Lang "You Only Live Once" est basé sur la vie de Bonnie et Clyde. C'est un beau drame qu'il nous livre, à travers un homme, d'abord rejeté à cause de son passé de prisonnier, puis accusé à tord. Mais Lang décrit le monde autour de manière bien plus cruel, des policiers, de la population jugeant un homme sans rien savoir et uniquement sur son passé. Le scénario est classique, mais a son lot de rebondissement, et il est bien écrit. La mise en scène est parfaite, tout comme ce beau noir et blanc que Lang utilise bien. C'est un film rapide, que ce soit sa durée ou son rythme. Le jeune Henry Fonda est très convaincant, tout comme Sylvia Sidney. "J'ai le droit de vivre" est un très beau drame, intelligent, cru et poignant.
Excellent film noir de Fritz Lang du début de sa carrière américaine et et acteurs formidables pour ce couple inspiré des légendaires Bonnie&Clyde. Henri Fonda face aux préjugés d'un taulard tentant la réinsertion grâce à l'amour passionné de sa femme mais qui se heurte à ce que l'homme produit de pire. Un film sombre mais touchant et magistralement mise en scène par Lang. Un classique de sa filmographie (à rajouter dans sa longue liste).