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    Mank
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    125 critiques spectateurs

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    Camille Tiercen
    Camille Tiercen

    4 abonnés 16 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 31 juillet 2022
    Très recherché mais j'ai pas accroché du tout. Je m'attendais a un film parlant sur le cinéma des années 30 et sur Citizen Kane et ce fut ça....et autre chose d'intéressant mais peu important je trouve. A part si ça venait du réalisateur. 6 ans pour ça quand même ! Un très bon film qui est l'un des meilleurs de l'année mais en aucun cas le chef d'œuvre annoncé.
    Christoblog
    Christoblog

    749 abonnés 1 621 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 décembre 2020
    Mank souffre d'un trop-plein.

    Trop de plans, trop de dialogues, trop de sous-entendus, trop d'intentions.

    Quand le personnage de Mank cite approximativement Blaise Pascal : "Je n'ai fait cette lettre-ci plus longue que parce que je n'ai pas le loisir de la faire plus courte " (Les Provinciales) on a vraiment envie de dire à Fincher qu'il a lui pourtant eu six ans depuis Gone girl pour préparer celui-ci, et qu'il pourrait pu abréger.

    Certes, comme d'habitude, la mise en scène est propre, voir virtuose. Fincher essaye de retrouver la qualité des films hollywoodiens du passé : on a donc le droit à des trucages à l'ancienne, une musique et un générique rétros, un noir et blanc de circonstance (un peu sombre à mon goût) et divers tics qui démontrent l'inutile méticulosité du réalisateur (des défauts qui singent l'ancien usage des bobines de pellicule par exemple).

    Les dialogues fusent, les plans aussi, les flashbacks se multiplient dans une intrication parfois néfaste à la dramaturgie du film, et les références se multiplient. A moins d'être un fin connaisseur de la vie politique américaine et du Hollywood des années 40, on est souvent un peu perdu, par exemple dans la constitution de l'actionnariat de la MGM.

    Bien sûr, les à-côtés du film ravissent les critiques : les différents parallèles qu'on peut faire (ou pas) entre la situation de Fincher père / Fincher fils et Fincher / Welles sont intéressants pour la petite histoire du cinéma, mais ne rendent pas le film plus agréable ou plus profond.

    Si finalement le dernier film de David Fincher n'est pas complètement ennuyeux, c'est principalement grâce à l'interprétation de Gary Oldman, bien que ce dernier me paraisse nettement trop vieux pour son personnage.

    Le film est impressionnant techniquement et suffisamment bien fabriqué pour générer un minimum d'intérêt, mais aucune véritable émotion n'affleure à sa vision.
    orlandolove
    orlandolove

    116 abonnés 1 722 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 15 décembre 2020
    La mise en scène fait preuve d'une virtuosité indéniable et la reconstitution de l'époque est bluffante. Le script est très riche mais parfois assez impénétrable. Ceci explique peut-être que, en ce qui concerne les émotions, le film laisse un peu le spectateur de côté.
    T-Tiff
    T-Tiff

    74 abonnés 1 165 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 décembre 2020
    Depuis plus de six ans et la sortie du remarquable "Gone Girl", nous attendions le retour de David Fincher au grand écran. Le réalisateur s'était alors permis une incursion sur le petit écran du côté de Netflix avec la série "Mindhunter", lui qui s'était déjà investi dans la série "House of Cards". Et finalement, il faudra encore attendre pour retrouver un film du cinéaste au cinéma, puisque son nouveau film est également disponible exclusivement sur Netflix, ce qui n'a rien enlevé à notre impatience de le découvrir. "Mank" raconte l'histoire du scénariste Herman J. Mankiewicz, rendu célèbre pour avoir co-écrit le script de "Citizen Kane", dans le Hollywood des années 30. Pour restituer le ton de l'époque, le film a été tourné en noir et blanc, allant même jusqu'à reproduire les brulures de cigarette qui apparaissaient sur l'image des films de l'époque. Le parti-pris esthétique fonctionne plutôt bien, de même que la performance de Gary Oldman dans le rôle principal, qui occupe chaque scène à l'écran. Pour le reste, nous devons avouer avoir été largement déçu par ce film qui nous laisse un peu sur le bord de la route. David Fincher a voulu se faire plaisir en tournant ce film dont l'histoire a été écrite par son défunt père, mais à part peut-être pour les professionnels du cinéma, il est difficile de s'y retrouver dans la multitude de personnages mentionnés et parfois mal introduits. Par ailleurs, probablement en hommage à "Citizen Kane", le récit est construit avec une succession de flash-backs qui ne facilitent pas la lisibilité de l'histoire, et qui semble dans un premier temps mettre de côté l'écriture du scénario du célèbre film de 1941 pour lequel Mankiewicz recevra un Oscar. Ajoutons que le personnage d'Orson Welles est quasiment absent du film. La fin du film permet de mieux comprendre le lien entre la vie du scénariste et l'histoire de "Citizen Kane", et de recoller les bouts de l'intrigue qui nous avaient un peu échappé. Finalement, "Mank", malgré d'indéniables qualités, est une petite déception, le film n'a pas réussi à nous embarquer dans le Hollywood de l'époque, nous laissant la désagréable sensation d'être mis sur la touche
    Charlotte28
    Charlotte28

    95 abonnés 1 759 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 5 décembre 2020
    Exercice de style réjouissant, nous immergeant dans une ère hollywoodienne particulière, Mank se démarque également par sa dimension personnelle, aisément perceptible, ainsi que par l'interprétation impeccable d'un Gary Oldman nécessairement en empathie avec son personnage pour des raisons intimes touchantes. Le reste du casting au diapason (Charles Dance et Tom Burke en tête) confère de même à chaque personnage une densité appréciable. Cependant la froideur des images ainsi que le besoin de familiarité avec ce microcosme des années 30 nous placent en spectateurs d'un monde étranger et parfois hermétique. Un pamphlet teinté de mélancolie plus délectable pour les connaisseurs.
    Kalie
    Kalie

    53 abonnés 967 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 28 avril 2021
    Bien sûr ma note ne reflète pas la valeur intrinsèque de « Mank ». La photographie du film est belle et l’interprétation de qualité. Mais il s’agit de la note que je mets à tous les films que je n’ai pu voir entièrement, même si là j’ai vu le début et les toutes dernières minutes du film, mais zappé des gros « morceaux » au milieu, et cela malgré deux tentatives ! En fait les bavardages incessants entre célébrités de l’époque, totalement inconnues pour nous Français mais aussi pour bon nombre d’Américains non cinéphiles, m’ont mortellement ennuyés. De plus les flash-back sur le Hollywood des années 30 cassent le peu de rythme du récit. Habituellement, je ne regarde que les films dont le sujet m’intéresse (je ne suis pas maso) mais là avec David Fincher à la réalisation et Gary Oldman à l’écran je me suis laissé tenter… à tort !
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 190 abonnés 4 004 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 janvier 2021
    Disponible sur Netflix, le nouveau film de David Fincher s’attarde sur l’écriture du chef d'œuvre Citizen Kane” par Herman J. Mankiewicz et réalisé par Orson Welles. Tourné en noir et blanc, l’intrigue nous plonge donc dans le Hollywood des années trente. Isolé dans un ranch avec la jambe plâtrée et ses excès d’alcool, le scénariste reconnu se voit confier l’écriture du premier long-métrage d’un jeune prodige venu du théâtre. Dans le contrat, il est bien précisé que le scénariste ne sera pas crédité au générique. Extrêmement bien filmé, “Mank” est un hommage à Welles au-delà de son histoire. Fincher utilise les flash-backs et certaines techniques propres au réalisateur pour nous rappeler son style. Mais “Mank” est aussi un film très bavard. Avec ses 2h12 au compteur, il aurait certainement été plus judicieux de le voir au cinéma où l’attention est meilleure. Tant pis pour Fincher, il a préféré vendre son film à une plateforme de being-watching et nous sommes certainement passé à côté d’une multitude de subtilité et n’avons ressenti aucune émotion.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    maxime ...
    maxime ...

    202 abonnés 2 069 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 décembre 2020
    Mank est à n'en pas douter le film le plus énervé de ce cinéaste à la fois cinéphile taré et homme révolté !

    Début 2020 - date du commencement de ma rétrospective consacré à David Fincher. Il faut dire que j'ai eu du nez. Ma mémoire étant des plus fraiche il est facile de voir que le type convoque tour à tour ses précédents travaux, d'Alien à Mindhunter et pioche ici et là dans ses derniers non pas par envie de synthèse mais pour encore trouver matière à innover. Il va chercher son vécu, témoigne de sa colère et signe la son film le plus personnel. Comment ne pas entrevoir chez son héros à taille humaine tout son désarroi, sa hargne pour son industrie et notamment au regard de cette dernière sur la production de ce long-métrage-ci. Mank est un véritable coup de pied au derrière des Studios dit " Tradi " et au mépris consacré à un scénario qui pour lui avait forcement tellement de signification.

    Cela va sans dire, ce film est très exigent et mérite bien plus d'un visionnage. Aucune rétine ne peut imprimer autant d'infos et de techniques en tout genres étalé sur deux heures de cette façon. On se mange une déferlante de savoir faire et il vaut mieux être sur le qui-vive. C'est d'ailleurs à mi-chemin que le réel intérêt de son histoire prend réellement le soin de se livrer. La métaphore de Mankiewiesz sur son combat n'a d'égal que le jeu de miroir ente présent et passé, cinéma et politique.

    En ce qui concerne son affiche Gary Oldman se montre sous son jour le plus inspiré. Sa composition de Herman Mankiewiecz est et restera j'en suis persuadé une marque importante de sa filmographie. Selon moi, son plus grand rôle de cinéma. On entrevoit toute la résignation et la fureur chez cette homme à travers son sarcasme, sa vacherie, son humiliation ... Ce type confronté à ses doutes, à son sentiment de culpabilité, face à son humanité n'a de cesse de provoqué son monde pour leurs ouvrir les yeux. Il y'a un parallèle avec sa temporalité qui m'interpelle directement avec nos jours à venir ... Amanda Seyfried elle aussi signe sa plus significative démonstration. L'empathie de Marion Davies bouleverse forcement au vue du piège refermé sur elle et dont elle se sent prisonnière ( consciente ), elle l'a parvenu qui se dandine pour le regard des autres, elle qui pourtant est bien plus avisé que ces derniers et de loin. L'entrecroisement avec son ami scénariste n'est que plus déroutant. Charles Dance, Lily Collins, Tuppence Middleton, Tom Burke et tout les autres devrait être mentionnés au cas par cas tant eux aussi amènent leurs pierre à cet édifice.

    Mank est une immense contribution à son Art, un choc, un des meilleurs films de 2020. David Fincher pour qui j'ai énormément d'estime viens de frapper un très grand coup. On peu encore attendre plusieurs années avant de voir son prochain fait d'arme. J'aurais donc le temps de revoir cet objet déroutant encore de bien nombreuses fois.
    Raw Moon Show
    Raw Moon Show

    117 abonnés 829 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 août 2021
    Décidément, j'adore Fincher. A quelques déceptions près (Fight Club, The Game) mais qui commencent à dater. J'ai notamment une adoration pour Gone Girl son dernier opus. Et bien voilà qu'il nous revient avec un film qu'on aurait pu imaginer dégoulinant de nostalgie béate, de mélancolie factice pour une époque révolue, idéalisée comme souvent, et bien non ! C'est tout le contraire qui s'opère à l'écran, qui nous saute au visage. Parce que le regard sans concessions de Mank, sorte de paradoxe vivant cette époque, un pied dans le système un pied dehors, irrigue magistralement le film de son esprit caustique, rebelle et désabusé.
    Mank est au départ une invitation courtoise, appétissante, à revisiter une époque (l'âge d'or d'Hollywood, du règne sans partage de la MGM jusqu'à l'émergence de la RKO Pictures), à replonger dans un film (et quel film, Citizen Kane), C'est aussi, on le devine dès le générique, un hommage au père disparu (Jack Fincher) et à ce qu'il n'a probablement pas réussi de son vivant (projets de cinéma restés dans ses valises, ou développés par d'autres que lui cf Aviator et la bio de Howard Hugues). Mais Mank est d'après moi surtout l'hommage à toutes celles et tous ceux qui dans l'ombre oeuvrent avec esprit, avec liberté (quelles qu'en soient les conséquences pour leurs parcours de vie, leurs "carrières") avec ce qu'ils sont viscéralement, à faire vivre leur époque, à la raconter, à dépeindre ces milieux aseptisés où l'égo démesuré de certains conduisait à écarter sans le moindre scrupule, piétiner, jusqu'à gommer du générique les fameux "oubliés" dont parle Mank... Car Fincher vient témoigner, nous conter l'envers du décor en rappelant le singulier rôle de l'art (témoigner, raconter avec honnêteté intellectuelle, faire rêver, dénoncer, réhabiliter aussi) et l'exigence de l'artiste qui va avec : rester fidèle à ses convictions, ne pas se compromettre. Sous aucun prétexte.

    "Parfois effacés, jamais oubliés" nous murmure-t-il.

    Commençons par louer les qualités du film sur un plan purement visuel et technique. Noir et blanc satiné, avec de la matière, du relief. Mise en scène inspirée, aérienne mais puissante. On oublie la complexité de certains mouvements de caméra. Servi par des acteurs formidables (premiers comme seconds rôles), et des dialogues finement ciselés à coup de double sens, à l'image de la personnalité singulière de Mank.

    Quant à la narration, elle épouse naturellement celle de Citizen Kane (puisque c'est sa genèse à l'oeuvre que nous scrutons) mais culmine selon moi dans une scène d'une ambiguïté, d'une profondeur, d'une richesse abyssales. Hearst y livre sans s'en rendre compte toutes les clés, tous les ressorts psychologiques du futur chef-d'oeuvre d'Orson Welles. Raccompagnant Mank jusqu'à la porte de sa forteresse, il lui assène ce cruel monologue en guise d'adieu, qui est la graine, la semence du futur Citizen Kane :

    "Est-ce que vous connaissez la parabole du singe du joueur d'orgue de Barbarie ? C'est l'histoire d'un joueur d'orgue mécanique et de son singe savant. Un singe minuscule, arraché à sa jungle natale et qui naturellement est impressionné par les proportions du monde qui l'entoure. Seulement, tous les matins, une dame aimable vient habiller notre ouistiti avec de magnifiques vêtements. Elle lui passe une veste de velours rouge orné de boutons de perle. Elle le couvre d'un élégant Fez carmin à gland de soie. Elle lui enfile des souliers de brocard joliment recourbés à la pointe. Et pour couronner le tout, elle lui attache une boîte à musique étincelante en reliant à son cou une merveilleuse chaîne en or, privilège dont il est le seul à jouir. Ainsi, de ville en ville et à mesure que les numéros se suivent, il finit par se dire "je suis vraiment quelqu'un d'important. Il n'y a qu'à voir cette foule qui patiente sagement pour me voir danser. Et où que j'aille, pense-t-il cette boîte à musique me suit traînant encore ce pauvre homme que tout le monde méprise. Le malheureux mendiant. Il suffit que j'arrête de danser pour qu'il meure de faim. Et si je me mets à danser le voilà condamner à tourner sa manivelle que ça lui plaise ou non "

    Naturellement, Hearst vise au coeur. Il entend faire mal. Mank doit comprendre entre les lignes qu'il pense être important mais qu'il n'est au fond qu'un clown, un pitre, un vulgaire amuseur de bas étage qui n'est là que pour divertir les grands de ce monde. Hearst lui susurre que s'il interrompt la musique, Mank ne sera plus rien. Il l'interrompt d'une certaine manière en lui refermant les portes de son monde étouffant et clos mais celui qui autorise alors tous les rêves d'argent, de célébrité, de pouvoir. Une cour, ses rois d'un temps, ses courtisans de passage, où la voix dissonante, le mot sincère sont rabroués, où l'homme franc et lucide se voit pestiféré manu militari. Mais tout ceci n'a qu'en temps et s'envole comme ce bout de papier juste avant l'accident de voiture de Mank. Ce qui reste est autrement plus pérenne, profond, emprunt d'humanisme... L'oeuvre à venir. Mieux, celle qu'on a sous les yeux.

    Car Hearst n'a sans le savoir jamais autant livré de lui-même à cet instant-clé. La figure est renversée. Ce petit ouistiti, c'est évidemment lui, le mendiant n'est autre que Mank le mettant quelques temps plus tard divinement en musique. Vertigineux pied de nez. Hearst a tout livré de sa profonde solitude en une confidence maquillée, en une marche funèbre jusqu'à la porte immense de sa "boîte à musique" grandeur nature. La vieille dame de la parabole l'ayant habillé pour ses succès futurs, et bien c'est sa maman choisissant pour lui son avenir doré, remplaçant l'amour maternel par les apparats de l'amour, le bien matériel, misant l'enfant comme un objet, un trophée, une marionnette. Ce faisant, elle choisit à sa place tous les avenirs qui ne s'offriront pas à lui.

    Mank se nourrit de ce monologue et démontre plus tard sous sa plume inspirée que la puissance de l'esprit est irréductible lorsqu'il sait rester libre, indompté. Ne se dit-il pas franc-tireur, qualité et défaut que sa femme qui l'aime de toutes ses forces n'a de cesse de lui rappeler la nécessité de faire des compromissions, d'altérer ce trait de caractère, de réfréner ses élans de franchise parfois blessants ? Avec le recul et malgré ce qu'il aura payé de sa santé, de tant de projets avortés, pour sa carrière amputée, Mank démontre que, même désabusé, il aura percé à jour, compris, aimé Hearst d'une amitié vraie, parce qu'ils ont en commun de 2 façons différentes le sens profond de ce qu'est la perte des illusions, de ce que font les rêves, les idéaux lorsqu'ils percutent de plein fouet la réalité. D'où ce récit éclaté, labyrinthique qui fait rejaillir en dernier lieu l'innocence, la candeur perdues de Kane alias Hearst (mais de Mank naturellement au contact de ce monde cruel qu'est le cinéma, incarné dans le présent par le tout-puissant Welles) dans ce qui restera comme l'une des plus fantastiques révélations de l'histoire du 7ème Art.

    Si l'on cherche dans la structure même du film des éléments pour se convaincre de ce qu'il y est avant tout question d'exhorter chacune et chacun à rester soi-même quoi qu'il en coûte sur le chemin d'un prétendu succès parsemé d'étoiles comme sur Hollywood Boulevard, il suffit de revenir sur la relation Orson / Mank qui fait revivre à l'écran le duo passé de ce dernier avec Hearst. Même inextricable binôme, l'un ne pouvant exister sans l'autre (l'un est à la scène, à la lumière ce que l'autre est aux coulisses, aux ténèbres de la création la plus pure). Raison pour laquelle il est utile et passionnant de revoir Citizen Kane après avec dévoré Mank. On retrouvera notamment Mank transfiguré sous les traits de l'ami de toujours : Leland. Mais aussi à certains égards dans le personnage de la jeune cantatrice, lorsqu'elle prise au piège de ce château (et lui entre ces 4 murs où il doit produire en un temps record) et qu'elle essaye d'achever son puzzle (le scénario du film ?).

    Evidemment, le talent de Mank est connu à l'époque. Orson Welles est ici dépeint comme un prédateur cherchant à profiter de la position de faiblesse de Mank, alors sur la touche. Il est l'anti-Mank, l'incarnation d'un "monstre" à l'égo surdimensionné qui veut à tout prix attirer la lumière à lui. Par tous les moyens. Sorte de "Louis Cypher" (son arrivée au chevet de Mank à l'hôpital) venant convaincre Faust de lui céder son âme contre un peu de plaisir (purgatoire incarné par cette ferme où cloué au lit Mank est entouré de personnes aux petits soins). Un lieu d'abord dépeint comme une cellule de prison, une geôle (on pense au personnage de James Caan dans Misery et la contrainte qu'il subit pour écrire... produire... répondre au bon vouloir d'un tyran) avec 2 gardiennes de prison et le bras droit du directeur... Houseman qui vient régulièrement procéder à l'inspection de sa cellule (grise). Empêcher toute tentative d'évasion dans tous les sens du terme. Alors l'évasion se fera par la pensée, par la boisson, par la confidence... On est d'abord dans le carcéral, quasiment la prise d'otages puis lentement, par flashbacks successifs, le lieu s'oxygène à nouveau et devient celui de la mémoire, de la création. Plus Mank redevient lui-même, avec ses excès (emportements, alcool), plus son regard redevient acéré, plus son écriture redevient puissante. Sans contraintes. Il est pour finir libéré du fameux fil d'or à la patte de la parabole. De tous les fils d'or. Il exulte.

    Dans le même temps, on comprend que la confiance que lui témoignent son petit frère, les femmes autour de lui dans cette chambre forte (et Orson Welles dans une certaine mesure, malgré lui, malgré eux), l'amènent à retrouver foi dans ses capacités. Ce qui lui permettra d'assumer que ce qu'il a écrit est bien de lui et de personne d'autre. Il se sent alors autorisé à demander à Welles de laisser son nom au générique (Quel affront monumental !!!!). "C'est ce que j'ai écrit de meilleur" assène-t-il enfin, fier et prêt s'il le fallait à en découdre. C'est aussi son testament (comme c'est celui de Jack Fincher). Il vient de retrouver sa voie (sa voix dirait la jeune cantatrice dans Citizen Kane).

    Tout le film contribue à décortiquer ce mode d'emploi pour renaître de ses cendres, pour réveiller la petite musique de la confiance en soi... Et le plaisir, son corollaire. "All work and no play makes Mank a dull man." Revenir à l'histoire, rien que l'histoire. Respecter son travail. Lui témoigner l'importance qu'il mérite. Mais rester soi-même. Fidèle à ses convictions les plus profondes. C'est de cela que dépendra la force d'une vision. De ce qu'elle proposera, de ce qu'elle apportera au monde. Dont acte.

    Merci Mank. Merci Jack. Et merci David :)
    Dik ap Prale
    Dik ap Prale

    159 abonnés 2 770 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 mars 2021
    Herman Jacob Mankiewicz un homme bien selon ce portrait, mais qui abuse de la bouteille et fait tourner en rond les producteurs. En pleine préparation, si on peut le dire ainsi, de l'œuvre majeure d'Orson Wells, considérée d'un grand nombre du plus grand chef-d'œuvre cinématographique de tous les temps Citizen Kan, Mank ère dans son lit et se moque ouvertement des soutiens et des convenances des producteurs. David Fincher utilise les nouvelles plateformes de production et diffusion pour régler ses comptes, lui qui a difficilement œuvré dans sa carrière cinématographique pour imposer ses choix. Lui, le petit, puis le grand des advertising qui rattrape de justesse une trilogie, une franchise et signe les projets qu'il souhaite. Fincher fait du Fincher, libre comme l'air sur Netflix, et signe un très beau portrait d'un scénariste resté dans l'ombre et dont seul le nom reste.
    Frédéric M.
    Frédéric M.

    154 abonnés 1 725 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 28 février 2021
    Un très bon biopic servi par une belle photo, et une belle réalisation. Gary interprète admirablement ce scénariste sur une tranche intéressante de l'histoire du cinéma. A voir, mais pas le meilleur de Fincher.
    Herve B.
    Herve B.

    11 abonnés 60 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 avril 2022
    Du grand Fincher qui rend hommage à l'un des réalisateurs le plus doué dans son inventivité technique notamment. et un Gary Oldman qui tient là le rôle de sa vie. Bon pour l'Oscar !!
    Stone cold steve austin
    Stone cold steve austin

    11 abonnés 208 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 18 décembre 2020
    La petite déception ! Oui, David Fincher revient en 2020 après six ans sans faire de film. Il choisit donc la plateforme Netflix, nouvel Eldorado des réalisateurs pour s'octroyer la liberté artistique. Cette histoire, c'est celle de Mank (Herman J. Mankiewicz), un scénariste reconnu lors de l'Âge d'Or d'Hollywood, notamment célèbre pour avoir signé le scénario de Citizen Kane. Très vite durant son histoire, Fincher a recours aux flashbacks qu'il introduit de manière intelligente : ce sont des mises en abyme du travail de scénariste. L’histoire alterne donc entre spoiler: l’écriture de Citizen Kane et les déambulations de Mank dans les gros studios
    , dans le Hollywood des années 30. Il transpose le script à l'écran de son père, écrit trente ans plus tôt, mais cette histoire est trop longue par moments. On ressent que le scénario est gonflé artificiellement. C'est dommage car les relations entre Mank et son entourage sont la plupart du temps sous-développées, pour laisser place à des réalités historiques beaucoup plus anecdotiques. De plus, le personnage interprété par Gary Oldman, présenté comme une personnalité haute-en-couleur manque parfois de finesse et de folie. Pourtant, la direction d'acteur est très bonne, l'alchimie entre Gary Oldman et son personnage aurait pu fonctionner. La faute probablement au manque de subtilités dans le récit, ce qui donne une histoire plutôt plate, qui dégage peu d'émotions. On peine à rentrer dedans, à s'impliquer et comprendre ce que le réalisateur souhaite nous transmettre. Néanmoins Fincher est toujours irréprochable dans son esthétique et sa technique, le noir et blanc offre un véritable plus dans ce biopic. Les nuances de tons sont belles et les zones d'ombres travaillées, qui traduisent les états d'âme de Mank dans ses différentes phases de vie. Si l'histoire tient la route, on s'ennuie assez pour décrocher facilement, car les enjeux ne sont pas réellement traités avec importance. Une belle œuvre qui se repose trop sur son postulat de départ pour réellement transcender son spectateur.
    gerald b.
    gerald b.

    9 abonnés 124 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 décembre 2020
    Je n'ai pas réussi à aller au bout de "Citizen Kane" mais, promis, je vais m'y remettre sans tarder.
    Inutile donc d'avoir vu le film au cœur du film pour apprécier la dernière livraison de David Fincher.
    Le style suranné reprenant les codes du cinéma des années 40 fonctionne rapidement, si bien qu'on oublie qu'on regarde un film de 2020 et que c'est le créateur de Zodiac et Gone girl qui est aux commandes derrière la caméra, grâce à une mise en scène et un montage dynamique alternant présent et flashback.
    Du film se dégage une espèce de réalisme d'époque preuve d'une prouesse cinématographique. On plonge totalement au cœur de l'histoire, et c'est bien cela le cinéma !
    Dans l'histoire, il y a plusieurs niveaux : les coulisses d'un chef d’œuvre réputé du cinéma, les guerres de pouvoirs au sein du milieu hollywoodien, la vie tourmentée d'un créateur libre et sûr de son art.
    Seuls petits bémols: la musique parfois assourdissante, un flux de dialogues qui font mouche parfois à la limite du "too much" mais qui s'arrête à la limite et qui aurait pu verser dans le film trop bavard prenant le pas sur l'action et les personnages. Et puis enfin, selon moi Gary Oldman est bon mais pas non plus exceptionnel ici. Il est surtout servi par un grand cinéaste qui maîtrise son affaire.
    Certaines scènes sont inégales mais j'écris cette critique à chaud et j'aurai peut-être à revoir mon point de vue si je revois le film.
    Yves G.
    Yves G.

    1 309 abonnés 3 310 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 8 décembre 2020
    1940. Immobilisé par une jambe dans le plâtre, le scénariste Herman J. Mankiewicz est confié aux bons soins d'une secrétaire et d'une infirmière dans un ranch au milieu du désert californien. RKO lui donne carte blanche pour écrire le scénario que tournera un jeune réalisateur venu du théâtre et du cinéma, précédé d'une réputation de génie, Orson Welles. Ce sera "Citizen Kane".

    L'histoire a oublié Herman Mankiewicz. Le souvenir de son cadet, Joseph, le réalisateur de Eve et de Cléopâtre, a effacé sa mémoire. Pourtant il fut, dans les années trente, l'un des scénaristes les plus réputés d'Hollywood, signant pour la MGM les scénarios du "Magicien d'Oz" et de quelques uns des films des "Marx Brothers". Mais son fichu caractère, son alcoolisme chronique devaient l'éloigner du studio et de son tyrannique patron, Louis B. Mayer. En écrivant le scénario de American - ultérieurement rebaptisé "Citizen Kane" - il veut régler des comptes avec le magnat William Randolph Hearst, soutien de toujours de Mayer.

    Sur la base d'un vieux scénario écrit par son propre père, David Fincher se livre à un exercice virtuose. On n'en escomptait pas moins du réalisateur de "Seven", de "Fight Club" ou de "The Social Network", absent des écrans depuis six ans, dont le retour était impatiemment attendu. Il réalise un pastiche somptueux des films de l'époque dont il a repris le noir et blanc satiné et la construction en flashbacks - qui constitua une des innovations de "Citizen Kane".

    Que "Mank" ne soit pas sorti en salles, où il avait évidemment sa place, relance un vieux débat depuis "Roma" ou "The Irishman". Après Alfonso Cuarón, après Martin Scorsese, David Fincher a à son tour vendu son âme au diable Netflix. On l'excusera en avançant que, Covid oblige, "Mank" n'aurait pas pu sortir en salles - même si le lancement de sa production par Netflix est antérieure à la pandémie. On invoquera un argument autrement convaincant : les majors ont refusé de prendre le risque de produire ce scénario, seul Netflix acceptant d'en prendre le risque.

    Il y a fort à parier que dans une année bien pauvre en chefs d'œuvre, "Mank" se retrouve dans tous les palmarès. On voit mal comment l'Oscar du meilleur acteur pourrait échapper à Gary Oldman. Son rôle d'ivrogne philosophe n'est pas sans rappeler l'interprétation d'Albert Finney dans "Au-dessous du volcan". Idem pour l'Oscar des décors et des costumes tant l'âge d'or d'Hollywood est filmé avec une élégante magnificence.

    Pourtant, malgré toutes les raisons objectives d'encenser "Mank", j'avoue une certaine déception.
    Je ne suis pas rentré dans le film, comme déjà par le passé je n'étais pas rentré dans "The Social Network". La faute à des dialogues à la mitraillette dont je n'ai pas eu le temps, l'âge venant, d'en lire les sous-titres ? La faute à des références pas toujours compréhensibles à une période de l'histoire du cinéma dont les détails ne m'étaient pas familiers ?


    La faute aussi à une attente déçue. "Mank" nous est vendu - et c'est ainsi d'ailleurs que je l'ai présenté - comme l'histoire de la confection de "Citizen Kane". On y apprend in extremis le vol de paternité dont s'est rendu coupable Welles en s'attribuant un scénario écrit par le seul Mankiewicz et en partageant avec lui un Oscar qu'il n'aurait pas dû recevoir. Mais on ne voit rien de "Citizen Kane" ou de son tournage. On n'y évoque même pas ce qui en fit un événement dans l'histoire du cinéma et dont le mérite revenait bien à Orson Welles et à personne d'autre : le recours aux flashbacks, l'utilisation innovante de la caméra (profondeur de champ, contreplongées). Rien de tout cela n'est évoqué dans "Mank" qui s'arrête avant le premier tour de manivelle de "Citizen Kane".

    Finalement, après deux heures (dont il serait malhonnête de dire qu'elles sont trop longues), si on le débarrasse de tout ce qui l'encombre, "Mank" se révèle pour ce qu'il est : le portrait d'un homme piégé par le pacte faustien qu'il a passé avec Hollywood. C'est déjà beaucoup mais c'est trop peu par rapport aux attentes que ce film avait fait naître.
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