Un aller simple est l'adaptation du roman homonyme de Didier Van Cauwelaert, Prix Goncourt en 1994, paru aux Editions Albin Michel.
« Beaucoup de lieux communs, pas toujours faux d'ailleurs, circulent sur le rapport de forces opposant le metteur en scène censé s'approprier le sujet et l'auteur soupçonné de s'accrocher à ses virgules, comme si l'adaptation cinématographique consistait à vampiriser le texte ou à le recopier en voix off. Ce qui m'intéressait bien plus que ces combats d'ego, c'était de pousser mon réalisateur à aller jusqu'au bout de ses audaces et de ses obsessions, puisqu'elles étaient compatibles avec l'histoire, de l'aider à être pleinement lui-même afin de rendre évidentes les raisons pour lesquelles je l'avais choisi. »
En adaptant le récit autobiographique de Henri Alleg, Laurent Heynemann s'est interrogé dès son premier long métrage, La Question (1976), sur les problèmes liés à la transposition de l'écrit à l'écran. Il a ensuite poursuivi cette réflexion dans Les Mois d'avril sont meurtriers (1987, d'après l'Anglais Robin Cook) et La Vieille qui marchait dans la mer (1991, d'après Frédéric Dard). Intrigué par la schizophrénie du romancier Romain Gary (Emile Ajar), le cinéaste a relaté dans Faux et usage (1990) le jeu de dupes qui avait permis à l'écrivain de recevoir son second Prix Goncourt (pour La Vie devant soi).
Si Un aller simple est la première adaptation d'un de ses romans à l'écran, il ne s'agit pourtant pas des premiers pas de l'écrivain dans le monde du cinéma, puisqu'il avait auparavant réalisé un long métrage Les Amies de ma femme (1992) et signé les scénarios de Feu sur le candidat (Agnès Delarive, 1990) et de Triplex (Georges Lautner, 1991).
« Voici le défi que je m'étais lancé à l'écriture : faire un film d'aventures avec deux hommes et une fille où il n'y aurait pas un seul baiser sur la bouche. Je ne dis pas qu'il n'y a pas une certaine tension sentimentale ou que le sexe soit totalement absent du film, mais le but premier était de parler de l'existence d'une pure amitié, à la manière du cinéma classique américain, et notamment de Hawks. En cours d'écriture, j'ai souvent évoqué Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) avec Didier van Cauwelaert. »