Le film le plus long jamais vu... j'ai regardé jusqu'à la fin, parfois, il peut y avoir une action qui réveille.... mais là, non, c'est vraiment ennuyeux du début à la fin !!
Ceylan fait partie de ces cinéastes qui s'attardent sur des instants de vie: des noix sur un arbre, une forêt qui frissonne. Il existe toute sorte de cinéma, il existe celui-là. Proche de l'homme, pas des acteurs, de l'humain. Il raconte une histoire en transparence. Parce qu'avant tout, ils vivent. Ce monsieur, cette dame, cet enfant. Ils sont quelques cinéastes à le faire. C'est très beau
Ceylan film sa Turquie comme Tarkovski pourrait faire de même pour la nature. Nous suivons l'histoire d'un réalisateur qui retourne vers sa terre natale pour y faire un film. Un bel amour aussi pour la famille. C'est bucolique, les arbres, le vent, ce sont eux qui mènent le chemin de l'éveil. Les personnages eux, vivent mais comme endormi, surveiller, cocooner par l'environnement. Comme assommer par le temps qui chaque instant est à l'écoute.
Nuri Bilge Ceylan fait de Muzaffer son double, un cinéaste de retour dans son village pour y tourner un film avec ses parents qu'il veut convaincre d'être ses comédiens (les propres père et mère de Bilge Ceylan), lesquels, en villageois modestes, sont bien loins des préoccupations de Muzaffer. Pour autant, "Nuages de mai" n'est pas un film sur un film en train de se faire. Au contraire, cette étape est reléguée assez loin dans le récit. Alors, on peut considérer que Muzaffer est en repérage à travers une flânerie faite de souvenirs, de conversions anodines, de quelques rencontres avec la Turquie authentique, sa campagne lointaine et comme immuable. Dans ce film où il ne se passe rien, au sens d'une action mouvementée, d'évènements ou même de simples incidents, le cinéma de Bilge Ceylan séduit par ses langueurs, la vérité des lieux et des visages (en particulier celui du père du cinéaste, inquiet que l'Administration lui retire la jouissance de son terrain). C'est un cinéma traversé de plans poétiques et contemplatifs, de séquences philosophico-symboliques dont on peut dire qu'il charme plus qu'il n'intéresse, son scénario se réduisant à très peu de choses.
J'ai vu l'ensemble de la filmographie de nuri Bilge Ceylan et "nuages de mai" son deuxième film est avec son premier "kasaba" les deux moins reussis de sa filmographie et je dois dire, de loin. Certes" nuages de mai" renvoie à Kasaba dans son aspect autobiographique et le dépasse. "Nuages de mai" trouve ses meilleurs moments dans sa première partie et l'on retrouve certains thèmes qui seront développés dans ses films les plus réussis qui viendront plus tard. Je pense notamment à cette manière de présenter par petites touches un personnage qui dévoile peu à peu ses travers. La description de la vie quotidienne et ses petites histoires sur la vie ordinaire des gens. Il s'agit ici de l'arrivée dans son village d'origine, ou vivent ses parents, d'un homme installé à Istanbul qui souhaite tourner un film. Comme il n'a pas de moyens, il met sa famille à contribution. Totalement décalé par rapport à son entourage, dont il semble ne pas se préoccuper de leurs tracas, il est autocentré et ne se préoccupe que de ses prises de vues. Sans doute un peu un autoportrait acide de lui-même, Bilge Ceylan dans ses " nuages de mai" n'est pas encore arrivé à maturité. Il faudra attendre son prochain film "usak" ( qui peut se traduire par "loin" ou "éloigné ") pour qu'il arrive à maturité. Ici la seconde partie, connait des problèmes de rythme. Cinéma qui se rapproche de celui de Kiarostami, Nuri Bilge Ceylan est un réalisateur important qui obtint plus tard la palme d'or à Cannes avec "winter sleep". Pour le spectateur qui voudrait connaître ce réalisateur, je recommande "usak" son meilleur film selon moi. A mes yeux " nuages de mai" n'est pas encore représentatif du niveau de qualité artistique du réalisateur, bien que le film soie honorable.
Souvent comparé aux films de Kiarostami, Nuages de mai est empli de cette poésie naturaliste propre au cinéma iranien. Pas de résumé du scénario, car le film ne s'y prête pas mais se compose plutôt d'une succession de moments de vie dont l'ensemble révèle une grande richesse thématique et émotionnelle. Ou plutôt ceci: un homme, apprenti réalisateur, retourne dans la demeure familiale pour faire un film dont on suppose qu'il traite de l'enfance, de la structure familiale et du monde rural. La mise en abyme du film dans le film (procédé kiarostamien par excellence), laisse alors apparaître une réflexion sur l'art et le cinéma confrontés à la vie. Muzaffer, l'apprenti cinéaste, cherche à saisir la vie, les regards, les inflexions des visages et des corps de ses parents. Une approche nostalgique, mais également un travail de mémoire. Une magnifique séquence constituée de différents passages filmés de ses parents illustre superbement l'ambition de son travail. Mais voilà, alors que dans chaque plan, dans chaque seconde du film, la vie sourd de tous les personnages, dès que Muzaffer plante sa caméra, c'est le fiasco (à l'exception du personnage de l'enfant). Là où il échoue, Ceylan réussit donc brillamment. Il parvient à saisir l'unicité et le monde intérieur propre à chacun des personnages, obnubilés par des préoccupations personnelles qui constituent leur vie individuelle. Le projet du film dans le film, dont l'ambition est de saisir la vie, devient ni plus ni moins que l'un de ces multiples objectifs personels. Mais chacun de ces morceaux de vie s'intègre dans un même décors: la nature, superbement filmée par Ceylan, qui réalise également un formidable travail plastique. Il apparaît alors que la contemplation de cette nature, et des hommes intégrés au sein de cette nature, constitue un parfait moyen cinématographique et poétique de captation de la vie. Le dernier plan du film en est une magnifique illustration et nous éblouit encore, bien après avoir quitté la salle.
Un joli film, plein de finesse, à la fois réaliste et poétique, justement dédié à Tchekhov, techniquement réussi avec de très jolies scènes, une photo soignée, mais quelques longueurs. Le réalisateur y fait tourner ses propres parents, et ceux-ci s'y prêtent apparemment sans enthousiasme, ayant d'autres chats à fouetter, notamment le père, pathétique dans son combat perdu d'avance contre l'Administration. Autres personnages intéressants: le frère irréfléchi qui incarne l'incompréhension entre citadins et ruraux, et le craquant et réaliste petit neveu qui couve contre vents et marées l’œuf de la société de consommation...
Entre le fils Muzzaffer parti faire une carrière de cinéaste à Istanbul et son père Emin qu'il revient filmer au village pour faire de "l'authentique", le courant ne passe décidément pas. Loin du problème (réel) de son père de conserver les arbres de 50 ans qui sont l'essence de sa vie, Muzzaffer tente de faire réciter des répliques standards et sans doute "bankables" pour son documentaire bidon sur l'Anatolie. Ce personnage est d'autant plus une auto-critique de Bilge Ceylan que le rôle du père est joué par son propre père Emin Ceylan. Un film intéressant et dont le rythme lent et naturel - typique du cinéaste - convient très bien au propos.