Du scabreux au consternant
Laurent Lafitte – from the French Comedy ¬, a littéralement écumé les écrans durant des années. Et là, depuis 2018, plus rien. Il nous revient avec, pour la 1ère fois, la triple casquette de acteur/scénariste/acteur. Peut-être un peu lourd car le résultat de ces 98 minutes tragi-comiques ne sont pas à la hauteur des ambitions. Jean-Louis réalise en rentrant chez lui que son cœur s'est arrêté. Plus un seul battement dans sa poitrine, aucun pouls, rien. Pourtant, il est conscient, il parle, se déplace. Est-il encore vivant ? Est-il déjà mort ? Ni son ami vétérinaire Michel, ni sa femme Valérie ne trouvent d'explication à cet étrange phénomène. Alors que Jean-Louis panique, Valérie se tourne vers Margaux, sa coach de vie, un peu gourou, pas tout à fait marabout, mais très connectée aux forces occultes. Et elle a une solution qui va mettre Jean-Louis face au tabou ultime... Même inspiré par la pièce à succès de Sébastien Thierry, le film ne tient pas la distance, ce qui est, hélas, prévisible quand le scénario est basé sur le tabou ultime. Une vraie déception.
Pourtant, Lafitte a coché toutes les cases pour donner de la profondeur à ses personnages. Un seul exemple avec l’appartement du héros qui se veut celui d’un homme arrivé par lui-même et qui s’entoure de tous les objets qu’il « faut » avoir pour montrer sa réussite : la lampe design à la mode, le tapis berbère, le canapé Caravane, la montre Cartier, les bougies Diptyque… Sa femme consulte régulièrement une holistic life coach à 500 euros la séance. Bref, on sent les clichés. Et le gros problème du film vient de là : on y aligne beaucoup d’idées reçues. Pourtant, on maniait ici un sujet pour le moins original et scabreux. Hélas, ça ne suffit pas à réussir cette comédie qui se voudrait iconoclaste et qui vire trop vite au film à sketches. Certains sont très drôles, mais la plupart tombe à plat. Réaliser un drame qui fasse rire est louable en soi, mais c’est raté dans les grandes largeurs. Sans doute attendais-je trop de ce 1er film, d’où ma désillusion.
Côté casting, rien à dire. C’est du bon et du lourd. Laurent Lafitte, égal à lui-même, est plausible. Par contre, et ça me gêne de l’écrire, j’ai trouvé que Karin Viard et Vincent Macaigne en faisaient beaucoup, voire trop. Hélène Vincent et Nicole Garcia sont assez irrésistibles. Bref, Lafitte le dit, il voulait un peu « déviant », mais n’a réussi qu’un film plutôt « dévié » de son objectif initial. Bon, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Il y a ici de bons moments de comédie, une réalisation soignée, - qui sait échapper au piège du théâtre filmé -, des dialogues bien écrits et des comédiens de qualité. La forme est là, le fond, nettement moins. Sa sélection pour le Festival de Cannes 2020 reste pour moi une énigme. Un film évitable.