Un film fort, sur le sujet de l'avortement, tiré d'un livre autobiographique d'Annie Ernaux. Ce long métrage a gagné le Lion d'Or à Venise, et on comprend pourquoi. Sur le fond et la forme, ce n'est clairement pas un grand film, mais c'est un film solide.
Esthétiquement, il fait un peu trop artificiel et sert avant tout son propos, même si de temps en temps on sent un regard de cinéaste. Quant au scénario, il n'approfondit pas ses personnages, c'est avant tout un film à thèse pourrait-on dire, qui décrit les affres et l'hypocrisie qui entourent l'interruption de grossesse dans les années 1960.
Mais sa grande force, c'est le traitement de ce sujet. Un traitement à la fois très réaliste, mais pudique, avec un côté très immersif. Impossible de ne pas ressentir de l'empathie pour l'héroïne, et pour un homme, de mieux comprendre les enjeux liés à ce sujet, et le progrès qui a été fait en France, notamment par l'action courageuse de Simone Veil, depuis ces années qui paraissent bien sombres en la matière... Et si les personnages sont un peu schématiques, leur écriture sonne juste, le point de vue adopté par la réalisatrice étant le plus neutre possible, s'abstenant de les juger et s'en tenant aux faits.
Un sujet fort, un traitement adéquat, voilà sans doute ce qui a conquis le jury de la Mostra de Venise. De mon côté, je dois dire que j'ai été également touché et convaincu. C'est un film qui comporte encore quelques maladresses, mais qui dispose de grandes et belles qualités.