Parents d'élèves est réalisé par Noémie Saglio, à qui l'on doit les séries Connasse (ainsi que le long-métrage) et Plan coeur mais aussi les films Toute première fois et Telle mère, telle fille. Dans cette nouvelle comédie, la cinéaste s'intéresse encore à des personnages anticonformistes. Elle explique :
"C’est indissociable du fait que j’ai besoin de rendre mes personnages attachants. Ils sont souvent compliqués, empêtrés dans un malaise, dans un méli-mélo de faux-semblants ou de questionnements intérieurs intenses, mais j’essaie toujours de les rendre sympathiques. Dans Parents d'élèves, je souhaitais faire de Vincent un type génial, mais qui se pose tellement de questions qu’il est à l’arrêt. J’avais envie de suggérer qu’il est partisan de la décroissance, qu’il a peur de rentrer dans le système et qu’il y a donc peu de métiers qu’il peut exercer. On le ressent à travers sa manière de s’habiller, par exemple, et dans son rapport aux animaux. Vincent a le souci de ne pas faire de mal à la planète et à la société."
Le scénario de Parents d'élèves a été écrit par la productrice du film, Alice Girard, et par Marinette Lévy et Mathias Gavarry, qui ont cherché à faire en sorte que Vincent (Vincent Dedienne) ne fasse trop ado attardé (un type de personnage très répandu au cinéma). "Nous avons voulu conserver un aspect un peu immature, sans pour autant qu’à la fin, il trouve un job et s’épanouisse dans une nouvelle vie. Je souhaitais un switch plus fin, et j’aimais l’idée que cette fausse paternité, née de son désir de séduire la maîtresse, fasse émerger une force en lui et le mette en mouvement de manière délicat", confie Noémie Saglio.
La question de la famille est récurrente dans les comédies de Noémie Saglio. Dans Parents d'élèves, il est question de famille monoparentale, de PMA, de couple homoparental, etc. "J’aime l’idée que l’on peut choisir sa famille. J’ai neuf frères et sœurs, un beau-père que j’adore autant que mon père ; mon beau-père et mon père, comme ma mère et mon père s’entendent très bien ; bref, je suis issue d’une famille à la géométrie assez complexe. Pour moi, l’amour n’a pas de sang. Les liens fami-liaux peuvent s’inventer par choix. C’est ce qui arrive entre Vincent et Bart dans le film. Beaucoup des sujets évoqués dans Parents d'élèves sont complexes et épineux, mais l’idée que je voulais faire passer est que l’on peut choisir sa vie et l’assumer, et que l’on peut transcender les liens du sang et aimer quelqu’un comme un membre de sa famille. Assumer sa différence et sa singularité est capital pour moi", précise la réalisatrice.
Noémie Saglio avait déjà dirigé des enfants dans ses courts métrages. Pour Parents d'élèves, elle été aidée par la directrice de casting, Adélaïde Mauvernay. La cinéaste a fait faire des impros aux enfants, en présence de leurs parents, sur la base de situations de la vie quotidienne. Elle observait leur façon de bouger et leur aisance dans l’exercice. Noémie Saglio se rappelle :
"Puis, j’ai passé beaucoup de temps avec le petit garçon qui joue Bart. Sur le tournage, nous tournions à deux caméras pour attraper des petits moments. Amour, la coach, m’a vraiment aidée à tirer le meilleur de chaque enfant. Cette femme a été d’une aide très précieuse pour trouver la justesse dans leur jeu. Je me suis beaucoup appuyée sur elle, d’autant plus qu’il y avait vingt enfants et vingt adultes à diriger sur ce tournage, et que nous avons tourné pendant la canicule de juillet 2019 ! Avec chaque enfant, nous avons travaillé la façon de marcher et les problèmes de leurs personnages."
Côté bande originale, Noémie Saglio a travaillé avec les Low (Alexandre Lier, Nicolas Weil et Sylvain Ohrel), qui sont des amis d’enfance. La cinéaste leur a dit : "Je veux qu’Angèle rencontre la love story !" Elle confie : "Comme l’image, je voulais que la musique soit brillante et pop, et les Low ont assuré."
Parents d'élèves se déroule dans le 12ème arrondissement de Paris. Noémie Saglio voulait que le spectateur sente une vie de quartier dans le film. Dans cette optique, elle a choisi des décors très regroupés dans l’espace – ce qui a grandement facilité le tournage. Elle se souvient : "Nous voulions que ces décors ressemblent à ceux d’une grande ville, mais pas à Paris, et nous les avons trouvés dans le 12e arrondissement parisien. Quant à la passerelle, elle est symboliquement reliée au passage à l’âge adulte et au petit côté « coming of age » du film, que l’on trouve dans tout mon travail, car je crois fort qu’on peut grandir à tout âge."
Noémie Saglio voulait que le personnage de l'institutrice soit femme un peu rock, qui ait des aspérités et qui soit drôle. Dans cette optique, elle a choisi Camélia Jordana, très connue comme chanteuse, mais qui a été révélée comme comédienne via Le Brio avec Daniel Auteuil. "Et l’on pourrait tout à fait imaginer un pont entre ces deux personnages, comme si l’étudiante était devenue enseignante... Pourquoi Camélia dans Parents d'élèves ? Parce que je ne supporte plus ces personnages féminins doux, mignons, effacés, comme on en voit trop souvent dans la comédie romantique. C'est pourquoi on n’a pas effacé les tatouages de Camélia. Cette maîtresse a une vraie personnalité. Camélia a du coffre, un regard très fort, une puissance en elle, un franc-parler qui transparaissent dans le rôle et que je trouve très justes. J’aimais aussi sa silhouette plantureuse et sensuelle, éloignée des stéréotypes de filles filiformes", explique la cinéaste, en poursuivant au sujet du choix Vincent Dedienne :
"Je ne voulais pas non plus un comédien au physique de mannequin Instagram, surtout pas. La comédie romantique, pour moi, doit aussi être représentative de la vie ordinaire. Vincent, outre le fait qu’il est un excellent acteur, a aussi un capital sympathie très fort. Il est immédiatement attachant."