C'est quand on voit un film comme Full Metal Jacket dans la filmographie du grand maître Kubrik qu'on se rend compte de la complétivité incroyable de celle-ci en même temps que ses contradictions et ses divergences, surtout à partir de son chef d'oeuvre qui restera aussi dans les annales comme un des films les plus controversés de l'histoire du cinéma, Orange Mécanique, qui avec un regard général sur le travail de Kubrik peut maintenant être considéré comme une sorte de synthèse de tous les souvent très différents thèmes et idées chers au réalisateurs déjà exploitées ou qu'il exploitera plus tard : Une vision futuriste visionnaire, qu'il avait totalement déployé dans 2001, L'odyssée de L'Espace, même s'il est clair qu'il est presque question de l'antithèse d'Orange Mécanique, des pointes satiriques (la scène d'orgie tournée en accélérée), un chemin comique qu'il avait littéralement (oui, j'ai bien dit littéralement) fait explosé dans sa première oeuvre réellement reconnue, Docteur Folamour, et voilà qu'en 1980, presque dix and après Orange Mécanique, le grand stanley dirige une oeuvre entière sur le grand thème de la deuxième partie de son chef d'oeuvre : la déshumanisation de l'homme, non pas par une société expèditive dans l'éradication du mal chez l'être humain comme dans Orange Mécanique, mais parmais par les méthodes lobotomisantes de l'armée américaine pour préparer leurs hommes dans le contexte de la guerre du viet-nam. Comme le veut le destin ou tout simplement l'envie de continuation du cinéaste, on peut découper le film en deux parties distinctes comme Orange Mécanique (et même comme Barry Lyndon avec lequel le concept des deux parties est très utile pour décrire la descente aux enfers du personnage principal) ; mais, cette fois par les caprices du destin et par une logique un peu moins bonne, c'est juste une fois une heure passée grandiose d'une verve incroyable, autant au niveau des dialogues qu'au niveau des acteurs, étrange coincidence que cela arrive juste quand la durée vers le début de la deuxième partie d'Orange Mécanique, qui était ici encore meilleure que la première, est franchi, le film... S'essoufle. Non pas que le générique de fin défile déjà devant les yeux du spectateur, mais que, cet c'est bien ce qui fait de Full Metal Jacket le moins bon Kubrick que j'ai pu voir jusqu'à présent (mieux vaut vous rappeler que je n'ai pas encore vu Fear and desire). Le rythme et l'intérêt subissent malheureusement une chute impartiale au niveau des personnages (et c'est un point qui descend clairement en flèche à cause du choix d'orientation du scénario à la fin de la première partie (dont je reparle plus tard)) et des dialogues (qui garde un ton cynique mais un certain cachet d'écriture est perdu), le dialogue étant pourtant unes des rares actions qui ne se passent vraiment durant ces trentes/allongeons vingt minutes, qui ne restent pas irregardables pour un sou, Kubrik n'abandonnant pas son perfectionnement au niveau de la composition des plans et de la beauté plastique du film (une qualité qui connaît son apogée dans Barry Lyndon (comme quoi je me sens obligé de venir sur d'autres oeuvres du réalisateur pour prouver ma théorie énoncée au début de cette critique...)), le problème est tout de même clair : le cinéaste nous emmène un peu trop brutalement au Viet-nam (Voyage Au Bout De L'enfer avait cette même sorte de transition violente mais arrivait à beaucoup mieux la gérer), après la scène la plus marquante du film et la perte de deux personnages qui amélioraient grandement la réflexion anti-militarisme du film. Heureusement, le grand génie se rattrape en beauté (et en quelle belle beauté !) là où on l'attendait le moins et arrive à brillament soutenir le choc moral la descente aux enfers du film qu'avait excellement préparé Kubrik dans une première heure qui avait tout d'un début de grand chef d'oeuvre avant de l'arrêter subitement à son apogée, ces dix dernières minutes lançant ainsi une nouvelle apogée dans la réflexion du film dans une mise en scène intimiste entre les personnages qui transcende tout le reste du film avec de plus un plan final de génie qui clôture avec la grâce supprême que l'on reconnaît dans les meilleurs moments des meilleurs Kubrik (réussissant comme Docteur Folamour avec son final grandiose d'ironie et de sarcasmes), et qui laissent au final une excellente impression à cette odyssée qui connaît malheureusement quelque, ou plutôt une coupe de rythme péjorativement surprenante. Tout ça qui porte à croire que sans ces 20 minutes au milieu du film, ce Full Metal Jacket aurait pu clairement être une des plus grandes merveilles du septième art offertes par Stanley Kubrik... Mais ce n'est pas le cas. Conclusion : Si le tout reste un brillant et un parfait exemple du traumatisme cinématographique, départager 2001 et Orange Mécanique sera toujours impossible, même si la filmographie de Stanley Kubrik me réserve encore pleins de surprises... (version longue dans les commentaires)